Question de M. CARVOUNAS Luc (Val-de-Marne - SOC) publiée le 18/10/2012

M. Luc Carvounas attire l'attention de Mme la ministre des affaires sociales et de la santé sur la question de l'information entourant le dépistage du cancer du sein.

Alors que la campagne Octobre rose pour l'année 2012 a débuté, certains membres de la communauté médicale dénoncent aujourd'hui les risques de « sur diagnostic » liés au dépistage du cancer du sein. En effet certaines femmes se verraient détecter des tumeurs bégnines ensuite traitées par de lourds traitements inappropriés. Plusieurs pays ont d'ores et déjà changé leurs moyens de communication sur les campagnes de dépistage du cancer du sein. La France est donc aujourd'hui retardataire sur la remise en question des pratiques d'examens préventifs. Comme l'indiquait la Haute Autorité de santé (HAS) en février 2012, la question de l'intérêt du dépistage « devrait faire l'objet d'une revue approfondie de la littérature […]. C'est […] un des besoins majeurs et axes de travail complémentaires que la HAS a identifié à l'issue de son évaluation et qui devra être mis en œuvre afin d'améliorer le dépistage du cancer du sein en France. »

Le dépistage du cancer du sein a une réelle importance. Néanmoins il revient aux médecins motivés par des primes (si 80 % des patientes âgées de 50 à 74 ans participent au dépistage ils peuvent espérer recevoir une prime annuelle de 245 euros) d'avertir objectivement leurs patientes sur les bénéfices et les risques d'un dépistage systématique. Il est également primordial que les femmes puissent se faire dépister en connaissance de cause.

Il demande quelles mesures le Gouvernement entend mettre en œuvre afin d'améliorer la qualité de l'information en matière de dépistage du cancer du sein.

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Réponse du Ministère des affaires sociales et de la santé publiée le 20/12/2012

En France, le programme de dépistage organisé du cancer du sein est conforme aux recommandations européennes et aux recommandations de bonnes pratiques établies par la Haute autorité de santé (HAS). Il est basé sur le libre choix des femmes à consulter un radiologue et le respect du colloque singulier entre la personne et le médecin. Ce programme généralisé en 2004 invite les femmes entre 50 et 74 ans à bénéficier tous les deux ans d'un dépistage de qualité pris en charge à 100 % par l'assurance maladie, sans avance de frais. La balance bénéfice risque est un des éléments qui a été pris en compte au moment de la décision de la généralisation du programme. Cette balance qui a fait l'objet de controverses récemment, est réévaluée régulièrement. Ainsi, les publications scientifiques européennes très récentes (numéro spécial du « Journal of medical screening » de fin septembre 2012), présentent les analyses statistiques très précises des données des programmes européens de dépistage en population générale et une analyse critique des études publiées dans la littérature scientifique. Les essais randomisés montrent une baisse de 21 % de la mortalité par cancer du sein suite à l'invitation au dépistage et la plupart des études observationnelles des programmes européens de dépistage organisé obtiennent des résultats similaires ou légèrement plus favorables. Les estimations dues au sur-diagnostic induit par le dépistage sont extrêmement variables selon les études, principalement car certaines études ne prennent pas pleinement en compte les effets liés à l'avance au diagnostic résultant du dépistage et les évolutions de l'incidence sous-jacente du cancer du sein. Les études prenant en compte ces effets, estiment des taux de sur-diagnostic de l'ordre de 10 % ou moins et jugent que les bénéfices du dépistage par mammographie l'emportent sur les risques. Contrairement aux autres pays européens, en France le principe de la liberté du choix du médecin est conservé et le programme de dépistage organisé gratuit sur invitation, coexiste avec un dépistage individuel non organisé mais remboursé. Cette coexistence introduit un biais important pour l'évaluation de l'impact du programme de dépistage organisé. La direction générale de la santé a récemment réinterrogé la HAS sur la coexistence du programme de dépistage organisé avec un dépistage individuel non organisé. La HAS recommande aux pouvoirs publics de maintenir et de renforcer le dépistage organisé en s'assurant que les conditions sont réunies pour permettre un choix libre et éclairé des femmes concernant leur participation ou non au dépistage du cancer du sein, quelle qu'en soit la modalité.

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