Question de M. LAURENT Pierre (Paris - CRC) publiée le 16/10/2014

M. Pierre Laurent attire l'attention de M. le ministre des affaires étrangères et du développement international sur la situation des populations kurdes et de leurs représentants en Irak, en Syrie et en Turquie.
Depuis des semaines, les Kurdes d'Irak mais aussi de Syrie font face à une offensive de « Daech ». Quel que soit le point de vue des uns et des autres sur la question kurde on ne peut que constater que ces populations et leurs représentants font barrage à l'avancée de forces obscurantistes et extrémistes. Elles le font dans un climat de méfiance et d'hostilité des gouvernements centraux de Syrie, d'Irak et de Turquie. Les Kurdes et leurs représentants politiques constituent pourtant les principaux remparts contre le djihadisme.
Or le parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) et le parti de l'union démocratique (PYD) ne bénéficient d'aucune aide et ils n'ont pas été invités à la conférence de Paris.
Pire encore, la Turquie, membre de l'Organisation du traité de l'Atlantique-Nord (OTAN), se réjouit ouvertement de l'affaiblissement de Rojava (Kurdistan syrien) dont elle avait juré la perte par l'entremise de l'État islamique. Le gouvernement de ce pays ainsi que les monarchies pétrolières du Golfe font bénéficier les terroristes de « Daech » d'un soutien logistique, financier et militaire.
C'est dans ce contexte que s'inscrivent les événements dramatiques de Kobanê. Au vu de cette situation préoccupante et en vue d'éviter d'autres défaites face à l'obscurantisme le plus barbare, il lui demande s'il ne faudrait pas au contraire retirer le PKK de la liste des organisations terroristes, sanctionner les États complices de la terreur islamiste, dont la Turquie, et faire bénéficier les réfugiés kurdes notamment des droits inhérents à leur statut. Il lui demande s'il ne faudrait pas également que le gouvernement français reconnaisse le PYD et le PKK comme des interlocuteurs favorisant la paix dans cette région et accepte de dialoguer avec leurs représentants en France.

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Réponse du Ministère des affaires étrangères et du développement international publiée le 05/02/2015

La France est profondément préoccupée par le sort des populations civiles irakienne et syrienne, quelles que soient leurs religions ou leurs origines ethniques. Aux exactions quotidiennes du régime syrien, depuis près de quatre ans, sont venus s'ajouter les crimes de Daech, dont l'attaque sur la ville de Kobané est une des tragiques illustrations. La France s'est mobilisée avec ses partenaires pour empêcher la chute de Kobané, et a pris de nombreux contacts avec les autorités turques à ce sujet. Le président de la République a salué la décision des autorités turques d'autoriser des Peshmergas kurdes d'Irak, à qui des armes ont été livrées, à rejoindre la ville pour la défendre. La coalition internationale contre Daech a par ailleurs conduit de nombreuses frappes contre les positions du groupe terroriste aux alentours de la ville de Kobané. Sur le plan humanitaire, la France a versé 5,7 millions d'euros au programme alimentaire mondial (PAM) en 2014 qui ont notamment permis de venir en aide aux Kurdes de Kobané ayant trouvé refuge en Turquie. Au-delà de Kobané où les forces engagées parviennent, avec le soutien de la France et de la coalition, à faire face à Daech, il ne faut pas oublier la souffrance de millions de Syriens qui subissent les assauts du régime et des groupes djihadistes à travers la Syrie. Avec plus de 200 000 morts depuis le début du conflit et plus de 76 000 en 2014, le pays a connu son année la plus meurtrière depuis le début du conflit. Le régime bombarde quotidiennement les zones tenues par l'opposition. En restant fermement opposé à toute transition politique, le régime de Bachar al-Assad alimente le chaos et l'extrémisme en Syrie. La France continue pour sa part de venir en aide à l'opposition modérée et à soutenir une transition politique fondée sur Genève I. Sans solution politique, la menace terroriste en Syrie ne pourra être combattue efficacement. La France soutient tout effort crédible en ce sens. S'agissant du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), les raisons qui ont présidé à son inscription sur la liste des organisations terroristes de l'Union européenne restent valables. Depuis janvier 2013, le gouvernement turc a entamé un processus de dialogue sur la question kurde et les autorités françaises forment le vœu qu'il puisse aboutir, dans le respect des principes démocratiques.

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