Question de Mme MÉLOT Colette (Seine-et-Marne - UMP) publiée le 19/10/2012

Question posée en séance publique le 18/10/2012

Concerne le thème : L'égalité professionnelle entre les hommes et les femmes

Mme Colette Mélot. Monsieur le président, madame la ministre, mes chers collègues, quoique ce sujet ait été abordé dans une question précédente, ma question portera sur le rôle de l'école dans les choix d'orientation professionnelle des filles.

En effet, on constate que, si les jeunes filles obtiennent de meilleurs résultats que les garçons jusqu'au baccalauréat, elles sont ensuite moins nombreuses à s'engager dans des filières sélectives, par exemple les classes préparatoires, ou dans des études supérieures scientifiques.

Ainsi, les filles représentent moins de 30 % des effectifs de l'École nationale d'administration et 13,6 % des élèves de l'École polytechnique. Les formations scientifiques, quant à elles, ne comptent que 25 % de femmes.

Certes, nous constatons que, dès leur plus jeune âge, l'engouement des filles pour certains métiers diffère de celui des garçons, mais de tels chiffres s'expliquent surtout par des facteurs sociaux. Force est d'admettre qu'il existe des modèles, une culture familiale en vertu desquels les jeunes filles s'orientent vers des carrières différentes.

L'école a un rôle important à jouer pour lutter contre ce phénomène. Tout d'abord, les manuels scolaires doivent être un outil de transmission d'une culture de l'égalité, car c'est dès le plus jeune âge qu'il faut combattre les idées reçues. Or, trop souvent, les manuels renforcent les stéréotypes, montrant les femmes uniquement dans la sphère familiale ou cantonnées dans certains métiers.

Il faudrait sensibiliser davantage les enseignants à ces questions au cours de leur formation initiale.

De même, les conseillers d'orientation dans les collèges ou lycées devraient encourager davantage les filles à se renseigner sur les professions considérées traditionnellement comme masculines et sur l'ensemble des filières du supérieur.

C'est à la source que nous combattrons le mieux l'inégalité professionnelle persistant dans notre société. Puisque le Gouvernement a déclaré engager une réforme d'ampleur de l'école, pourriez-vous nous dire, madame la ministre, ce que vous envisagez de faire à ce sujet ? (Applaudissements sur les travées de l'UMP et de l'UCR.)

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Réponse du Ministère des droits des femmes publiée le 19/10/2012

Réponse apportée en séance publique le 18/10/2012

Mme Najat Vallaud-Belkacem, ministre. Madame Mélot, permettez-moi de revenir d'abord très rapidement sur la question précédente et d'apporter un complément à la réponse que j'y ai faite afin de lever, si nécessaire, tout malentendu sur la notion de vivier.

Moi non plus, madame Procaccia, je n'aime pas qu'on se réfugie derrière cette expression pour ne rien faire. Cette notion de vivier revêt une signification bien précise. Au cours d'une carrière professionnelle, c'est généralement entre 30 et 40 ans que se constituent les viviers de celles et de ceux qui pourront par la suite accéder à des postes de haute responsabilité. Or c'est précisément à cette période de leur vie professionnelle que les femmes, en raison d'événements liés à leur vie familiale, par exemple un congé de maternité ou un congé parental, seront moins présentes que les hommes dans les processus de promotion.

Par conséquent, se poser la question du vivier, c'est notamment envisager de revoir les règles de promotion en fonction des postes. À titre d'illustration, pour devenir préfet, il faut avoir satisfait à telle ou telle exigence, avoir occupé des postes d'encadrement, etc. Toutes ces règles, tous ces processus ne sont-ils pas nuisibles, d'une certaine façon, aux femmes, ne les lèsent-ils pas, dans la mesure où elles ont été sans doute plus absentes que les hommes entre 30 ans et 40 ans ?

J'en viens maintenant à votre question, madame Mélot.

Finalement, lutter contre les stéréotypes en s'appuyant sur l'éducation nationale, c'est sans doute la meilleure façon de parvenir globalement à l'égalité.

J'évoquais tout à l'heure la formation indispensable des enseignants. Beaucoup d'entre vous ont souligné l'inégale répartition des filles et des garçons entre les filières de métiers et, de fait, je n'ai pas assez insisté sur le rôle des personnels d'orientation. On peut se demander non seulement s'il ne règne pas une certaine une forme d'autocensure dans les familles dès lors qu'il est question des perspectives professionnelles des filles, mais également si le discours tenu par les personnels de l'orientation est suffisamment affirmé pour contrecarrer cette autocensure ?

Au-delà de la formation des professionnels et de la formation à l'égalité des enfants, se pose la question de tous ces outils dont disposent ces derniers, notamment les manuels scolaires ou les jeux destinés aux plus jeunes.

Il est clair que les manuels scolaires véhiculent un certain nombre de clichés. Certes, ce n'est pas l'État qui les rédige : leur contenu relève de la responsabilité des éditeurs. Mais Vincent Peillon et moi-même nous sommes engagés dans une démarche vis-à-vis des éditeurs de manuels afin de leur faire prendre conscience des images et des stéréotypes qu'ils confortent et de les inciter à évoluer à cet égard. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste, du groupe CRC et du groupe écologiste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)

M. le président. La parole est à Mme Colette Mélot, pour la réplique.

Mme Colette Mélot. Je vous remercie, madame la ministre, des éléments de réponse que vous m'avez apportés en complément des différentes propositions que vous avez détaillées tout à l'heure.

Il faudra insister sur l'orientation et présenter aux filles tout le panel de possibilités qui s'offrent à elles, y compris les formations auxquelles elles ne penseraient pas spontanément. Il faut surtout leur démontrer qu'elles sont capables d'embrasser toutes sortes de carrières.

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