Question de M. BÉRIT-DÉBAT Claude (Dordogne - SOC) publiée le 25/10/2012

M. Claude Bérit-Débat attire l'attention de M. le ministre du redressement productif sur le devenir de l'imprimerie des timbres de La Poste en Dordogne, située sur la commune de Boulazac.

Cet établissement, qui emploie 430 personnes, nourrit le bassin économique de l'agglomération périgourdine, est une référence du fait du travail de précision réalisé par les salariés. Néanmoins, le personnel s'alarme du sous-effectif chronique de la structure qui ne lui permet pas de répondre à la charge de travail. En parallèle, La Poste fait sous-traiter une partie de cette charge à une de ses filiales en Roumanie, selon les organisations syndicales.

Aussi, dans un département touché par une décennie de désindustrialisation accélérée et d'abandon de l'État, où des centaines d'emplois ont été perdues sur les sites des ateliers SNCF de Chamiers, sur celui de la SNPE à Bergerac ou encore de Marbot Bata à Neuvic sur l'Isle, une hausse des effectifs, qui plus est nécessaire, viendrait enrayer un déclin récurent des emplois « productifs » en Dordogne.

Il lui demande donc quelles actions le Gouvernement compte entreprendre pour inciter La Poste à créer des emplois industriels, en faveur de l'imprimerie des timbres de La Poste à Boulazac.

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Réponse du Ministère chargé des Français de l'étranger publiée le 19/12/2012

Réponse apportée en séance publique le 18/12/2012

M. Claude Bérit-Débat. Madame la ministre, la France a perdu plus de 700 000 emplois industriels en dix ans, et vous connaissez les difficultés de notre pays à enrayer la désindustrialisation qui le frappe.

La situation est telle que, dorénavant, avant même de penser à recréer des emplois, le Gouvernement comme les collectivités doivent surtout préserver ceux qui existent toujours.

Dans ces conditions, peut-on admettre que des entreprises historiquement liées à l'État, comme La Poste, ne jouent pas, elles aussi, le jeu du redressement productif ? Pour ma part, je m'y refuse, et c'est pourquoi je souhaite évoquer devant vous le cas de l'Imprimerie des timbres-poste et des valeurs fiduciaires, appelée désormais Phil@poste, seule entité industrielle de la Poste, située à Boulazac, en Dordogne.

Phil@poste dispose d'un savoir-faire unanimement reconnu en matière de réalisation de timbres, qu'il s'agisse de timbres d'usages ou bien encore de timbres d'écriture. Chaque année sont vendus 3 milliards de ses timbres, dont 600 millions de beaux timbres, et plus de 100 000 exemplaires de livres timbrés et de produits dérivés.

Malgré tout, le nombre d'emplois à Phil@poste est passé de 650 en 2007 à 430 depuis 2009. Cette véritable saignée des effectifs empêche l'entreprise de s'ouvrir à de nouveaux marchés. D'ailleurs, c'est sans doute la raison pour laquelle la direction a décidé de recourir à des sous-traitants basés en Roumanie pour l'activité liée à la découpe et à la délocalisation.

Certes, la nouvelle direction s'est aujourd'hui engagée auprès des élus à réaliser un projet de réorganisation industrielle qui reviendrait notamment sur l'utilisation de la sous-traitance.

Cependant, l'expérience du passé nous amène à la prudence, et toutes nos inquiétudes relatives au devenir du site ne se sont pas dissipées, loin s'en faut. Madame la ministre, vous comprendrez aisément cette inquiétude des salariés, comme des élus et de la population de Dordogne.

L'industrie historique du département qu'est Phil@poste a depuis longtemps fourni et continue de fournir les preuves qu'elle exerce une activité de pointe et qu'elle est véritablement compétitive. Du reste, ses salariés sont prêts à relever le défi de la conquête de nouveaux marchés.

Dans ces conditions, l'État doit faire preuve de volontarisme.

Dans ce but, madame la ministre, comment comptez-vous agir pour inciter La Poste à enrayer la baisse des effectifs et à faire preuve d'ambition pour Phil@poste ?

M. le président. La parole est à Mme la ministre déléguée.

Mme Hélène Conway-Mouret, ministre déléguée auprès du ministre des affaires étrangères, chargée des Français de l'étranger. Monsieur le sénateur, l'article 16 de la loi du 2 juillet 1990 modifiée relative à l'organisation du service public de la poste et des télécommunications confère à La Poste un droit exclusif d'émission des timbres-poste.

C'est à ce titre que, au sein de la direction du courrier du groupe La Poste, Phil@poste est chargée de l'activité philatélique et, en particulier, de la production de tous les produits d'affranchissement créés par La Poste.

L'Imprimerie des timbres-poste et des valeurs fiduciaires, devenu Phil@poste Boulazac en 2006, fabrique ainsi plus de 3 milliards de timbres par an.

Son savoir-faire, très recherché en matière de techniques d'impression, en particulier en taille douce, est une référence mondiale. Il lui a permis de se diversifier sur d'autres marchés, comme l'impression sécurisée. L'imprimerie de Boulazac est ainsi en mesure d'offrir à ses clients une technicité éprouvée en matière d'impression de timbres fiscaux, de documents d'état-civil et de chèques bancaires.

Cependant, l'activité de l'imprimerie de Phil@poste est soumise à la baisse des volumes du courrier, qui impacte directement ses volumes de production.

Dans ce contexte, la capacité de l'imprimerie à innover et sa faculté à s'imposer sur des marchés en concurrence seront des éléments clés qui permettront à Phil@poste de faire face à la baisse des volumes de courriers, en particulier par une diversification de ses activités.

À titre d'illustration, la livraison récente de deux nouvelles machines sur le site de Boulazac traduit la volonté de La Poste de se développer sur deux marchés porteurs : celui de l'impression personnalisée et celui de l'impression sécurisée. La première machine est déjà opérationnelle et la seconde le sera en mars prochain. Cet investissement important confirme la volonté de La Poste de maintenir cette activité, en dépit des contraintes et des difficultés qui pèsent sur elle et sur le courrier.

Le 19 novembre dernier, la directrice des opérations industrielles de Phil@poste et le directeur du site de Boulazac ont rencontré une délégation de parlementaires de Dordogne, ainsi que le maire de Périgueux. Cette rencontre a été l'occasion, pour Phil@poste, de réaffirmer son ambition pour le site.

Ainsi, sur le long terme, une réflexion stratégique visant à conforter l'activité à Boulazac est engagée. Elle permettra d'identifier un niveau global d'investissement et de maintenir durablement dans le temps cette activité productive au cœur de son bassin d'emploi.

Le Gouvernement sera très attentif à l'évolution de ce dossier.

M. le président. La parole est à M. Claude Bérit-Débat.

M. Claude Bérit-Débat. Madame la ministre, je vous remercie de votre réponse.

Vous avez évoqué la rencontre avec la direction de Phil@poste : j'avais sollicité son organisation avec un certain nombre de mes collègues parlementaires. Malgré les réponses rassurantes qui nous ont alors été apportées, nous demeurons préoccupés par le passage de l'effectif salarié de Phil@poste de 650 emplois en 2007 à 430 emplois aujourd'hui et par l'appel à des intérimaires.

En outre, un certain nombre de tâches étaient jusqu'à présent sous-traitées dans des pays européens, alors que l'on pourrait les « réinternaliser » afin de conforter l'emploi.

Certes, un certain nombre de mesures ont été prises, notamment l'investissement dans de nouvelles machines pour moderniser l'outil industriel et pour permettre le développement des activités du groupe dans l'impression personnalisée et l'impression sécurisée : une machine devrait ainsi être livrée et être opérationnelle rapidement. Mais, compte tenu de ce qui s'est passé dans les années précédentes, je ne sens pas de volonté forte de la direction d'enrayer la baisse des effectifs.

Nous demandons au Gouvernement de montrer l'exemple en matière d'industrialisation ou, à tout le moins, de lutte contre la désindustrialisation.

En effet, Phil@poste, entreprise historique qui s'appelait auparavant « Imprimerie des timbres-poste et des valeurs fiduciaires », est arrivée en Dordogne dans les années soixante-dix, avec un nombre de salariés nullement comparable à ce qu'il est d'aujourd'hui. Il ne faudrait pas que le savoir-faire - il est réel - se perde du fait des nouvelles technologies. Notamment, un certain nombre de graveurs ou d'imprimeurs sont inquiets pour la pérennité, à terme, de leur catégorie professionnelle.

J'insiste donc vraiment pour que le Gouvernement prenne cette problématique à bras-le-corps.

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