Question de Mme ROSSIGNOL Laurence (Oise - SOC) publiée le 10/01/2014

Question posée en séance publique le 09/01/2014

Mme Laurence Rossignol. Ma question s'adresse à Mme la ministre des droits des femmes.

Lundi dernier, à l'occasion d'un déplacement dans les Yvelines auquel vous participiez également, madame Vallaud-Belkacem, M. le Premier ministre a lancé officiellement l'année de la mixité professionnelle. Il est vrai que, en la matière, même si la France n'a pas à rougir de son taux d'activité des femmes, il reste encore des marges de progression.

Certains métiers, particulièrement ceux du soin aux autres, qu'il s'agisse des jeunes enfants, des personnes âgées dépendantes ou des malades, sont occupés principalement par des femmes. Les métiers d'aides à domicile ou d'assistants maternels sont à 98 % féminins, et seulement 15 % des salariés travaillent dans un secteur mixte.

La mixité est une condition de l'égalité professionnelle, de celle des rémunérations comme de celle des carrières.

Promouvoir la mixité professionnelle, c'est déconstruire les stéréotypes qui enferment les femmes dans des métiers qui sont souvent sous-qualifiés. La mixité, c'est tout à la fois un changement des mentalités et des pratiques.

Dans le cadre de la mobilisation du Gouvernement pour l'emploi, le redressement productif et la croissance, les femmes et leur travail sont un atout. Dans un récent rapport de l'OCDE, il était ainsi relevé que, si le taux d'activité professionnelle des femmes était égal à celui des hommes, nous gagnerions mécaniquement 0,5 point de croissance, ce qui n'est pas totalement anecdotique.

Madame la ministre, vous pouvez compter, dans votre action, sur le soutien du Sénat – je rappelle le vote extrêmement large que vous avez obtenu dans cette enceinte en faveur du projet de loi pour l'égalité entre les femmes et les hommes. Pourriez-vous toutefois nous préciser aujourd'hui la méthode que vous avez retenue pour engager encore davantage la France sur le chemin de l'égalité professionnelle entre les femmes et les hommes ? (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste.)

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Réponse du Ministère des droits des femmes publiée le 10/01/2014

Réponse apportée en séance publique le 09/01/2014

Mme Najat Vallaud-Belkacem, ministre des droits des femmes, porte-parole du Gouvernement. Madame Rossignol, votre constat est parfaitement exact : que l'on s'intéresse à l'égalité des salaires, à l'égalité professionnelle entre les hommes et les femmes ou à la compétitivité des entreprises, on ne peut rester indifférent à l'absence de mixité flagrante dans notre pays.

Les chiffres que vous avez rappelés sont justes. Autrement exprimés, ils signifient que 88 % des Français actifs exercent aujourd'hui des métiers que l'on considère comme non mixtes, c'est-à-dire où l'autre sexe est représenté à moins de 40 %. Les femmes sont particulièrement affectées par ce phénomène de ségrégation professionnelle, puisque la moitié des femmes actives dans notre pays se concentrent dans une toute petite dizaine de métiers, sur une palette de quatre-vingt-dix métiers.

Nous connaissons tous les types de métiers à prédominance féminine - vous en avez d'ailleurs évoqué quelques-uns. Nous savons quelles sont les conditions de rémunération de ces professions, qui sont aussi fréquemment sous-valorisées. Le projet de loi pour l'égalité entre les femmes et les hommes, dont vous parliez, va heureusement nous donner les moyens d'impulser la revalorisation d'un certain nombre de ces métiers.

Nous savons aussi dans quels métiers, pourtant souvent porteurs de perspectives d'avenir, on ne trouve pas les femmes. Je pense non seulement aux métiers du BTP ou des transports, mais aussi à tous ces métiers techniques de l'informatique ou de l'aéronautique. Dans ces secteurs, les entreprises elles-mêmes déplorent de n'avoir pas davantage de candidatures féminines. Cela signifie en effet, par définition, moins de talents disponibles, la diversité étant précisément l'opportunité de recruter les meilleurs.

En trente ans, ce taux de ségrégation professionnelle, c'est-à-dire de sexuation des métiers, n'a baissé que de 4 points selon une récente enquête de la DARES. Ce constat n'est pas si étonnant, étant donné que les pouvoirs publics ne se sont pas saisis de ce sujet dans toutes ses composantes. Ce qui fait la non-mixité, c'est à la fois l'éducation, les représentations collectives et la façon dont les entreprises s'adaptent ou non pour attirer le sexe manquant.

Nous avons décidé d'agir sur tous ces points, et l'année 2014 sera celle du déploiement de la stratégie en faveur de la mixité. Nous avons déjà commencé à mettre tous les acteurs autour de la table : l'éducation nationale, le service public d'orientation, les régions, les organismes de formation professionnelle et, surtout, les branches d'activité les plus concernées par cette non-mixité.

Nous sommes en train de préparer une dizaine de plans mixité. Ils seront adoptés prochainement et porteront sur les métiers les plus concernés par cette problématique. Des objectifs chiffrés seront fixés, une campagne de sensibilisation publique sera lancée et une réflexion sera engagée sur les formations et les processus de recrutement.

M. le président. Merci, madame la ministre !

Mme Najat Vallaud-Belkacem, ministre. Ces plans nous permettront d'atteindre l'objectif fixé par le Premier ministre : 30 % des métiers réellement mixtes d'ici à dix ans. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste, ainsi que sur certaines travées de l'UMP.)

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