Question de M. GROSDIDIER François (Moselle - UMP) publiée le 24/02/2012

Question posée en séance publique le 23/02/2012

M. François Grosdidier. Ma question s'adresse à Mme la ministre du budget, des comptes publics et de la réforme de l'État, porte-parole du Gouvernement.

Les sidérurgistes de Florange manifestent aujourd'hui avec l'énergie du désespoir. Ce qui se joue, ce n'est ni plus ni moins que la survie de la sidérurgie lorraine.

Fils de sidérurgiste, j'ai vécu depuis mon enfance cette crise, dont on ne savait pas si elle serait mutation ou agonie. Avec la fermeture ou la réouverture des derniers hauts fourneaux, supports du projet ULCOS, il s'agit soit d'un coup de grâce, soit d'une renaissance.

C'est vrai, Nicolas Sarkozy n'avait rien promis aux sidérurgistes en 2007. Il n'était pas venu affirmer, comme son prédécesseur socialiste en 1981, qu'aucun emploi sidérurgique ne serait supprimé. (Protestations sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC.)

M. Jean-Pierre Sueur. Ce n'est pas intéressant !

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Parlez de 2012 ! Parlez de la sidérurgie.

M. Didier Boulaud. Et de Gandrange !

M. François Grosdidier. On connaît la suite : 33 000 suppressions d'emplois après la nationalisation de la sidérurgie.

Pendant ces années terribles, ni lui ni aucun de ses ministres ne s'est rendu sur un site sidérurgique, se contentant de nommer préfet délégué un syndicaliste, Jacques Chérèque, pour « traiter » les sidérurgistes.

Puis, sous le gouvernement Jospin, Gandrange a été vendu à Mittal, avant que celui-ci n'avale tout le groupe Arcelor.

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. Nous ne sommes pas à un meeting !

M. Jean-Pierre Sueur. Tout cela n'est pas intéressant, on est en 2012 !

M. François Grosdidier. Arcelor avait annoncé en 2003 la fermeture de la filière fonte à Florange à une échéance de dix ans. On pensait alors que la filière électrique, non dépendante du minerai venant de la mer, assurerait l'avenir de la sidérurgie continentale, ce qui explique l'incompréhension qui a suivi l'annonce de la fermeture de l'aciérie électrique de Gandrange.

Nicolas Sarkozy n'a rien promis, mais il a eu, lui, le courage de venir sur place. (Exclamations sur les travées du groupe socialiste, du groupe CRC et du groupe écologiste.)

M. Roland Courteau. Vous ne manquez pas d'air !

M. Didier Boulaud. La question !

M. François Grosdidier. Il a dit qu'il ferait tout son possible pour éviter la fermeture de l'aciérie, sinon soutenir un plan de reprise ou, à défaut de repreneur, des mesures de compensation. Celles-ci se concrétisent : centres de formation d'apprentis, Fonds lorrain des matériaux, centre de fabrication de poutres, investissements dans le laminoir... Surtout, Mittal s'est engagé à conforter la filière fonte et l'État a apporté son soutien au projet ULCOS de captage et de stockage de CO2, la sidérurgie du troisième millénaire.

Mme Catherine Tasca et M. Bernard Piras. Tout va très bien, madame la marquise !

M. François Grosdidier. Ont ainsi été inscrits au budget de l'État 150 millions d'euros.

Avec la crise, Mittal a annoncé la fermeture provisoire, pour six mois, des hauts fourneaux supports de ce projet. L'État a financé le chômage technique à hauteur d'un million d'euros.

M. Didier Boulaud. La question !

Mme Catherine Tasca. Ça suffit !

M. François Grosdidier. On sait cependant que des commandes initialement destinées à Florange sont détournées vers d'autres sites Mittal en Europe. Surtout, une difficulté conjoncturelle ne doit pas servir de prétexte pour renoncer à la révolution structurelle que représente ULCOS et qui nous placerait de nouveau à la pointe de la sidérurgie mondiale. (Marques d'impatience sur les travées du groupe socialiste et du groupe CRC.)

M. Didier Boulaud. La question !

M. François Grosdidier. Alors que Mittal diffère encore la réouverture des hauts fourneaux, alors que les sidérurgistes lorrains se sentent floués et redoutent le coup de grâce, comment le Gouvernement veut-il et peut-il forcer le destin de la sidérurgie lorraine, française et européenne ? (Applaudissements sur les travées de l'UMP, ainsi que sur certaines travées de l'UCR.)

Mme Nicole Borvo Cohen-Seat. C'est trop long !

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Réponse du Ministère du budget, des comptes publics et de la réforme de l'État publiée le 24/02/2012

Réponse apportée en séance publique le 23/02/2012

Mme Valérie Pécresse, ministre du budget, des comptes publics et de la réforme de l'État, porte-parole du Gouvernement. Monsieur Grosdidier, vous l'avez dit, depuis le début, le Président de la République s'est personnellement mobilisé sur le dossier de Florange. (Exclamations ironiques sur les travées du groupe socialiste.) Il a d'ailleurs eu une conversation avec les dirigeants d'ArcelorMittal cette semaine.

Dès que le marché de l'acier repartira, nous souhaitons que le haut fourneau de Florange redémarre. Nous faisons tout pour que tel soit le cas.

M. Didier Boulaud. C'est un truisme !

Mme Valérie Pécresse, ministre. Vous le savez, ArcelorMittal a pris l'engagement de maintenir en l'état ce haut fourneau, de façon à rendre possible un tel redémarrage lorsque la situation le permettra. Cela représente un coût de 4 millions d'euros.

Par ailleurs, aucun licenciement n'est intervenu sur ce site, les salariés concernés par l'arrêt temporaire du haut fourneau étant placés en chômage partiel, financé par l'État et l'UNEDIC, ce qui permet le maintien de leur salaire.

Mais notre démarche à l'égard d'ArcelorMittal n'est pas uniquement défensive, elle est aussi offensive. Nous soutenons, dans le cadre des investissements d'avenir, le projet ULCOS, que vous avez évoqué, monsieur le sénateur : il s'agit d'un projet de démonstrateur de captage de CO2, qui permettra aux hauts fourneaux d'ArcelorMittal et à la Lorraine d'avoir un temps d'avance en matière de sidérurgie du futur. (M. Robert del Picchia applaudit.)

Bien évidemment, la « TVA compétitivité » et la baisse du coût du travail, mesures que vous avez refusé de voter hier, mesdames, messieurs de l'opposition (Eh oui ! sur les travées de l'UMP. - Et alors ? sur les travées du groupe socialiste.), vont dans le même sens : il s'agit d'aider nos industries et de rendre attractifs le site France, et plus particulièrement le site lorrain.

Vous le voyez, pour nous, les choses sont claires : dès que la situation s'améliorera, Florange doit redémarrer ! (Applaudissements sur les travées de l'UMP, ainsi que sur certaines travées de l'UCR.)

M. Gérard Miquel. C'est pathétique !

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