Question de M. CHEVÈNEMENT Jean-Pierre (Territoire de Belfort - RDSE) publiée le 10/12/2009

M. Jean-Pierre Chevènement attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale sur la suppression envisagée de l'histoire et la géographie en tant que matières obligatoires en terminale scientifique.

Une circulaire du ministère de l'éducation nationale serait en préparation. Elle prévoirait la suppression de cette discipline en tant que matière obligatoire en terminale scientifique.
Cette décision interviendrait au moment où le Gouvernement organise un débat sur l'identité nationale et où le Président de la République a annoncé la création prochaine d'un musée de l'histoire de France.
Fernand Braudel, dans son livre "Identité de la France", soulignait après Ernest Renan combien le sentiment national se définissait à partir de l'histoire et des souvenirs partagés. Braudel évoquait aussi les paysages de la France. Dans la formation du citoyen, l'histoire et la géographie ont un rôle fondamental. La compréhension du monde contemporain, des rapports de force entre les nations, de la nature des crises économiques ou géopolitiques implique la maîtrise de ces disciplines.
De plus les grandes écoles comme Polytechnique et ses écoles d'application, l'École des Mines, des Ponts et Chaussées ainsi que les écoles de commerce et de gestion telles HEC et Sup de Co mettent l'accent sur l'évolution du monde contemporain à la demande même des entreprises, de plus en plus engagées dans un processus d'internationalisation de leurs activités. La connaissance des fondements historiques, géographiques et culturels des sociétés est de plus en plus indispensable.
Le choix de rendre optionnelles ces matières équivaudrait à leur suppression pure et simple pour la moitié des lycéens de notre pays. Il manquerait un élément essentiel à la formation de l'esprit des élèves de terminale scientifique. Ce n'est pas en dévalorisant la terminale S qu'on « démocratisera » le lycée. On fera simplement des citoyens de seconde zone.
Il lui demande de revoir le cas échéant la teneur de cette circulaire pour faire de l'histoire et de la géographie des matières obligatoires en terminale S.

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale publiée le 29/04/2010

Le Président de la République a présenté le 13 octobre dernier les ambitions de la réforme du lycée qui entrera en vigueur à partir de la rentrée 2010. Cette réforme prévoit deux innovations majeures : un accompagnement personnalisé de 2 heures pour tous les élèves de la seconde à la terminale et une orientation plus progressive et réversible qui permet des corrections de trajectoire. La mise en place de ces innovations impliquait d'ajuster les horaires et les programmes des différentes matières. Pour atteindre ces objectifs, le ministre de l'éducation nationale a proposé que la spécialisation intervienne plus progressivement, afin de permettre, encore en classe de première, des changements de parcours pour les élèves qui se seraient trompés dans leur choix en fin de seconde et qui exprimeraient le souhait de changer de série. Cela suppose une évolution de l'organisation pédagogique du lycée. La classe de seconde sera ainsi réaffirmée dans sa vocation de classe de détermination. Elle sera essentiellement consacrée aux enseignements généraux, tout en permettant d'explorer deux disciplines ou champs disciplinaires nouveaux, contre un seul aujourd'hui. La vocation des enseignements d'exploration est de mieux éclairer les choix d'orientation vers les différentes voies ou séries offertes à partir de la classe de première. La classe de première, tout en amorçant un début de spécialisation, sera bâtie sur un tronc commun d'enseignements généraux. L'objectif est clair : permettre aux élèves qui souhaitent changer de série d'avoir uniquement à rattraper les enseignements spécifiques de la série vers laquelle ils se réorientent. Or, aujourd'hui, les élèves de 1re S suivent 2 h 30 de cours d'histoire-géographie par semaine, alors que les élèves de 1re ES et de L suivent 4 heures de cours. Les programmes et les horaires sont différents. Avec la réforme, les élèves de 1re suivront tous 4 heures d'histoire-géographie par semaine, et les programmes seront identiques. Ainsi, l'histoire-géographie fera désormais partie des disciplines fondamentales communes à tous les élèves des premières générales. L'intégration de l'histoire-géographie dans le tronc commun consacre en réalité cette discipline comme un pilier de notre système éducatif, reconnaissant en cela sa contribution essentielle à la transmission d'une culture humaniste. En classe terminale, les élèves des séries ES et L bénéficieront dorénavant d'un enseignement renouvelé d'histoire-géographie, pour leur permettre de découvrir et d'acquérir les méthodes et les outils qui leur seront utiles dans l'enseignement supérieur. Enfin, une option facultative de 2 heures en histoire-géographie sera proposée en terminale S aux élèves qui, par goût ou projet d'orientation, souhaiteront poursuivre cet enseignement au-delà de la classe de première.

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