Question de Mme LAMURE Élisabeth (Rhône - UMP) publiée le 05/06/2015

Question posée en séance publique le 04/06/2015

Mme Élisabeth Lamure. Ma question s'adresse à M. le ministre du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social.

Monsieur le ministre, une fois encore, le malaise est grand après l'annonce, lundi soir, des chiffres du chômage.


M. Didier Guillaume. Ils se réjouissent de ces chiffres ?


Mme Élisabeth Lamure. Chacun de nous souffre de cette mauvaise nouvelle, qui masque quelque peu les timides perspectives de croissance.

Allons-nous, une fois encore, entendre les mêmes arguments dilatoires pour cacher l'échec du Président de la République, qui, dès 2013, a lui-même conditionné la réussite de son action à sa capacité à inverser la courbe du chômage ? Allons-nous, une fois encore, voir la situation qui prévalait avant 2012 invoquée comme seule justification ?

Les chiffres du mois d'avril, parmi les plus mauvais depuis le début du quinquennat, confirment la tendance. Rien ne semble arrêter la machine infernale. Pis, toutes les classes d'âge sont touchées !

Et, alors que notre taux de chômage dépasse allègrement 10 %, les Allemands et les Britanniques connaissent des courbes descendantes, avec un chômage passé en dessous de 6 %. De plus, nos voisins créent en majorité des emplois dans des secteurs à forte valeur ajoutée, quand nous, en France, créons des emplois aidés…

Vous annoncez ainsi 100 000 emplois aidés supplémentaires cette année. Or il faut plus de 3 milliards d'euros par an pour financer 450 000 contrats aidés ! Mais, monsieur le ministre, c'est dans le secteur marchand que les emplois créeront de la richesse.

D'ailleurs, que nous disent les représentants des entreprises ? Depuis six mois, la délégation aux entreprises du Sénat a rencontré, chez eux, plus d'une centaine d'entrepreneurs. Tous nous tiennent le même langage : il faut moins de contraintes, moins de normes, moins de charges. Tous nous disent qu'ils voudraient embaucher, mais qu'il faut, pour cela, lever les freins à l'embauche.


M. David Assouline. Qu'avez-vous fait, vous ?


Mme Élisabeth Lamure. Or le Gouvernement balance entre donner des gages à la gauche de sa majorité et accepter les règles de la compétitivité d'un monde ouvert. Mais les Français ne vous croient plus, et ils ne vous suivent plus ! Dès lors, comment comptez-vous sortir de ce dilemme, monsieur le ministre ?

Comme le président de notre groupe, Bruno Retailleau, vous y a déjà invité, ne laissez pas passer la formidable occasion de prendre de vraies mesures en faveur de la croissance que constitue le travail réalisé par la majorité sénatoriale sur le projet de loi de votre collègue, M. Macron. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – M. Vincent Capo-Canellas applaudit également.)

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Réponse du Ministère du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social publiée le 05/06/2015

Réponse apportée en séance publique le 04/06/2015

M. François Rebsamen,ministre du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social. Madame la sénatrice, parmi les chiffres que vous avez cités, vous avez indiqué que le taux de chômage, dans notre pays, était largement supérieur à 10 %.

Il semble que vous n'ayez pas écouté les actualités ce matin ! En effet, l'INSEE vient d'annoncer que le taux de chômage avait reculé en France au premier trimestre.(Exclamations ironiques sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Didier Guillaume. Ils préféreraient peut-être se réjouir de la hausse du chômage ?

M. Francis Delattre. Nous ne vous croyons plus !

M. François Rebsamen,ministre.Mesdames, messieurs les sénateurs du groupe Les Républicains, vous avez tort de vous moquer de ces chiffres : ce sont ceux de l'INSEE, et ils sont les seuls à être reconnus et à servir à ce titre dans les comparaisons internationales !(Protestations sur les mêmes travées.)

Vous ne pouvez nier la réalité.

M. Francis Delattre. C'est un mensonge d'État !

M. François Rebsamen,ministre.Et moi qui pensais que vous alliez, comme moi, vous réjouir de cette annonce... Je regrette que ce ne soit pas le cas.

Mme Élisabeth Lamure. Et si vous nous parliez plutôt du fond ?

M. François Rebsamen,ministre.Que faire pour améliorer la situation ? Il faut continuer à encourager la reprise d'activité économique et à former nos chômeurs, pour qu'ils puissent, demain, répondre aux offres d'emploi qui leur seront présentées.

C'est pourquoi nous avons mis en place un dispositif d'emplois aidés, ce que la droite a d'ailleurs elle-même largement fait quand elle était au pouvoir. Étonnamment, l'histoire des contrats aidés montre qu'un pic a été atteint alors qu'Alain Juppé, personnalité que vous affectionnez, était Premier ministre : il y avait alors 850 000 contrats aidés. (Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.)

M. Philippe Bas. C'est faux !

M. François Rebsamen,ministre.Votre majorité, quand elle était au pouvoir, avait même programmé 385 000 emplois aidés pour le premier semestre de l'année 2012.

M. Gérard Cornu. Combien y avait-il de chômeurs, à l'époque ?

M. François Grosdidier. Oui, combien de chômeurs en 2012 ?

M. François Rebsamen,ministre.D'ailleurs, deux tiers d'entre eux avaient effectivement été créés au mois de mai de la même année.

Au contraire, nous mettons en place des politiques de soutien à l'activité, au travers, notamment, de deux projets de loi actuellement en cours de discussion, l'un défendu par mon collègue Emmanuel Macron, qui porte sur la croissance et l'activité, et l'autre, que je présenterai bientôt au Sénat et qui concerne le dialogue social.

Tout cela vise à lever les freins et à redonner confiance aux entreprises, car ce sont elles qui créent l'emploi !(Applaudissementssur les travées du groupe socialiste. - M. Alain Bertrand applaudit également.)

M. Francis Delattre. Et si vous nous parliez du CICE ?

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