Question de M. FOUCHÉ Alain (Vienne - UMP) publiée le 01/02/2013

Question posée en séance publique le 31/01/2013

Concerne le thème : Le commerce extérieur

M. Alain Fouché. Madame la présidente, madame la ministre, mes chers collègues, la part de marché de la France en matière d'exportations de produits manufacturés s'est effondrée entre 2000 et 2011, passant de 8,1 % à 4,7 %. Celle de l'Allemagne n'est passée que de 13,6 % à 11,5 % et notre voisin exporte deux fois plus que nous.

Tout aussi alarmante est la détérioration de notre solde extérieur courant, jadis en équilibre et aujourd'hui en déficit, contrairement à celui de l'Allemagne.

Nos exportations, qui représentent 27 % du PIB, seront notre seul vecteur de croissance en 2013, car les autres moteurs – consommation, dépenses publiques, investissement – sont en panne.

Afin de les renforcer, nous devons remédier à trois maux majeurs.

D'abord, notre présence est trop timide sur les marchés émergents. Ces pays ne sont destinataires que de 20 % de nos exportations. Notre présence en Chine ne représente que 3 %, alors que celle de l'Espagne est de 7 %, celle de l'Italie, 8 %.

Ensuite, notre tissu de PME exportatrices n'est pas assez étoffé. Leur nombre est passé de 120 000 à 95 000 en dix ans, alors qu'en Allemagne elles sont quatre fois plus nombreuses. En outre, 70 % de nos exportations sont réalisées par seulement 1 % des acteurs : Airbus, le secteur énergétique, l'agroalimentaire, le luxe, ainsi que vous venez de le rappeler, madame la ministre. Il faut donc absolument renforcer l'idée de travailler à l'export « en escadrille ». Par exemple, une grosse entreprise allemande qui s'installe à l'étranger est nécessairement entourée de tout un tissu de PME d'origine allemande.

Se pose enfin le problème de notre positionnement sur le marché. Notre modèle fiscal et social, qu'il n'est pas ici question de critiquer, pénalise notre compétitivité sur le bas de gamme.

Si l'aéronautique reste un domaine fort en matière d'exportations, le secteur de l'automobile a vu les siennes diminuer de 26 % en dix ans. En dehors du haut de gamme et du luxe, nous sommes donc très faibles à l'export.

Face à ce constat, madame la ministre, quelles mesures votre gouvernement entend-il prendre afin que la France puisse retrouver son rang au regard de la productivité internationale ?

- page 739


Réponse du Ministère du commerce extérieur publiée le 01/02/2013

Réponse apportée en séance publique le 31/01/2013

Mme Nicole Bricq, ministre. Monsieur Fouché, même si cela ne nous exempte pas d'agir - et c'est bien ce que je fais, avec le Gouvernement -, je veux d'abord relativiser votre propos en rappelant quelques faits.

S'il est vrai que la part de marché de la France a considérablement diminué en dix ans, il ne faut pas oublier que le marché mondial s'est considérablement étendu dans l'intervalle, notamment avec la montée en puissance des émergents, grands ou intermédiaires.

Vous avez raison, nous ne sommes pas assez présents dans les pays émergents, et c'est pourquoi je concentre mon action de court terme dans cette direction.

Nous savons que l'Europe est en difficulté et nous avons besoin de relais de croissance. Nous devons donc nous porter vers ces marchés plus lointains, qui sont certes difficiles, mais qui vont concentrer 80 % de la demande mondiale dans les dix années qui viennent.

Dans cette optique, j'ai structuré l'offre commerciale autour de quatre grandes familles : « mieux vivre en ville », « mieux se soigner » - l'économie du bien-être -, « mieux se nourrir » - c'est tout le domaine de l'agroalimentaire, du champ à l'assiette - et « mieux communiquer », cette dernière famille recouvrant des segments à très forte valeur ajoutée, telles les nouvelles technologies portant sur la sécurité numérique. Cette offre sera focalisée sur quarante-sept pays dans lesquels nous réorganisons en priorité notre présence, notamment celle de notre opérateur commercial.

Vous avez parlé des contraintes fiscales, monsieur le sénateur. Je voudrais quand même rappeler l'action du Gouvernement à cet égard. Le pacte de compétitivité contient des objectifs très précis dans mon champ de compétences. Outre que nous avons créé le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi, qui représente 20 milliards d'euros pour les entreprises, nous avons stabilisé cinq dispositifs fiscaux, notamment le crédit d'impôt recherche, très profitable au tissu industriel français et très attractif pour les entreprises étrangères qui s'implantent en France et exportent à partir de la France.

Il nous faut aussi garder notre première place en attractivité pour les centres industriels et attirer les investissements étrangers en France, pour pouvoir ensuite produire et créer de l'emploi. Je vous rappelle que 1 milliard d'euros à l'export, c'est 10 000 emplois supplémentaires créés en France. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste.)

Mme la présidente. La parole est à M. Alain Fouché, pour la réplique.

M. Alain Fouché. J'ai bien noté votre réponse, madame la ministre.

Je souhaite effectivement que des mesures soient prises, car je suis très inquiet, comme beaucoup de Français, sur l'avenir de l'industrie et, par conséquent, sur l'avenir d'un certain nombre de travailleurs.

Nous sommes vraiment confrontés à de grandes difficultés.

Quoi qu'il en soit, nos objectifs se rejoignent et je souhaite, madame la ministre, que vous engagiez les moyens nécessaires pour les atteindre.

- page 739

Page mise à jour le