Question de M. HUMBERT Jean-François (Doubs - UMP) publiée le 13/01/2012

Question posée en séance publique le 12/01/2012

M. Jean-François Humbert. Ma question s'adressait à M. Alain Juppé, ministre d'État, ministre des affaires étrangères et européennes. Je vous remercie, monsieur le ministre chargé de la coopération, de bien vouloir y répondre.

Au nom du groupe UMP, je souhaite rendre hommage à Gilles Jacquier, journaliste à France 2, décédé hier à Homs, victime de son devoir au service de l'information.

Depuis bientôt un an, le peuple syrien avance sur le chemin de la démocratie. Pour cette liberté, il paye lui aussi le prix du sang. L'opinion publique mondiale assiste, impuissante, à la répression féroce de la part du gouvernement syrien.

Ici même, le 12 mai dernier, le groupe UMP, lors de la séance de questions d'actualité au Gouvernement, a fermement condamné les exactions commises par Damas.

Le 3 janvier dernier, à l'occasion de ses vœux aux armées, le Président de la République a réitéré son appel à Bachar el-Assad pour qu'il se retire du pouvoir et qu'il « laisse son peuple décider librement de son destin ».

Nous saluons l'envoi d'observateurs sur place et la volonté du secrétaire général de la Ligue arabe, qui souhaite aller jusqu'au bout dans ses investigations. On ne peut que se réjouir de l'implication de la Ligue arabe en faveur du peuple syrien, mais encore faut-il que ses observateurs puissent bénéficier d'une information véritable.

Il est urgent que la situation en Syrie évolue en faveur de la démocratie et que les droits de l'homme y soient respectés.

Chacun de nous le sait, les grondements à Damas peuvent être lourds de conséquences à Beyrouth, à Ankara et à Jérusalem. Il y va de la paix dans toute la région.

Monsieur le ministre, pouvez-vous nous indiquer quels sont les derniers leviers diplomatiques dont disposent la France et les autres pays de la communauté internationale afin que les Syriens puissent disposer d'un droit universel et fondamental, celui de pouvoir disposer d'eux-mêmes ? (Très bien ! et applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'UCR, ainsi que sur plusieurs travées du groupe socialiste.)

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Réponse du Ministère chargé de la coopération publiée le 13/01/2012

Réponse apportée en séance publique le 12/01/2012

M. Henri de Raincourt, ministre auprès du ministre d'État, ministre des affaires étrangères et européennes, chargé de la coopération. Monsieur le sénateur Jean-François Humbert, je vous remercie de la question que vous venez de poser dans cet hémicycle où, comme à l'Assemblée nationale, la représentation nationale est très sensibilisée aux événements tragiques qui se déroulent en Syrie depuis plus d'une année.

Je voudrais à mon tour, au nom du Gouvernement, rendre un hommage particulièrement appuyé à Gilles Jacquier, grand reporter à France Télévisions, qui est mort hier à Homs, fauché par les balles dans l'exercice de son difficile métier.

Cette disparition tragique a conduit le Gouvernement à prendre un certain nombre de décisions. Nous avons exigé qu'une enquête totale et sincère soit diligentée dans les délais les plus brefs. Nous devons savoir ce qui s'est passé, pour la famille de Gilles Jacquier, d'abord, mais aussi pour la profession, pour la chaîne de télévision et pour l'opinion publique dans son ensemble.

Notre ambassadeur s'est rendu sur place hier. Toutes les dispositions sont prises afin que le corps de Gilles Jacquier puisse être rapatrié en France le plus rapidement possible, même si, hélas ! cela ne le rendra pas en vie à sa famille.

C'est un moment d'autant plus tragique que, lorsque des journalistes meurent dans l'exercice de leurs fonctions, c'est un peu la liberté qu'on assassine. Il faut y être extrêmement vigilant.

Je voudrais aussi rappeler la gravité de la situation en Syrie, où une répression terrible est engagée par les autorités : plus de 5 000 morts, sans compter les innombrables personnes enfermées, torturées, enlevées, disparues. La population syrienne, comme vous l'avez fort bien rappelé, paye donc le prix fort.

Le gouvernement français a condamné la violence. Le Président de la République a demandé au président el-Assad de partir. Au niveau européen, des sanctions ont été décidées à l'égard des personnes impliquées dans toutes ces actions épouvantables de répression. Enfin, concernant les Nations unies, même si c'est difficile, même si les résultats ne sont pas encore au rendez-vous, la France maintient sa pression afin que le Conseil de sécurité puisse assumer, le plus rapidement possible, ses responsabilités.

Les observateurs de la Ligue arabe remettront leur rapport dans une semaine. Nous souhaitons ardemment que, dans les semaines qui viennent, et le plus tôt sera le mieux, la pression internationale permette au peuple syrien d'exercer sa liberté dans une démocratie digne de ce nom. (Applaudissements sur les travées de l'UMP. - M. Hervé Maurey applaudit également.)

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