Question de M. MAZUIR Rachel (Ain - SOC) publiée le 11/06/2015

M. Rachel Mazuir appelle l'attention de M. le ministre de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt, porte-parole du Gouvernement sur la qualité des peaux de veaux en France, très recherchées par les industries françaises qui travaillent le cuir, telles les tanneries. Ces industries sont plébiscitées partout dans le monde pour la qualité de leur savoir-faire. Elles représentent un chiffre d'affaire de plus de 400 millions d'euros et emploient plus de 1 500 salariés. Elles travaillent essentiellement pour les grandes marques de luxe et doivent donc leur fournir un cuir de qualité.
Ce cuir de qualité provient de la peau des veaux mais seules 10 % d'entre elles répondent aux critères de sélection des industries du luxe.
La pénurie de cette matière première entraîne alors une envolée des prix difficilement supportable pour les tanneurs qui se trouvent confrontés, en amont, aux doléances des éleveurs, et, en aval, à celles de leurs clients industriels.
Ils souhaiteraient surtout qu'une attention particulière soit portée à cet animal afin d'éviter que sa peau ne subisse trop de blessures dues à des écrous ou des barbelés rendant de fait impossible son utilisation.
En outre il apparaît que les veaux sont victimes, encore aujourd'hui, de la teigne puisque seuls 20 % de ceux qui naissent chaque année, sont vaccinés. Si les éleveurs étaient davantage encouragés à vacciner leurs bêtes, les professionnels du cuir estiment que la production de peaux de premier choix pourrait s'accroitre de 30 %.
Aujourd'hui la teigne n'est pas une maladie réglementée mais le Gouvernement pourrait l'inscrire en tant que danger sanitaire de catégorie « 2 » et donc rendre obligatoire la vaccination dans un territoire défini, si un programme collectif volontaire était proposé par une région ou une association.
Il souhaiterait donc savoir si de tels programmes ont déjà été avalisés par le Gouvernement et s'il est envisagé d'élaborer une charte avec l'ensemble des partenaires, afin de promouvoir le développement de la production française de cuir de qualité.

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Réponse du Ministère de l'agriculture, de l'agroalimentaire et de la forêt publiée le 03/09/2015

Malgré un gisement potentiel important, les industriels français du luxe sont obligés d'importer une grande quantité de cuirs de veau bruts car ils ne trouvent pas en France toute la matière première de qualité dont ils ont besoin. En effet, un grand nombre de cuirs français est abîmé, en particulier à cause de la teigne, champignon parasite qui laisse chez les veaux des cicatrices affectant la qualité des cuirs (30 % seulement du gisement des cuirs de veaux est valorisé en France selon un rapport récent du cabinet Blézat). Une peau de veau abîmé ne se vend que 35 euros environ contre 80-95 euros pour une peau de qualité, voire plus. En effet, entre 2011 et 2013 les prix des peaux de veau ont augmenté de 58 % en raison des quantités insuffisantes de cuirs de qualité et peuvent atteindre 100 euros pièce. Ainsi, la lutte contre la teigne chez le veau pourrait permettre d'améliorer la qualité du cuir. Cependant, il n'existe pas actuellement de programmes collectifs volontaires (PCV) pour lutter contre ce parasite. De tels programmes pourront prochainement être proposés au niveau régional par les associations sanitaires régionales, prévues à l'article L. 201-11 du code rural et de la pêche maritime et résultant de la fédération des organismes à vocation sanitaire reconnus par l'État. Les régions qui mettront en place de tels PCV en informeront l'ensemble des partenaires sanitaires réunis au sein des comités régionaux d'orientation des politiques sanitaires animales et végétales (CROPSAV) qui, s'ils le souhaitent, pourront demander une reconnaissance nationale de leur programme auprès du comité national d'orientation des politiques sanitaires animales et végétales (CNOPSAV). Le ministère disposera alors des consultations nécessaires pour un éventuel classement de la teigne comme danger de deuxième catégorie et, le cas échéant, rendre la vaccination obligatoire. La répartition du financement de cette vaccination devra notamment faire l'objet d'une concertation puisque les éleveurs ne sont pas aujourd'hui directement bénéficiaires d'une amélioration de la valorisation des peaux.

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