Question de M. BAILLY Dominique (Nord - SOC) publiée le 18/04/2013

M. Dominique Bailly attire l'attention de Mme la ministre des affaires sociales et de la santé sur les risques que présente la consommation de boissons énergisantes pour la santé.

Une étude sur la consommation des boissons énergisantes a été menée, pendant un an, par l'Institut régional de biologie du bien-être, de la médecine et du sport Santé Nord–Pas-de-Calais. Cette enquête a rassemblé 3 396 réponses, dont 1 721 provenant de sportifs de haut niveau, et montre qu'une consommation sans modération de boissons énergisantes entraîne des risques de troubles du rythme cardiaque et d'hypertension.

Selon ces travaux, deux tiers des interrogés ont déjà pris des boissons énergisantes et, dans 14 % des cas, la consommation est au moins hebdomadaire. De plus, cette étude met en évidence une confusion, chez les personnes sondées, entre boissons énergisantes (contenant de la caféine, de la taurine, des vitamines B, etc.) et boissons énergétiques conçues pour la pratique sportive (à base de sucre et de sels minéraux).

Il apparaît, en outre, que les boissons énergisantes sont considérées principalement comme des boissons festives, consommées en soirée pour prolonger l'état de veille. Par ailleurs, la consommation de ces boissons par les sportifs intervient dans un contexte spécifique de recherche d'amélioration de performance.

En conséquence, cette étude préconise la mise en place d'une politique de prévention, visant à distinguer clairement les boissons énergisantes et énergétiques, la mise en place d'un programme d'information, en lien avec les antennes médicales de prévention du dopage (AMPD), au regard de la possibilité d'utilisation de ces boissons dans le cadre d'une conduite addictive, ainsi que la diffusion aux consommateurs d'un outil pédagogique adapté et la formation d'éducateurs médico-sportifs ou sociaux pour contrer la banalisation de la consommation de boissons énergisantes hors des activités sportives.

Aussi, lui demande-t-il quelles sont les mesures envisagées par le ministère en matière de prévention et d'information des consommateurs et, notamment à destination des sportifs.

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Réponse du Ministère des affaires sociales et de la santé publiée le 05/12/2013

Les boissons dites énergisantes (BDE) sont des sodas enrichis en substances déjà présentes dans l'alimentation (caféine, taurine, vitamines, ...) et qui ont essentiellement en commun leur teneur en caféine (équivalente en moyenne à deux expressos). Cette composition en fait des boissons « excitantes » qui peuvent, lorsqu'elles sont associées à la consommation d'alcool ou à une activité sportive, générer des accidents cardiaques graves, en particulier chez les porteurs de prédispositions génétiques fréquentes (1 individu sur 1000) généralement non diagnostiquées. Le dispositif national de nutrivigilance (unique en Europe) a permis le recueil de 257 cas d'évènements indésirables depuis la commercialisation en France en 2008. L'imputabilité est vraisemblable pour 25 cas dont les principaux symptômes observés sont essentiellement cardiovasculaires (14 cas), psycho-comportementaux (9 cas), neurologiques (7 cas) et gastro-intestinaux (5 cas). Un nouvel avis de l'agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) a été publié le 1er octobre après autosaisine le 21 aout 2012 à la suite de ces signalements. Cet avis conforte ceux de 2001, 2003 et 2006. L'agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail (ANSES) recommande d'éviter la consommation de boissons dites énergisantes en association avec de l'alcool ou lors d'un exercice physique. Elle appelle aussi à la mise en œuvre de mesures visant à encadrer la promotion de ces boissons envers les publics sensibles (enfants et adolescents) et dans des contextes de consommation à risques (festifs, sportifs, ...). En outre, elle rappelle que la consommation de BDE est à éviter chez les enfants et adolescents, chez les femmes enceintes et allaitantes, chez les personnes sensibles aux effets de la caféine et en présence de certaines pathologies notamment : certains troubles cardio-vasculaires (tachycardie supra ventriculaire et certains troubles du rythme ventriculaires spécifiques, hypertension artérielle sévère, angor instable), troubles psychiatriques et neurologiques (dont épilepsie), insuffisance rénale, maladies hépatiques sévères. Par ailleurs elle appelle l'ensemble de la population à modérer sa consommation de boissons caféinées et, plus particulièrement, les enfants, adolescents, les femmes enceintes et allaitantes. Il est important d'assurer le relais des recommandations de l'ANSES auprès des réseaux concernés, en collaboration avec le ministère de la jeunesse et des sports et le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche. La ministre des affaires sociales et de la santé a demandé à l'ANSES de poursuivre activement sa vigilance sur les boissons énergisantes. Par ailleurs, à sa demande, l'ANSES a lancé une étude sur les habitudes de consommation des boissons énergisantes afin de mieux cibler les messages de prévention. La ministre prendra alors les mesures appropriées à la lumière de l'expertise de l'ANSES en liaison avec les ministères chargés de l'économie et de la consommation.

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