Question de M. CHASTAN Yves (Ardèche - SOC) publiée le 12/12/2013

M. Yves Chastan attire l'attention de M. le ministre du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social sur l'avenir de l'accompagnement à la recherche d'emploi des jeunes issus de l'enseignement supérieur, conséquemment à la disparition de l'association pour faciliter l'insertion professionnelle des jeunes diplômés (AFIJ).

En effet, créée en août 1994, l'AFIJ était née du désir des organisations étudiantes représentatives et des mutuelles étudiantes d'intervenir concrètement pour apporter des solutions au problème de l'insertion professionnelle des jeunes issus de l'enseignement supérieur, diplômés ou non.

Avec sa disparition programmée pour la fin du mois de décembre 2013, le seul acteur national de l'emploi consacré aux jeunes issu de l'enseignement supérieur disparaît, avec les services gratuits et de proximité qu'il proposait sur le terrain, chaque année, à plus de 55 000 jeunes titulaires du bac, d'un « bac+2 », d'une licence, d'un master ou d'un doctorat.

Pourtant, les activités variées de l'AFIJ (aide à la rédaction de curriculum vitae, mise en situation personnalisée d'entretiens d'embauche, propositions d'emplois correspondant aux compétences de jeunes diplômés ou non…) répondaient à de réels besoins des étudiants et des jeunes issus de l'enseignement supérieur, qui rencontrent des difficultés d'insertion professionnelle.

N'étant pas le « public prioritaire » des missions locales, déjà débordées, ni celui de Pôle emploi, ces jeunes vont donc se retrouver isolés et en perte de lien social pendant la recherche de leur premier emploi, particulièrement difficile en cette période de crise. La dernière enquête de l'association a en effet démontré que seuls 53 % des jeunes diplômés trouvent en emploi un an après l'obtention de leur diplôme dont seulement 37 % en contrat à durée indéterminée.

Alors que chaque année 450 000 jeunes sortent de l'enseignement supérieur, dont 90 000 sans diplôme (19 %), il souhaiterait donc connaître les intentions du Gouvernement dans ce domaine.

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Transmise au Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche


Réponse du Ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche publiée le 06/03/2014

Le Gouvernement a confié à l'inspection générale des finances, à l'inspection générale des affaires sociales et à l'inspection générale de l'administration de l'éducation nationale et de la recherche une mission visant à dresser un état des lieux de la situation financière de l'association pour faciliter l'insertion professionnelle des jeunes diplômés (AFIJ) et à clarifier les perspectives de l'association. Cette mission s'inscrivait dans un contexte de trésorerie très tendu révélé par l'AFIJ au mois de novembre 2012. À la fin 2012, cette situation a amené les pouvoirs publics à accorder des subventions supplémentaires à l'AFIJ, dans un calendrier exceptionnel. Malgré une hausse des subventions des différents contributeurs en 2013, le modèle économique de l'AFIJ apparait déséquilibré, comme l'a confirmé l'analyse conduite par la mission d'inspection. L'AFIJ est donc depuis le 15 novembre 2013 mise en liquidation judiciaire. Suite notamment à la mise en place d'une cellule de reclassement, qui a pour mission d'assurer le soutien et l'accompagnement des salariés licenciés pour motif économique afin de faciliter leur réinsertion professionnelle par leur reclassement sur un emploi durable, près d'un tiers des 83 anciens salariés de l'AFIJ a repris un emploi à ce jour. Le Gouvernement s'est engagé à poursuivre l'action en faveur de l'accompagnement vers l'emploi des jeunes issus de l'enseignement supérieur. À cet effet, un protocole d'accord pour l'insertion professionnelle des jeunes issus de l'enseignement supérieur a été signé entre le ministère du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social, le ministère de l'enseignement supérieur et de la recherche, la conférence des présidents d'université (CPU), le conseil national des missions locales (CNML), l'union nationale des missions locales (UNML), l'association pour l'emploi des cadres (APEC) et Pôle emploi. Il vise à renforcer la synergie entre les acteurs du service public de l'emploi et les établissements d'enseignement supérieur. Ce protocole s'inscrit dans le cadre des mesures prévues par le comité interministériel de la jeunesse du 21 février 2013. Il a pour objectif de permettre à chaque jeune issu de l'enseignement supérieur, diplômé ou non, de bac à bac+8, de disposer d'une préparation à l'insertion professionnelle et d'un accompagnement vers l'emploi adaptés à ses besoins. Ce protocole s'appuie sur les acteurs de droit commun du service public de l'emploi, car les besoins des jeunes de l'enseignement supérieur sont très diversifiés. Les 70 000 jeunes sortis de premier cycle sans diplôme ont besoin d'être appuyés pour se réorienter ou accéder à un emploi. Les diplômés bac+2 ou bac+3 ont en particulier besoin d'un accompagnement adapté en fonction du degré de professionnalisation de leur formation. Les diplômés de master ont notamment besoin d'un appui pour la constitution de réseaux professionnels et pour trouver un emploi en lien avec leurs qualifications. Il est indéniable que l'insertion professionnelle doit être mieux anticipée par les étudiants dès leur formation, mieux préparée par l'acquisition des compétences nécessaires pour prospecter efficacement les employeurs, et mieux accompagnée par les acteurs du service public de l'emploi, dont l'offre de service est souvent peu lisible. Les jeunes issus de l'enseignement supérieur n'ont pas nécessairement le réflexe de se tourner vers ces acteurs de droit commun du service public de l'emploi, notamment en l'absence de droit à indemnisation chômage. Pour la mise en œuvre concrète du protocole sur les territoires, un appel à projets sera lancé avant la fin de l'été pour développer des actions partenariales entre les universités et les acteurs du service public de l'emploi en direction des étudiants et des diplômés.

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