Question de M. LE SCOUARNEC Michel (Morbihan - CRC) publiée le 22/01/2015

M. Michel Le Scouarnec attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt, porte-parole du Gouvernement sur les critères d'admissibilité des surfaces haies, bosquets, mares et fossés dans la politique agricole commune (PAC) pour 2015. En effet, des modifications des aides seraient actuellement à l'étude visant à retirer les éléments précités de la surface admissible au paiement direct du premier pilier de la PAC. Cette décision va à l'encontre de nombreuses démarches de préservation et d'entretien du bocage, réalisées ces dernières années. En Bretagne, en lien avec le schéma d'aménagement et de gestion des eaux (SAGE), cela s'est traduit depuis 2008 par le plan bocage Breizh, permettant de passer de 300 km de haies et talus effectués chaque année à 450 km. Il faut également rappeler que le coût de ces réalisations est à la charge des collectivités dont les finances sont exsangues. Le bocage constitue une richesse environnementale avec des spécificités propres à chaque territoire, qu'il ne faudrait pas omettre dans l'élaboration de la nouvelle PAC. Les critères de définition des bonnes conditions agro-environnementales (BCAE) et plus particulièrement des BCAE VII doivent permettre de maintenir les particularités topographiques. Les propositions envisagées encourageraient les agriculteurs à protéger les linéaires bocagers en les déclarant à partir de mai 2015, empêchant tout changement de linéaires par la suite. Si les linéaires bocagers venaient à sortir de la surface agricole, il serait fort probable qu'un arasement massif se produise. Ces éléments démontrent une certaine incohérence entre, d'un côté, la politique écologique favorisant la promotion du bocage et, d'un autre côté, la politique agricole réduisant l'intérêt de ces espaces, au vu des critères d'éligibilité de la PAC. C'est pourquoi il lui demande, d'une part, de veiller à ce que les nouvelles exigences de la PAC 2015 ne viennent pas contredire le travail accompli localement par les agriculteurs et les collectivités, d'autre part, les mesures envisagées pour consolider, préserver et développer le bocage avec toutes ses spécificités territoriales.

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Réponse du Ministère de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt publiée le 19/03/2015

Concernant le nouveau cadre de l'admissibilité des surfaces aux aides de la politique agricole commune, il importe de trouver un équilibre dans l'utilisation de ces nouvelles règles qui permette de répondre à trois objectifs : - encourager le maintien des infrastructures agro-écologiques les plus significatives ; - ne pas créer de contraintes supplémentaires pour les agriculteurs, lorsqu'elles ne s'imposent pas directement par la réglementation européenne ; - prévoir des règles suffisamment simples, claires et contrôlables pour faciliter la mise en œuvre par les agriculteurs, ne pas les induire en erreur et éviter tout risque de refus d'apurement. Dans cet objectif, le ministre en charge de l'agriculture a décidé le 1er décembre 2014 que les haies seraient incluses dans les surfaces admissibles et protégées au titre d'une règle de conditionnalité (la bonne condition agricole et environnementale - BCAE - n° 7) qui oblige au maintien en place de chaque élément. Seront concernées toutes les haies de moins de dix mètres de large présentes sur une exploitation agricole ou adjacente, quelle que soit leur composition. Les modalités de mise en œuvre précises ont été définies en concertation avec les acteurs concernés pour permettre des souplesses de gestion autorisant dans des cas justifiés le déplacement des haies, voire leur destruction. Les haies qui représentent, de loin, le volume le plus important des infrastructures agro-écologiques sont ainsi incluses dans les surfaces admissibles. Cette décision est en pleine cohérence avec les orientations du projet agro-écologique pour la France porté par le ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt, porte-parole du Gouvernement. S'agissant des mares et des bosquets, il a également été décidé que ceux-ci seraient inclus dans les surfaces admissibles et protégés par la BCAE - n° 7. Seront concernés toutes les mares et tous les bosquets dont la surface est strictement supérieure à 10 ares et inférieure ou égale à 50 ares. Pour les autres infrastructures agro-écologiques, par exemple les tourbières, les arbres isolés et les fossés, leur volume ne semble pas nécessiter une prise en compte de même nature que les haies, les mares et les bosquets. La plupart de ces éléments sont en effet situés sur les prairies permanentes, pour lesquelles les modalités de calcul des surfaces admissibles permettent en pratique de les intégrer pour partie. Ainsi, à la fois par pragmatisme et par simplicité, il ne semble pas pertinent d'introduire une norme supplémentaire pour ces éléments. L'inscription des haies, bosquets et mares dans la BCAE - n° 7 permet, pour les éléments qui répondent aux conditions indiquées précédemment, de conserver ces éléments dans la surface admissible.

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