Question de M. FORTASSIN François (Hautes-Pyrénées - RDSE) publiée le 29/06/2011

Question posée en séance publique le 28/06/2011

Concerne le thème : La rentrée scolaire

M. François Fortassin. À la rentrée prochaine, 4 900 enfants supplémentaires seront accueillis à l'école élémentaire. Pourtant, dans le primaire, près de 9 000 postes d'enseignant seront supprimés et 1 500 classes fermées. Cette décision est pour le moins incompréhensible !

Les rapports se suivent et se ressemblent, le constat est sans appel : notre école souffre et une génération d'enfants est en passe d'être sacrifiée sur l'autel des restrictions budgétaires, alors que les cadeaux fiscaux se poursuivent et que la chasse aux niches fiscales est bien timide.

De la Cour des comptes au Haut Conseil de l'éducation, en passant par les travaux de nombreux parlementaires, les observateurs les plus autorisés tirent, les uns après les autres, la sonnette d'alarme. Ne leur accorde-t-on aucun crédit ? Il suffit pourtant de regarder autour de nous pour mesurer l'ampleur des dégâts !

Comment imaginer lutter contre l'échec scolaire, l'absentéisme, la violence et tous les autres maux dont souffre notre école laïque et républicaine en laissant des enseignants de plus en plus isolés, de moins en moins bien formés, face à des classes de plus en plus surchargées ? L'égalité des chances est abandonnée au profit des objectifs de la RGPP, la révision générale des politiques publiques. Les principes républicains et laïcs sont foulés aux pieds, au grand désespoir de ceux qui, comme moi, sont les produits de l'école de la République.

Pour tenter de calmer la colère des familles, des enseignants ou des élus, on annonce un moratoire sur les fermetures de classes en primaire pour la rentrée de 2012, mais cette mesure pourrait s'apparenter à une manœuvre à visée purement électoraliste. Pourquoi ne pas mettre en œuvre un tel moratoire dès la rentrée de 2011 ?

M. le président. Veuillez poser votre question, mon cher collègue.

M. François Fortassin. Les territoires ruraux seront les plus touchés. À l'évidence, votre politique fait fi d'un élément pourtant très important : les enfants, souvent peu réceptifs et parfois allergiques à l'autorité, ne peuvent réussir que dans des classes à faible effectif.

Les dix années passées, 1 500 communes de notre pays ont vu fermer la dernière classe de leur dernière école. Certains quartiers urbains ne sont guère mieux lotis.

Monsieur le ministre, que comptez-vous faire pour que l'école de la République vive en milieu rural ? (Applaudissements sur certaines travées du RDSE, ainsi que sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC-SPG.)

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale, de la jeunesse et de la vie associative publiée le 29/06/2011

Réponse apportée en séance publique le 28/06/2011

M. Luc Chatel, ministre. Monsieur le sénateur, je voudrais revenir sur vos propos concernant le nombre moyen d'élèves par classe.

Tout d'abord, aucune étude – j'ai le regret de vous le dire – ne démontre qu'on obtient de meilleurs résultats avec de petits effectifs. (Protestations sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC-SPG.) Je vous renvoie à tous les travaux parus sur le sujet !

M. Alain Gournac. Très bien !

M. Luc Chatel, ministre. Ensuite, il y a moins d'élèves par classe aujourd'hui que lorsque vos amis étaient au pouvoir, à la fin des années quatre-vingt et au début des années quatre-vingt-dix.

Ainsi, à la rentrée prochaine, on comptera en moyenne vingt-sept élèves par classe dans les lycées généraux ou technologiques, contre trente et un en 1989-1990. De même, il y aura dix-neuf élèves par classe en moyenne dans les lycées professionnels, contre vingt-trois au début des années quatre-vingt-dix.

M. Alain Gournac. Et voilà !

M. Luc Chatel, ministre. Alors, monsieur le sénateur, de grâce, ne nous faites pas de faux procès !

Aujourd'hui, la réussite des élèves passe par une personnalisation de l'enseignement, qui manque depuis vingt-cinq ans. La massification de l'accès au système éducatif –100 % des élèves entrent au collège, 65 % d'une classe d'âge parvient au baccalauréat – est une bonne chose, mais les moyens permettant d'assurer une place à chacun à la sortie n'ont pas été mis en œuvre. Aujourd'hui, trop de jeunes quittent le système éducatif sans qualification, sans diplôme : ils seraient 180 000 d'après les statistiques que j'ai pu obtenir en connectant nos réseaux informatiques avec ceux de l'enseignement agricole et des centres de formation d'apprentis.

Pour lutter contre l'échec scolaire, notamment en milieu rural, il faut personnaliser l'enseignement tout au long de la scolarité, avec, par exemple, l'aide personnalisée en primaire ou les deux heures d'accompagnement personnalisé au lycée, qui permettent aussi bien de donner des méthodes de travail aux jeunes ayant du potentiel pour les porter vers l'excellence que d'apporter un soutien par petits groupes aux élèves en difficulté.

L'éducation nationale du futur doit apporter une réponse différenciée, en consacrant plus de moyens aux élèves en difficulté, plutôt que de maintenir un modèle égalitaire qui a, ces dernières années, montré toutes ses limites.

Mme Françoise Cartron. Hors sujet !

M. le président. La parole est à M. François Fortassin, pour la réplique.

M. François Fortassin. Monsieur le ministre, j'ai du mal à adhérer à votre théorie.

M. Claude Bérit-Débat. Nous aussi !

M. François Fortassin. En effet, d'un côté, vous nous dites qu'aucune étude ne démontre que de faibles effectifs favorisent la réussite ; de l'autre, vous affirmez qu'il faut travailler par petits groupes !

Vous savez très bien que, en vingt ou trente ans, le comportement des élèves a changé. Pour diverses raisons, ils sont moins réceptifs aujourd'hui qu'ils ne l'étaient autrefois. À l'évidence, il y a moins de chahut dans une classe à faible effectif. (Applaudissements sur certaines travées du RDSE, ainsi que sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC-SPG.)

Mme Françoise Cartron. C'est clair !

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