Question de M. ANTISTE Maurice (Martinique - SOC-A) publiée le 07/12/2012

Question posée en séance publique le 06/12/2012

M. Maurice Antiste. Ma question s'adresse à M. le ministre délégué chargé de la formation professionnelle et de l'apprentissage et porte sur la problématique des études en alternance, qui s'avèrent de plus en plus difficiles pour des jeunes souhaitant poursuivre leurs cursus mais qui se retrouvent contraints, par la force des choses, d'y renoncer.

En effet, le problème du chômage des jeunes est très présent en Europe, comme l'a rappelé la Commission européenne en septembre dernier, à l'occasion de la publication d'un rapport sur la jeunesse, relevant que ce chômage les expose à un risque de pauvreté et d'exclusion sociale. En France, trois ans après leur sortie du système scolaire, 40 % des jeunes sans diplôme sont au chômage, contre 9 % pour les jeunes diplômés du supérieur.

Je sais, monsieur le ministre, que le Gouvernement a pris en compte cette donnée préoccupante, puisque vous tentez de mettre en place une véritable politique en faveur de l'emploi des jeunes, au travers notamment du développement des formations en alternance. C'est ainsi que le Premier ministre, dans son allocution portant sur le pacte national pour la croissance, la compétitivité et l'emploi, a donné comme objectif de porter à 500 000 le nombre d'apprentis à l'horizon de 2017.

Je me félicite de cette politique ambitieuse, qui démontre que l'alternance constitue un outil indispensable et intéressant pour l'insertion des jeunes dans la vie professionnelle. En leur permettant de poursuivre une formation qualifiante, cet outil devient, dès lors, un véritable passeport pour l'emploi.

En France, l'alternance permet au final, dans huit cas sur dix, d'obtenir un emploi pérenne, et l'apprentissage augmente en moyenne de sept points les chances d'un jeune d'être en emploi. Malgré ce constat, les entreprises françaises sont peu disposées à miser sur des jeunes non qualifiés et à leur proposer des parcours de professionnalisation, alors même qu'il y a en France un véritable potentiel de développement de l'apprentissage que le secteur public comme le secteur privé pourraient mieux exploiter.

À la Martinique, et plus généralement aux Antilles-Guyane, il faut savoir que 62 % des jeunes de moins de 25 ans sont au chômage. Parmi ceux-ci, se trouvent un grand nombre de jeunes bacheliers voulant continuer leurs études en alternance mais qui sont contraints d'y renoncer, faute d'une volonté des entreprises de les accueillir. Eu égard à la situation économique et au marché de l'emploi, très difficiles, un jeune dans cette situation devient, par la force des choses, un nouveau chômeur. (Marques d'impatience sur les travées de l'UMP.)

M. Roland du Luart. Le temps de parole est écoulé !

Mme Natacha Bouchart. Respectez le règlement !

M. Maurice Antiste. C'est pourquoi je souhaite savoir, monsieur le ministre, les mesures que le Gouvernement compte prendre pour inciter les entreprises à accueillir beaucoup plus, et plus facilement, les jeunes demandeurs qui veulent suivre une formation en alternance.

M. le président. Merci de conclure, cher collègue !

M. Maurice Antiste. En cette période limite d'inscription pour l'année prochaine, ces jeunes, ainsi que leurs parents, sont proches du désespoir. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et du groupe écologiste.)

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Réponse du Ministère chargé de la formation professionnelle et de l'apprentissage publiée le 07/12/2012

Réponse apportée en séance publique le 06/12/2012

M. Thierry Repentin, ministre délégué auprès du ministre du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social, chargé de la formation professionnelle et de l'apprentissage. Monsieur le sénateur, quarante-huit heures après un débat qui s'est tenu dans ce même hémicycle sur l'emploi, la formation et l'insertion professionnelles des jeunes, je vous remercie de me redonner la possibilité de préciser les actions mises en place par le Gouvernement pour favoriser l'accompagnement des jeunes vers l'emploi.

Sans tirer de conclusions définitives, puisque nous ne sommes qu'au début du mois de décembre, je peux d'ores et déjà vous indiquer que la baisse des contrats en alternance, qui nous était annoncée pour le début de l'année prochaine, ne sera pas au rendez-vous. En effet, à l'issue des dix premiers mois de 2012, le nombre de contrats d'apprentissage affiche une croissance de 8 % pour l'ensemble de la France, même s'il est effectivement en baisse dans votre département, la Martinique, lequel connaît une dynamique beaucoup plus forte sur les contrats en alternance.

Un tel résultat au niveau national est, il faut le dire, remarquable dans une situation de crise économique.

M. François Marc. C'est vrai !

M. Thierry Repentin, ministre délégué. Les TPE et les PME montrent, en intégrant davantage d'apprentis dans leurs effectifs, qu'elles ont confiance et espoir en l'avenir.

Grâce à un certain nombre de dispositions, nous allons conforter l'apprentissage et l'accueil des jeunes dans les entreprises.

Cela étant, monsieur le sénateur, je comprends votre inquiétude. Elle est légitime, car de nombreux jeunes n'y trouvent pas suffisamment de place, alors même que des métiers sont en tension.

Vous le savez, le Gouvernement s'est fixé l'objectif de passer de 400 000 à 500 000 apprentis d'ici à la fin du quinquennat. Au vu de la situation actuelle, cet objectif est crédible.

Nous développerons l'apprentissage dans trois directions.

Nous ciblerons, tout d'abord, les secteurs où il est peu utilisé, parmi lesquels je veux citer l'économie sociale, les collectivités, la fonction publique et certaines branches professionnelles.

Nous ferons, ensuite, évoluer les différentes aides allouées aux entreprises, pour favoriser la signature de contrats d'apprentissage.

Nous accompagnerons, enfin, les jeunes vers l'apprentissage, car, vous avez raison, certains d'entre eux, issus de territoires défavorisés, n'y accèdent pas spontanément.

Ces mesures s'ajouteront non seulement aux 150 000 emplois d'avenir, que je signe, partout, sur le territoire national, mais également aux contrats de génération, que vous aurez à voter au printemps prochain. Ce sont là des exemples très concrets de la volonté du Gouvernement de faire de la jeunesse et de l'emploi sa première priorité, aidé en cela par la majorité parlementaire. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et du groupe écologiste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)

M. François Marc. Très bien !

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