Question de M. VOGUET Jean-François (Val-de-Marne - CRC-SPG) publiée le 19/02/2010

Question posée en séance publique le 18/02/2010

M. Jean-François Voguet. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'éducation nationale.

Monsieur le ministre, les agressions d'élèves survenues dans l'académie de Créteil suscitent de vives émotions, des craintes et de la colère. Nous partageons ces sentiments.

De tels actes sont révélateurs d'une situation qui se dégrade et dont vous êtes totalement responsable. (Protestations sur les travées de l'UMP.).

M. Guy Fischer. C'est la vérité !

M. Jean-François Voguet. Il y a moins de surveillants, d'infirmières, de médecins, d'assistantes sociales, d'enseignants. Votre politique, c'est de faire toujours moins pour l'école.

M. Jean-Louis Carrère. Pour l'école publique !

M. Jean-François Voguet. Ce n'est pas en transformant nos écoles en sanctuaires que vous réglerez les problèmes.

C'est votre politique éducative qu'il faut changer. Elle est fondée sur la ségrégation sociale et territoriale ; son moteur est la sélection par l'échec qui écrème et met de côté.

L'échec scolaire infligé à des centaines de milliers d'enfants et de jeunes est d'une telle brutalité qu'il les affecte durablement, les fragilise, les déstabilise, brise leurs rêves et leur avenir.

Il n'existe pourtant pas de gène du retard et de l'échec scolaire. Tous pourraient réussir leur parcours éducatif.

En fait, c'est toute votre politique marquée du sceau de l'injustice sociale qui est à la racine de la violence qui ronge notre société, nos établissements scolaires, notre jeunesse, nos villes et nos quartiers où la souffrance sociale s'est installée.

C'est elle qui engendre l'exclusion et la colère. Elle est à l'origine de toutes les pertes de valeurs et de toutes les dérives. Elle ouvre la porte à toutes les violences.

Vos politiques sécuritaires n'y changent rien : depuis huit ans, vous ne cessez de renforcer la surveillance, les contrôles, les arrestations, les sanctions, et pourtant, la violence se développe partout.

Aussi, il est urgent de reconnaître votre échec. Faites face à vos responsabilités et arrêtez de tourner en dérision les revendications qui montent.

Nul ne réclame un surveillant par élève, mais toute la communauté éducative, comprenant les parents, les enseignants et les élèves, vous demande d'assurer la présence d'adultes en plus grand nombre dans les établissements scolaires.

M. Guy Fischer. C'est nécessaire !

M. Jean-François Voguet. Allez-vous enfin l'écouter et l'entendre et, en particulier, mettre fin aux suppressions de postes ?

Monsieur le ministre, vous devriez méditer cette phrase de Victor Hugo : « Ouvrez une école, vous fermerez une prison ». (Plusieurs sénateurs de l'UMP s'esclaffent.)

M. le président. Veuillez poser votre question, mon cher collègue !

M. Jean-François Voguet. Plutôt que d'organiser les états généraux de la sécurité à l'école, ne serait-il pas temps d'organiser un Grenelle de l'éducation pour mettre en œuvre une vraie réforme, qui place au cœur de ses enjeux la réussite scolaire de tous les élèves ? (Protestations sur les travées de l'UMP.)

Cela devient urgent ! C'est pourquoi nous vous demandons avec force de faire de l'éducation une vraie priorité nationale. (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe CRC-SPG et du groupe socialiste.)


Réponse du Ministère de l'éducation nationale publiée le 19/02/2010

Réponse apportée en séance publique le 18/02/2010

M. le président. Je salue la présence de M. le Premier ministre dans l'hémicycle.

La parole est à M. le ministre. (Bravo ! et applaudissements sur les travées de l'UMP.)

M. Luc Chatel, ministre de l'éducation nationale, porte-parole du Gouvernement. Monsieur le sénateur, ce qui s'est passé cette semaine au lycée Guillaume-Apollinaire de Thiais est inacceptable, intolérable. (Mme Nicole Borvo Cohen-Seat s'exclame.) Une bande armée y a fait intrusion pour y mener un règlement de comptes et la rixe s'est poursuivie dans un gymnase municipal.

Face à ces incidents, la mobilisation du Gouvernement est totale, et je rends hommage à toute la communauté éducative, qui fait front pour lutter contre la violence à l'école. Quand un lycéen est agressé, c'est l'ensemble de l'institution scolaire qui est attaquée.

Nous entendons répondre à cette situation de deux manières.

Premièrement, nous avons pris des mesures d'urgence en décidant d'accélérer la mise en œuvre du plan de sécurisation des établissements scolaires.

Avant la fin de cette année scolaire, l'ensemble des collèges et des lycées bénéficieront d'un diagnostic de sécurité permettant des préconisations adaptées à la situation de chaque établissement.

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Ah !

M. Luc Chatel, ministre. Des équipes mobiles de sécurité ont été installées dans l'académie de Créteil, pionnière en la matière. Avant la fin du mois de mars, l'ensemble des académies en seront également pourvues.

En outre, un référent gendarmerie et police est présent dans chaque lycée ou collège. (M. Jean-Louis Carrère s'exclame.)

Mme Jacqueline Chevé. Sécuritaire !

M. Luc Chatel, ministre. Par ailleurs, afin de tenir compte de la situation particulière du lycée Adolphe-Chérioux, qui est ouvert à tous les vents, j'ai soumis un certain nombre de propositions aux enseignants pour améliorer l'encadrement dans cet établissement.

Deuxièmement, nous apportons une réponse de moyen terme. Je souhaite réunir au mois d'avril l'ensemble des acteurs qui travaillent depuis longtemps sur les questions de sécurité à l'école.

M. Jean-Louis Carrère. Ce sera trop tard !

M. Luc Chatel, ministre. Monsieur le sénateur, ce problème n'est ni nouveau ni exclusivement français. J'ai appris qu'une agression terrible a eu lieu aujourd'hui dans un établissement scolaire allemand.

Il est temps que l'ensemble des acteurs de l'éducation nationale, mais aussi la police, la justice, les associations de lutte contre la délinquance, les psychologues et les sociologues travaillent ensemble dans la même direction. Je considère qu'il n'y a pas de fatalité en matière de délinquance à l'école et qu'il faut lutter contre elle.

Vous le voyez, monsieur le sénateur, le Gouvernement a décrété la mobilisation générale pour faire face à l'insécurité à l'école. (Applaudissements sur les travées de l'UMP.)

M. Jacques Mahéas. En supprimant des postes !

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