Question de M. KAROUTCHI Roger (Hauts-de-Seine - Les Républicains) publiée le 10/09/2015

M. Roger Karoutchi attire l'attention de M. le ministre de l'intérieur sur les événements désastreux survenus à la suite du drame du mardi 25 août 2015 à Roye, dans la Somme, dans lequel quatre personnes ont perdu la vie, notamment un jeune enfant et un gendarme. En guise de protestation et dans un climat où la confusion la plus totale régnait, des personnes ont bloqué une portion de l'autoroute A1. Il s'alarme de l'absence de directives données aux forces de l'ordre pour ramener le calme et rétablir l'ordre public. Les autorités préfectorales avaient décidé de ne pas agir afin de ne pas envenimer la situation sauf que l'autoroute A1 constitue une partie importante du maillage autoroutier français et européen : 70 000 véhicules par jour, dont 4 000 par heure lors des périodes de pointe et les poids-lourds représentent 40 % du trafic. Des dégradations ont également été commises, en toute impunité, et il souligne à cet égard le coût engendré par ces événements : 100 00 euros de dégâts matériels et 400 000 euros de droits de péage non perçus. Se réservant la possibilité de demander une mission parlementaire sur ces événements, il souhaite connaître d'une part les mesures prises par ses services à l'encontre des auteurs des infractions précitées et d'autre part le dispositif mis en place pour prévenir ce genre de troubles.

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Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 13/10/2016

Le 28 août 2015, deux membres de la famille des victimes du triple homicide perpétré trois jours plus tôt sur l'aire d'accueil des gens du voyage de Roye ont sollicité une autorisation de sortie pour assister aux obsèques programmées le 31 août. Le juge d'application des peines a rejeté cette demande sur le fondement d'un avis défavorable du procureur de la République d'Amiens. Leur avocat a immédiatement interjeté appel. Cette décision a provoqué la colère des proches des victimes qui se sont réunis devant la brigade de gendarmerie locale le même jour à 18h45, menaçant de troubles à l'ordre public en cas de refus ou de silence de la justice. Après de longues négociations, ils ont accepté d'attendre les résultats de l'audience d'appel prévue le lendemain. Pourtant, à 21h40, une soixantaine de « gens du voyage » ont bloqué la circulation sur l'autoroute A1, dans les deux sens, à hauteur de Roye. Des feux ont par ailleurs été allumés sur différents carrefours de la commune. L'autorité administrative a pris immédiatement les mesures d'urgence qui s'imposaient en désengageant un escadron de gendarmes mobiles du Calaisis pour renforcer le dispositif de la gendarmerie départementale. Deux autres escadrons sont également mis en route pour arriver le lendemain en fin de matinée. Dans le même temps, le commandant de groupement de gendarmerie a pris les mesures de sauvegarde urgente en engageant ses moyens pour interdire l'accès à la ligne TGV Paris-Lille ainsi qu'à la zone commerciale et au centre ville de Roye. L'autorité préfectorale a décidé d'attendre la décision de la Cour d'appel avant d'intervenir. Le 29 août à 11 heures, cette instance a accordé les permissions de sortie. Dès lors, les manifestants ont levé les barrages. Différer de quelques heures l'intervention, dans l'attente de la décision de justice, a permis, de façon évidente, d'éviter une aggravation de la situation avec des conséquences potentiellement très graves à l'égard des personnes et des biens. Par ailleurs, le blocage de l'A1 a fait l'objet d'une enquête ordonnée par le procureur de la République pour « entrave à la circulation, dégradations et vols ». Les investigations menées par la section de recherches d'Amiens dans le cadre d'un groupe d'enquête dédié ont permis d'identifier les auteurs qui ont répondu de leurs actes devant la justice en février 2016.

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