Question de M. DÉTRAIGNE Yves (Marne - UDI-UC) publiée le 20/06/2013

M. Yves Détraigne attire l'attention de M. le Premier ministre sur l'appel lancé, le 8 juin 2013, contre la sous-nutrition infantile par une soixantaine de parlementaires européens et français, dont lui-même, à l'occasion du sommet international "Nutrition pour la croissance" à Londres.

Dans cet appel, il est demandé aux gouvernants de faire de la lutte contre la malnutrition une priorité des politiques de développement nationales, européennes et mondiales, notamment à travers son inscription au sein des objectifs de développement post-2015.
Il est également réclamé d'accélérer le déploiement à grande échelle des interventions prioritaires qui ont fait leurs preuves, visant à assurer aux nourrissons, aux jeunes enfants et à leurs mères une alimentation et des soins adéquats, en intégrant ces interventions, à l'efficacité reconnue, dans les politiques de santé et de protection sociale.
Les parlementaires auteurs de l'appel réclament, en outre, que la lutte contre la sous-nutrition comme objectif soit intégrée dans les programmes d'autres secteurs (éducation, agriculture, politiques sociales, santé...) afin de traiter et de prévenir durablement ce fléau.
Ils souhaitent, au niveau mondial et au sein des pays partenaires, un dialogue multi-acteurs, une plus grande coordination et une harmonisation, entre partie prenantes, pour la définition, la mise en œuvre et l'évaluation des politiques de lutte contre la malnutrition.
Enfin, ils insistent sur la nécessité de mobiliser les ressources financières budgétaires et extra budgétaires nécessaires pour la mise en œuvre, à large échelle, de ces interventions et l'atteinte des engagements internationaux.

Considérant que la sous-nutrition est la cause sous-jacente de plus du tiers des décès des enfants de moins de cinq ans dans le monde et que, par ailleurs, 165 millions d'enfants de moins de cinq ans souffrent de retards de croissance dus à la malnutrition chronique, dont les conséquences sur le développement physique et cognitif sont irréversibles, il lui demande de quelle manière il entend répondre à cet appel.

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Transmise au Ministère des affaires étrangères


Réponse du Ministère des affaires étrangères publiée le 19/09/2013

La France est fortement impliquée dans la mobilisation internationale contre la malnutrition maternelle et infantile, qui constitue une priorité de son action dans le domaine de la sécurité alimentaire, du soutien à la santé maternelle et infantile ou de l'aide d'urgence. Au niveau international, la France est engagée avec les organisations qui travaillent actuellement sur le thème de la nutrition : le mouvement pour le renforcement de la nutrition (Scaling-up nutrition - SUN), le fonds des Nations unies pour l'enfance (UNICEF), l'organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (OAA/FAO), l'organisation mondiale de la santé (OMS) et le programme alimentaire mondial (PAM). C'est à travers l'approche globale de la santé de la mère et de l'enfant qu'elle aborde le problème de la nutrition, dans le contexte de l'initiative lancée en 2010 au sommet du G8 de Muskoka, en faveur de la santé maternelle et infantile, avec une contribution complémentaire de 500 M€ pour la période 2011-2015 pour atteindre les objectifs du millénaire pour le développement (OMD) 4 et 5 (réduction de la mortalité maternelle et infantile). Dans le cadre de ce partenariat, l'UNICEF développe des programmes ciblés sur la nutrition dans les pays d'Afrique de l'Ouest : allaitement maternel, supplémentation en vitamine A, prise en charge de la malnutrition sévère et aiguë, « panier alimentaire » pour la femme enceinte séropositive et son entourage. Des interventions sur les systèmes nationaux d'information sanitaire sont également mises en place par les agences, sur financement français, pour améliorer les données concernant la nutrition, afin de renforcer le plaidoyer et d'assurer un meilleur suivi des programmes. Des programmes de supplémentation nutritionnelle, en coordination étroite avec des programmes de renforcement de la qualité des soins obstétricaux, néonataux et du post partum, sont mis en place sur financement de la France par l'Aga Khan development network (AKDN) dans les régions transfrontalières du nord de l'Afghanistan, du sud du Tadjikistan et du nord du Pakistan. La lutte contre la malnutrition passe aussi par l'amélioration et l'optimisation des aliments traditionnels et le développement de produits locaux à haute valeur nutritive. De tels programmes innovants sont soutenus et financés par l'agence française de développement qui met en œuvre les actions bilatérales de la France dans le cadre de l'initiative de Muskoka. Au niveau européen, la France a plaidé pour une meilleure prise en compte du thème de la nutrition. Elle a obtenu que la commission européenne élabore une communication thématique sur la nutrition, rendue publique le 13 mars 2013. Cette communication constitue un cadre de référence pour l'ensemble des parties prenantes (institutions européennes, États membres, instituts de recherche, ONG). La France est également attentive à la prise en compte de la nutrition dans le cadre des travaux d'élaboration du prochain Fonds européen de développement (FED). La France soutient également le « pacte mondial de nutrition pour la croissance » lancé à l'occasion de la conférence de haut niveau du 8 juin à Londres, en marge du G8, qui vise à sauver au moins 1,7 million de vies d'ici 2020 et éviter que 20 millions d'enfants ne souffrent de malnutrition aiguë. Enfin, la France a annoncé la mobilisation d'une partie des recettes de la taxe sur les transactions financières pour le financement d'une initiative en faveur de la santé des enfants de moins de cinq ans dans six pays du Sahel, qui permettra un meilleur accès aux soins de santé primaire, notamment la prévention, le dépistage et le traitement des grandes pandémies comme le paludisme et le VIH/SIDA, mais aussi une meilleure prise en charge des pathologies les plus courantes et de la malnutrition aiguë. Ce fonds contribuera à réduire la mortalité infantile et à accélérer les progrès vers la réalisation des objectifs du millénaire pour le développement. La lutte contre la malnutrition maternelle et infantile ne peut s'envisager sans une reconnaissance par les pays concernés, de l'importance du sujet et de la nécessité de l'adoption de politiques publiques et de plans nationaux de nutrition ambitieux. L'implication des gouvernements et des parlementaires de ces pays, compte tenu de leurs responsabilités législatives et réglementaires, est donc centrale.

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