Question de M. PIERRE Jackie (Vosges - UMP) publiée le 04/02/2011

Question posée en séance publique le 03/02/2011

M. Jackie Pierre. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'agriculture, de l'alimentation, de la pêche, de la ruralité et de l'aménagement du territoire.

Nous le savons, la colère monte chez les éleveurs français, qu'il s'agisse des éleveurs de porcs, de bovins ou de volailles.

La hausse des coûts de production due à la forte augmentation du prix des céréales, donc des aliments pour le bétail, et la stagnation des prix de vente placent les producteurs de viande dans une situation de plus en plus difficile, qui leur offre peu de perspectives d'avenir.

Entre les mois de juin et de décembre derniers, le prix du blé sur les marchés internationaux a augmenté de 94 %, celui du maïs de 63 %.

La pérennité de nos filières d'élevage est donc aujourd'hui sérieusement remise en cause.

La Fédération nationale porcine a exprimé le profond désarroi des éleveurs la semaine dernière, lors d'une grande manifestation à Paris. Aujourd'hui, à l'occasion de son congrès national tenu à Autun, berceau du Charolais, c'est au tour de la Fédération nationale bovine d'alerter les pouvoirs publics sur la détresse de ses adhérents.

Les éleveurs bovins et porcins réclament une augmentation du prix de la viande. Depuis quatre ans, ce secteur est en crise et le prix de vente aux négociants n'a pas augmenté, alors que le prix à la consommation a progressé de 40 %.

M. Christian Poncelet. C'est vrai !

M. Jackie Pierre. La viande doit être achetée à un prix raisonnable, afin que les éleveurs puissent vivre de leur travail. Ne faudrait-il pas se pencher sur les marges des intermédiaires et des grandes et moyennes surfaces ? La transparence doit être partout de rigueur. N'est-ce pas le rôle de l'Observatoire des prix et des marges, ainsi que des interprofessions, de l'assurer ?

Alors que les productions céréalière et laitière reprennent du poil de la bête, les producteurs de viande subissent toujours une crise interminable, induite par le bas niveau des cours.

L'ensemble des filières d'élevage ont besoin de recevoir rapidement un signal de la part du Gouvernement. En conséquence, je souhaite connaître les mesures que M. le ministre de l'agriculture compte prendre pour mieux réguler ce secteur et soutenir la production d'une viande française compétitive et durable. (Applaudissements sur les travées de l'UMP. – MM. Philippe Darniche et Bruno Retailleau applaudissent également.)

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Réponse du Ministère du budget, des comptes publics , de la fonction publique et de la réforme de l'État publiée le 04/02/2011

Réponse apportée en séance publique le 03/02/2011

M. François Baroin, ministre du budget, des comptes publics, de la fonction publique et de la réforme de l'État, porte-parole du Gouvernement. Monsieur le sénateur, je vous prie tout d'abord de bien vouloir excuser M. Bruno Le Maire, qui est justement en train de défendre la position du Gouvernement devant l'assemblée générale de la Fédération nationale bovine. Son implication auprès des éleveurs n'est plus à démontrer.

Afin d'aider nos filières d'élevage, les pouvoirs publics ont notamment mis en place, en 2009, un programme exceptionnel de soutien, qui a permis d'apporter une bouffée d'oxygène aux éleveurs. Les négociations avec nos partenaires européens se poursuivent : un déblocage est intervenu sur la question du stockage, et M. Le Maire a récemment obtenu l'accord de la Commission européenne sur l'aide d'urgence aux éleveurs.

Vous avez raison d'affirmer, monsieur le sénateur, qu'il faut ouvrir des perspectives. Trois sujets importants doivent être traités : l'évolution des prix, la compétitivité et la lutte contre la volatilité des cours des matières premières à l'échelle internationale. Le marché est aujourd'hui trop instable pour que nos éleveurs aient suffisamment de garanties pour investir à long terme, même si leur métier les passionne et relève souvent d'une tradition familiale.

S'agissant de l'évolution des prix, nous avons suffisamment avancé pour offrir des assurances à court terme. Le Gouvernement poursuivra ses efforts.

En matière de compétitivité, le Gouvernement s'est engagé, à hauteur de 300 millions d'euros, dans la mise en œuvre d'un plan d'ensemble de développement des filières, afin notamment de soutenir la reprise des exploitations et d'aider les jeunes agriculteurs.

S'agissant de la volatilité des cours des matières premières, cette problématique doit être abordée à l'échelon international. Le Président de la République et le Premier ministre en ont fait l'un des points prioritaires de l'ordre du jour du G20. Nous avons d'ailleurs obtenu des avancées sur la scène diplomatique internationale, puisque les États-Unis eux-mêmes ont reconnu l'importance de cette question et l'ont intégrée parmi les thèmes de discussion. Nous devons aussi en débattre au sein de l'Organisation mondiale du commerce et avec le Mercosur. Les évolutions au plan international des cours des matières premières ne doivent pas s'opérer au détriment des éleveurs. L'élevage est une filière prioritaire pour l'agriculture française, et donc pour les pouvoirs publics. (Applaudissements sur les travées de l'UMP et sur certaines travées de l'Union centriste. – M. Bruno Retailleau applaudit également.)

M. le président. J'indique que, en ce moment même, des députés du Bundestag sont présents dans nos murs pour évoquer avec des parlementaires français la position franco-allemande sur la politique agricole commune.

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