Question de M. de MONTESQUIOU Aymeri (Gers - RDSE) publiée le 04/03/2010

M. Aymeri de Montesquiou interroge M. le ministre d'État, ministre de l'écologie, de l'énergie, du développement durable et de la mer, en charge des technologies vertes et des négociations sur le climat, sur les travaux de mise à 2x2 voies des huit kilomètres de la route nationale RN 124 entre Auch et Aubiet.

Ces travaux ayant commencé il y a quelques mois, ils ne devraient être finis qu'en octobre 2012, soit dans deux ans et demi. Il s'insurge contre la lenteur catastrophique de ces travaux pour le développement économique du Gers, toujours enclavé. À ce rythme, Auch pourra espérer être reliée par une 2x2 voies à Toulouse vers 2032 ! L'enquête préalable et légitime sur la présence éventuelle d'espèces protégées ne dure que quelques mois.

Il lui demande donc de lui exposer les raisons de ce délai inadmissible et les mesures qu'il entend prendre pour accélérer l'achèvement des travaux.

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Réponse du Secrétariat d'État chargé de l'écologie publiée le 05/05/2010

Réponse apportée en séance publique le 04/05/2010

M. Aymeri de Montesquiou. Madame la secrétaire d'État, une fois de plus, ma question porte sur les travaux de mise à « deux fois deux voies » de la route nationale 124 entre Auch et Toulouse, et plus précisément, aujourd'hui, sur les huit kilomètres entre Auch et Aubiet.

Le désenclavement gersois est une sorte de supplice de Tantale : chaque fois que nous pensons y parvenir, il nous échappe ! Ce sont les occasions ratées, les retards innombrables, le manque de financement de l'État ou des collectivités, les reports du projet dans les contrats de plan État-région successifs, les engagements non tenus.

En 1987, j'avais trouvé les crédits, mais le conseil général a refusé de financer sa part de l'opération.

Plus récemment, les travaux sur les ouvrages d'art entre Auch et Aubiet ont été interrompus pendant des mois, faute de financement par l'État, le chantier étant alors laissé à la merci des intempéries. Aujourd'hui, ce sont les crapauds accoucheurs qui sont en cause, après que les routes de l'ouest du département ont été victimes du bombyx à cul noir !

L'enquête préalable sur la présence éventuelle d'espèces protégées a été diligentée. Mais ce qui devrait en théorie prendre quelques mois se prolonge indéfiniment dans le Gers. Je conçois que les espèces d'amphibiens rares doivent être protégées et la biodiversité respectée, mais depuis 1988 que ce projet est en cours, on aurait pu confirmer ou infirmer leur présence.

Plus gravement, l'ampleur du retard de ces travaux est très négative pour l'économie gersoise. Et si le Gers est enclavé, ce n'est pas parce que les Gersois refusent une économie moderne et donc des liaisons dignes de notre époque, bien au contraire !

De plus, les Gersois veulent des routes plus sûres, car de trop nombreux accidents endeuillent chaque année leurs familles. Ils aspirent à l'égalité des chances ; ils veulent donc un développement économique, touristique, éducatif et scientifique équitable, dont une meilleure desserte du département est une condition.

C'est l'État qui est trop souvent en cause. Je vous rappelle que le Gers ne compte en tout et pour tout que vingt kilomètres de routes à deux fois deux voies !

Les travaux sur le tronçon Auch-Aubiet ont commencé en 2004 pour les ouvrages d'art et en janvier 2010 pour les structures, grâce aux crédits du plan de relance engagés en août 2009. Ils devraient s'achever en octobre 2012, au terme de plus de neuf ans de travaux pour… huit kilomètres ! À ce rythme consternant, Auch ne pourra espérer être enfin reliée à Toulouse par une route à deux fois deux voies avant 2032 !

Madame la secrétaire d'État, précisez-moi les mesures que vous prendrez pour accélérer l'achèvement des travaux. Je veux entendre confirmer qu'ils ont un caractère prioritaire, qu'ils seront financés et qu'ils seront achevés dans les meilleurs délais. Ne décevez pas les Gersois, ils l'ont été trop souvent !

M. le président. Mon cher collègue, je partage votre souci, pour avoir vu dans la Sarthe une autoroute bloquée pendant dix ans par l'Osmoderma !

Mme Nathalie Goulet. Le pique-prune !

M. le président. Oui, Osmoderma eremita pour ceux qui connaissent le latin…

La parole est à Mme la secrétaire d'État.

Mme Chantal Jouanno, secrétaire d'État chargée de l'écologie. Monsieur le sénateur, vous connaissez le contexte budgétaire que nous rencontrons actuellement et qui conduit l'État à une extrême rigueur dans l'affectation des crédits d'investissement, notamment d'investissement routier.

Dans ce contexte difficile, M. le ministre d'État a veillé à ce que l'aménagement de la route nationale 124 entre Auch et Toulouse se poursuive prioritairement. Vous l'avez rappelé, les travaux de la section Auch-Aubiet ont déjà bénéficié de 4 millions d'euros dans le cadre du plan de relance de 2009 et sont actuellement en cours.

L'appel d'offres du marché principal sera lancé au printemps, et, au troisième trimestre, les travaux correspondants prendront la suite des travaux actuels de rétablissement et de déplacement de réseaux. L'achèvement de cette opération en 2012 relève de délais normaux pour une opération de 8,4 kilomètres et de 65 millions d'euros comprenant 2,7 kilomètres d'aménagement sur place. Cette caractéristique, économe en espace rural, impose toujours un allongement des travaux, lié aux contraintes de maintien de la circulation.

Enfin, le programme de modernisation des itinéraires, ou PDMI, de la région Midi-Pyrénées, l'un des plus importants de France, réserve une enveloppe budgétaire de 80 millions d'euros à la réalisation d'une autre partie de l'itinéraire Toulouse-Auch, la section Gimont-L'Isles-Jourdain, traduisant la priorité qui lui est reconnue, ce qui constitue un effort tout particulier au regard des opérations retenues sur l'ensemble du territoire.

M. le président. La parole est à M. Aymeri de Montesquiou.

M. Aymeri de Montesquiou. Madame la secrétaire d'État, j'aurais souhaité une réponse plus vigoureuse de votre part. Vingt-trois ans, c'est vraiment le supplice de Tantale !

Le Gouvernement utilise souvent le concept d'égalité des chances. Je ne vois pas comment le Gers peut se développer avec vingt kilomètres de deux fois deux voies !

Vous avez évoqué des crédits de 4 millions d'euros. C'est dérisoire par rapport au coût d'une route ! Je considère donc que le département est abandonné par le Gouvernement. Je ne comprends pas que l'on investisse des dizaines de millions d'euros dans des murs anti-bruit sur des autoroutes et que, par ailleurs, on abandonne totalement des zones rurales qui ne peuvent espérer aucun développement tant que les routes ne seront pas à un niveau normal. À notre époque, vingt kilomètres de deux fois deux voies, c'est absolument inacceptable pour la population gersoise !

Mme Nathalie Goulet. Très bien !

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