Question de M. GUERRIAU Joël (Loire-Atlantique - UCR) publiée le 16/12/2011

Question posée en séance publique le 15/12/2011

M. Joël Guerriau. Ma question s'adresse à M. le ministre de la défense et des anciens combattants.

Les liens qui nous unissent à l'Allemagne dans tous les domaines sont très forts depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Engagé par le général de Gaulle, le rapprochement des deux pays a été constant durant soixante ans et s'est renforcé au moment de la chute du mur de Berlin, de la création de l'euro, jusqu'aux mesures économiques actuelles.

Aujourd'hui encore, la grave crise que traverse l'euro a souligné la nécessité de travailler main dans la main avec l'Allemagne.

Il en va de même dans le domaine de la défense depuis le traité de l'Élysée du 22 janvier 1963, qui remonte donc déjà à près de cinquante ans ! Je voudrais mettre en relief l'actualité, parfois méconnue, de ces actions menées avec l'Allemagne.

Monsieur le ministre, le 23 novembre dernier, vous avez rencontré, à Berlin, le ministre fédéral de la défense, Thomas de Maizière. Vous avez en outre participé à une audition devant la commission de la défense du Bundestag. Le 6 juillet dernier, le ministre allemand était lui-même intervenu à Paris devant la commission de la défense et des forces armées de l'Assemblée nationale et la commission des affaires étrangères, de la défense et des forces armées du Sénat.

Ce dialogue vise à obtenir des résultats concrets pour le renforcement de la défense européenne et la contribution commune à la sécurité internationale, sur le fondement d'intérêts réciproques et d'une confiance partagée.

La brigade franco-allemande, composée de 2 800 soldats allemands et 2 300 soldats français, était engagée dans les Balkans et en Afghanistan. Elle est désormais stationnée dans nos deux pays. La France accueille en permanence sur son sol une unité allemande et nos militaires stationnent dans le sud-ouest de l'Allemagne. Monsieur le ministre, pouvez-vous nous renseigner sur l'action de la brigade franco-allemande et sur ses prochaines missions ?

Dans le même esprit, au mois de septembre 2011, un échange a été organisé entre fonctionnaires et experts des deux pays afin de permettre une meilleure compréhension des enjeux et de concevoir l'architecture d'une sécurité commune. Pouvez-vous nous expliquer, monsieur le ministre, les grandes lignes et les moyens de ces objectifs ?

La relation franco-allemande dans le domaine de la défense commune est-elle un premier pas vers une grande Europe de la défense ? (Applaudissements sur les travées de l'UCR et de l'UMP.)

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Réponse du Ministère de la défense et des anciens combattants publiée le 16/12/2011

Réponse apportée en séance publique le 15/12/2011

M. Gérard Longuet, ministre de la défense et des anciens combattants. Cher Joël Guerriau, votre question est parfaitement en lien avec l'actualité.

En effet, au moment où la France et l'Allemagne sont solidaires pour relancer et rénover la construction économique et monétaire de l'Europe - François Baroin sera certainement sollicité par d'autres auteurs de question pour en témoigner -, il pourrait apparaître que nos deux pays n'agissent pas autant de concert sur le plan militaire, au moins en regard du lien privilégié franco-britannique qui s'est exprimé au travers des accords de Lancaster House et qui s'est traduit par un engagement commun en Libye, auquel l'Allemagne n'a pas participé. Or il n'en est rien !

Il est clair que la construction de l'Europe sur le long terme suppose une politique de sécurité et de défense au sein de l'Union européenne. Il nous faut donc poursuivre cette lente progression vers plus d'unité afin d'assurer la relève de l'OTAN, système hérité de la guerre froide et qui fonctionne encore aujourd'hui. Cela suppose que les pays européens, au premier rang desquels la France et l'Allemagne, qui contribuent directement à la solidité renforcée de la construction économique européenne, aient une conscience plus forte de leurs responsabilités en matière de défense et de sécurité.

C'est la raison pour laquelle j'ai reçu Thomas de Maizière, qui a tenu à s'exprimer devant les parlementaires français. Lorsqu'il m'a ensuite reçu à Berlin, j'ai bien entendu souhaité, en retour, m'exprimer devant le Bundestag, afin de clarifier ce qui nous rapprochait et ce qui nous éloignait.

Je peux d'ores et déjà annoncer que, lors de la réunion semestrielle franco-allemande qui se tiendra au mois de février prochain, nous formulerons des propositions extrêmement concrètes, que l'état-major de la brigade franco-allemande est engagé au Kosovo depuis mai 2011 et jusqu'en avril 2012, que nous mènerons par ailleurs des actions concertées en Afghanistan. Bien entendu, parallèlement, nous poursuivons les coopérations capacitaires, principalement sur le NH90 et l'A400M.

Il va de soi que le triangle de Weimar, c'est-à-dire la Pologne, l'Allemagne et la France, est au cœur de la construction d'un état-major de réflexion, de planification, d'identification à l'échelon européen en matière de défense.

Nous sommes donc également au rendez-vous de cette entente franco-allemande dans le domaine de la défense ! (Applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'UCR.)

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