Question de M. SIGNÉ René-Pierre (Nièvre - SOC) publiée le 10/02/2010

Question posée en séance publique le 09/02/2010

Concerne le thème : L'hôpital

M. René-Pierre Signé. Madame la ministre, la production de soins, mais aussi de bien-être, dont la demande ne cesse chaque jour de croître, voit son offre, déjà disparate, se réduire, et la suppression envisagée des blocs chirurgicaux des petits hôpitaux et des maternités alimente cette tendance.

Tout service de chirurgie, sans disposer de plateaux techniques de très haut niveau, peut pratiquer, et non pas seulement pour les petites urgences, une chirurgie simple et néanmoins salvatrice. Médecine et chirurgie étant complémentaires, comment pourrons-nous adjoindre aux hôpitaux privés de services chirurgicaux des services médicaux pourtant largement renforcés par le système de télétransmission du centre expert, qui conforte le diagnostic et apporte ses conseils ?

La dispersion en large pointillé de ces hôpitaux de notoriété trop modeste, pratiquant des interventions urgentes dans lesquelles les minutes comptent – hernie étranglée, grossesse extra-utérine, rupture de rate, perforation de l'estomac... –, allonge le temps de transport. On en mesure le risque ! Pour le moins, un relais médicalisé est indispensable pour apporter une aide aux services d'aide médicale urgente, les SAMU, dont les périmètres d'action sont limités.

Supprimer les hôpitaux dits de proximité touche aussi au confort et à l'affect. Imaginez, madame la ministre, le désarroi d'un vieillard tiré de son lit chaud pour être conduit dans un centre hospitalier lointain, submergé d'urgences, pour une rétention d'urine ou une épistaxis, et patientant des heures dans un couloir glacial, allongé sur un brancard. C'est un recul sur le plan médical ; c'est une cruauté sur le plan humain !

Mme Roselyne Bachelot-Narquin, ministre. Jamais on n'a fait cela !

M. René-Pierre Signé. Le projet de création de grands pôles hospitaliers régionaux déshumanise la médecine. Inutile de surcharger ces structures de toutes les pathologies ! Que devient la relation affective entre les soignants et les malades, évidemment réduite dans l'anonymat des chambres multiples, le long de couloirs où patientent les urgences ?

Des dépenses élevées ont été évoquées. Nous n'avons jamais eu, en France, une politique à long terme de l'offre médicale ; le parcours des malades n'a pas été organisé vers et depuis l'accès primaire au médecin généraliste, qui aurait dû être formé en ce sens ; en détournant les étudiants de cette fonction, on accroît ipso facto le recours au spécialiste dont le rôle devrait rester celui de consultant. C'est absurde et tout le monde y perd, y compris les organismes payeurs dont le déficit est accentué par un activisme inutile, voire parfois nocif. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC-SPG.)


Réponse du Ministère de la santé et des sports publiée le 10/02/2010

Réponse apportée en séance publique le 09/02/2010

Mme Roselyne Bachelot-Narquin, ministre. Monsieur le sénateur, je vous ai connu plus inspiré ! (Exclamations sur les travées du groupe socialiste.) Vous venez effectivement d'énoncer un certain nombre de contre-vérités.

Tout d'abord, sur la question relative à l'attractivité de la médecine générale, je souligne qu'en trois ans le taux d'étudiants ayant choisi la médecine générale est passé de 37 % à 49 %. Je vous rassure donc sur ce sujet et vous invite à vérifier vos chiffres avant d'intervenir.

M. Christian Cointat. Bravo !

Mme Roselyne Bachelot-Narquin, ministre. Par ailleurs, je tiens à l'hôpital de proximité, élément tout à fait structurant de notre système de soins.

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Vous n'arrêtez pas d'en fermer !

Mme Roselyne Bachelot-Narquin, ministre. Mais l'hôpital de proximité ne peut pas tout faire ! Il faut donc raisonner à travers un système de gradation des soins et, dans ce cadre, l'hôpital de proximité se verra bien entendu confier les urgences, les soins courants, les soins post-aigus et la gériatrie.

M. René-Pierre Signé. Ces services sont supprimés !

Mme Roselyne Bachelot-Narquin, ministre. Monsieur Signé, jamais un vieillard souffrant d'une épistaxis ne sera transporté dans un hôpital de recours ! C'est une contre-vérité !

Au contraire, il s'agit de conforter le rôle de l'hôpital de proximité en assurant la qualité et la sécurité des soins. Ainsi, alors que 80 % de nos concitoyens habitent actuellement à moins de vingt minutes d'un service d'urgences, j'ai pris l'engagement que ce taux serait porté à 90 %.

L'hôpital de proximité est donc recentré sur ses missions. Par exemple, quand une maternité est fermée parce qu'elle n'assure pas la sécurité et la qualité des soins, et qu'elle ne réalise pas suffisamment d'actes, elle est remplacée par un centre périnatal de proximité. (Protestations sur les travées du groupe socialiste.)

Prenons le cas d'un service de chirurgie, également fermé parce qu'il ne permet pas d'assurer la sécurité et la qualité des soins. Franchement, monsieur le sénateur, où préférez-vous être opéré si vous avez un problème : dans un service de proximité ou dans l'hôpital qui assure une véritable sécurité et qualité des soins et où le taux de mortalité est quatre fois moins élevé ? (Nouvelles protestations sur les mêmes travées.) Ce sont les gens qui ont décidé, ils ont voté avec leurs pieds !

Pourquoi voulez-vous assigner un certain nombre de malades à résidence et leur imposer des soins de mauvaise qualité ? Je peux vous dire très exactement dans quels hôpitaux se rendent les personnes bien informées et qui ont des moyens !

Mesdames, messieurs les sénateurs, l'hôpital de proximité a un rôle majeur à jouer ! Je n'en ai jamais fermé aucun, mais j'ai cherché à transformer ces structures pour améliorer la sécurité et la qualité des soins. (Bravo ! et applaudissements sur les travées de l'UMP. – Protestations sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC-SPG.)

Mme la présidente. La parole est à M. René-Pierre Signé, pour la réplique.

M. René-Pierre Signé. Mme la ministre ne supprimerait aucun hôpital de proximité… Pour ma part, j'ai entendu dire que 185 hôpitaux de proximité effectuant moins de 1 500 actes par an seraient fermés. Or, sans hôpital de proximité, où seront soignées les épistaxis ?

Mme Roselyne Bachelot-Narquin, ministre. Vous confondez services et hôpitaux !

M. René-Pierre Signé. Je ne confonds rien du tout ! C'est ce que je constate dans mon département !

Des changements complets sont opérés actuellement. D'ailleurs, le concours d'entrée aux études médicales est devenu un concours de grande école ! On encourage les jeunes à poursuivre leurs études vers des spécialités et vers la recherche et, ainsi orientés, ces praticiens et praticiennes – 70 % des étudiants sont des femmes – ont peu de tropisme pour la médecine rurale.

Mme Roselyne Bachelot-Narquin, ministre. Ne critiquez pas les femmes ! (Sourires.)

M. René-Pierre Signé. Qu'on ne s'étonne pas ensuite de l'existence de déserts médicaux dans les départements ruraux, qui entraîne une insécurité sanitaire faisant fuir les retraités et contribuant à la dépopulation de ces territoires ! (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC-SPG.)

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