Question de M. MÉZARD Jacques (Cantal - RDSE) publiée le 16/12/2015

Question posée en séance publique le 15/12/2015

M. Jacques Mézard. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'intérieur.

La France a voté en état d'urgence, et la grande urgence fut de faire barrage à l'extrême droite : merci à tous ceux qui l'ont permis !

Le Sénat, défenseur des libertés publiques, dont celle de vivre en sécurité, a voté presque unanimement la mise en place pour trois mois de l'état d'urgence.

Monsieur le ministre, vous informez régulièrement la représentation nationale de l'exécution de cette mesure exceptionnelle. Encore une fois, je salue la manière dont vous le faites et votre volonté, fermement exprimée, que l'état d'urgence ne soit pas utilisé à d'autres fins que la lutte contre le terrorisme.

Il a été procédé à plus de 2 500 perquisitions, plus de 360 assignations à résidence ont été prononcées et 2 000 personnes se sont vu refoulées aux frontières.

Sans être exagérément optimiste, on peut légitimement considérer que le « stock » de perquisitions a été largement entamé et que, en ce qui concerne les assignations à résidence, la question qui se pose est celle de leur durée dans le temps. Quant aux frontières, le vrai problème est celui de la porosité européenne, pour employer un euphémisme !

Un pays démocratique ne peut vivre durablement en état d'urgence, contraignant les libertés publiques, dans un climat d'inquiétude et de malaise au quotidien.

Après ce mois difficile, je ne doute pas que vous ayez déjà travaillé à résoudre ce problème : comment et quand sortir de l'état d'urgence ? Considérez-vous que la révision constitutionnelle facilitera les choses ? (Applaudissements sur les travées du RDSE et du groupe écologiste. – Mme Éliane Assassi applaudit également.)

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Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 16/12/2015

Réponse apportée en séance publique le 15/12/2015

M. Bernard Cazeneuve, ministre de l'intérieur. Monsieur Mézard, l'état d'urgence a été instauré, conformément aux principes généraux du droit, en raison d'un risque imminent de répétition des actes terroristes, abjects et barbares qui ont durement frappé notre pays.

Au bout de deux semaines, quel bilan peut-on tirer ?

Tout d'abord, les perquisitions effectuées nous ont permis de saisir 431 armes, dont la moitié sont des armes longues et 41 des armes de guerre.

Il faut savoir, mesdames, messieurs les sénateurs, que, en un an, c'est une centaine d'armes de guerre qui sont récupérées au cours de l'ensemble des procédures judiciaires. En trois semaines, nous avons donc saisi plus d'un tiers de ce total annuel. Nous avons pris ces armes à des réseaux criminels, dont certains de nature terroriste.

Par ailleurs, nous avons aussi saisi des avoirs financiers, à hauteur de près de 1 million d'euros. Nous avons récupéré des documents et des données informatiques qui sont en cours d'expertise et dont l'exploitation pourra déboucher sur d'autres opérations. Nous avons, enfin, prononcé des assignations à résidence.

L'état d'urgence a atteint son objectif. Comme vous l'avez dit, il ne saurait s'agir d'un état permanent, mais en sortir brutalement alors que le niveau de menace reste extrêmement élevé pourrait présenter un risque. C'est la raison pour laquelle le Président de la République et le Premier ministre présenteront un texte visant à maintenir l'équilibre entre l'efficacité des dispositifs de lutte contre le terrorisme et la préservation à tout prix des libertés et des principes de l'état de droit. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain et sur certaines travées du RDSE.)

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