Question de M. COLLOMBAT Pierre-Yves (Var - RDSE) publiée le 07/06/2013

Question posée en séance publique le 06/06/2013

M. Pierre-Yves Collombat. Ma question s'adresse à M. le ministre du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social.

« On ne tombe pas amoureux d'une courbe de croissance », proclamait la jeunesse révoltée en 1968. Encore moins d'une courbe de chômage, pourraient répondre aujourd'hui ses petits-enfants, étonnamment sages…

Non seulement la courbe du chômage monte mois après mois, mais la montée s'accélère. Selon la DARES, la direction de l'animation de la recherche, des études et des statistiques, on dénombrait, en avril 2013, 361 700 chômeurs de catégorie A de plus qu'en avril 2012, soit une augmentation moyenne mensuelle du nombre des demandeurs d'emploi d'un peu plus de 30 000, la progression ayant été proche de 40 000 entre mars et avril 2013. Si rien ne change, calculez ce que cela donnera dans un an ! Avec 3 264 400 demandeurs d'emploi de catégorie A en avril 2013, nous n'avions jamais connu une situation aussi préoccupante.

Bien évidemment, le chômage de longue durée progresse lui aussi ; bien évidemment, les plus touchés sont les moins de 25 ans et les plus de 50 ans, ce qui laisse rêveur quant aux conséquences de toute réforme des retraites qui allongerait la durée de cotisation sans diminution du chômage de ceux qui sont censés cotiser, sachant en outre que moins de 50 % des demandeurs d'emploi sont indemnisés.

Il n'est donc pas étonnant que la consommation des ménages et leur pouvoir d'achat aient baissé en 2012.

Malgré tout, j'ai cru comprendre que le Gouvernement restait optimiste, annonçant même une inversion de la tendance pour la fin de l'année 2013,…

M. Christian Cointat. Il est bien le seul !

M. Pierre-Yves Collombat. … perspective que récusent nombre de conjoncturistes.

Personnellement, je ne demande qu'à être convaincu. J'aimerais donc, monsieur le ministre, que vous m'expliquiez comment, avec une consommation nationale en baisse, la poursuite de la même politique de l'offre, même assortie du volet social des « emplois d'avenir », qu'il faut soutenir, pourrait donner des résultats différents de ceux qu'elle a donnés jusque-là, sauf à admettre, comme l'Allemagne, que la guerre économique en Europe est la solution du problème.

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Réponse du Ministère du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social publiée le 07/06/2013

Réponse apportée en séance publique le 06/06/2013

M. Michel Sapin, ministre du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social. Monsieur le sénateur, le chômage est la préoccupation principale des Français, qu'ils soient touchés personnellement ou à travers leurs proches ou qu'ils craignent de l'être dans l'avenir.

Vous avez décrit l'évolution du chômage depuis le mois d'avril 2012. Ces chiffres sont objectifs, mais la gravité de la situation tient au fait que le chômage augmente non pas depuis un an, mais depuis cinq ans : cinq ans pendant lesquels, chaque mois, le ministre du travail, quel qu'il soit - moi-même aujourd'hui, d'autres hier -, a annoncé une augmentation du nombre des demandeurs d'emploi. Il y eut une période où l'on dénombrait chaque mois non pas 30 000 chômeurs de plus, ni même 40 000, mais 70 000 ou 80 000 ! (Exclamations sur les travées de l'UMP.) Voilà pourquoi la situation est si grave !

M. Alain Gournac. C'est pire aujourd'hui !

M. Michel Sapin, ministre. Que faire pour remédier à cette situation, me demandez-vous.

Il faut d'abord soutenir l'activité économique, comme nous le faisons avec le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi, le CICE, qui permet aux entreprises de mobiliser des milliards d'euros au service de l'investissement et du développement de l'emploi, et le contrat de génération, qui incite les employeurs à embaucher des jeunes sans pour autant - c'est un point essentiel - mettre dehors des salariés plus âgés.

Au titre des politiques de l'emploi, qui ont souvent recueilli un large soutien dans cet hémicycle, je peux encore citer les emplois d'avenir ou les emplois aidés classiques, que nous voulons utiliser de manière plus pertinente que nos prédécesseurs. Le dispositif des emplois d'avenir est en train de décoller et de produire des résultats ! (Exclamations ironiques sur les travées de l'UMP. - Mme Dominique Gillot applaudit.)

M. Christian Cambon. Ça ne marche pas !

M. Michel Sapin, ministre. Ayez cela à l'esprit, vous qui poussez des cris, attitude malvenue sur un tel sujet ! Mobilisez-vous dans vos départements, ce sera plus utile à la France et aux Français que de manifester une ironie parfaitement vaine ! (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste.)

En ce qui concerne les emplois aidés, le Premier ministre a décidé de porter leur durée à douze mois. L'année dernière, celle-ci était en moyenne de six mois, et les emplois aidés ont surtout été utilisés - allez donc savoir pourquoi ! - pendant le premier semestre. L'allongement de leur durée à douze mois permettra une bonne insertion des bénéficiaires du dispositif, en particulier des chômeurs de longue durée.

Voilà, monsieur le sénateur, les politiques que nous avons mises en place. Leur montée en puissance va nous permettre, avec une croissance retrouvée, d'inverser une courbe du chômage dont, en effet, personne ne saurait tomber amoureux. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste, ainsi que sur certaines travées du RDSE.)

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