Question de M. PLACÉ Jean-Vincent (Essonne - Écologiste) publiée le 24/12/2015

M. Jean-Vincent Placé interroge Mme la ministre de l'écologie, du développement durable et de l'énergie sur la volonté, dont elle a fait part en mars 2015, de procéder à une évaluation de l'impact du changement d'heure sur la consommation d'énergie afin d'apprécier l'opportunité de son maintien.
La dernière étude sur ce dispositif, réalisée par l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME) en 2010, a conclu à un impact positif de cette mesure pour 2009, celle-ci entraînant une économie d'énergie de l'ordre de 440 GWh sur l'éclairage. Ce gain a tendance à diminuer au fil du temps, compte tenu de l'introduction de lampes à basse consommation et de meilleures pratiques en termes d'éclairage public. Il devrait toutefois subsister à hauteur de 340 GWh à l'horizon 2030.
Selon cette même étude, l'impact sur les usages thermiques ne peut être évalué précisément et n'apparaît pas significatif. En 2030, des gains supplémentaires de l'ordre de 130 GWh pourraient être enregistrés concernant ces usages si des systèmes de régulation automatique sont installés afin de respecter des consignes de température.
Il semble toutefois tout à fait opportun et légitime de procéder à une nouvelle étude, afin d'actualiser et, si possible, d'affiner et préciser ces résultats concernant une mesure qui, bien qu'ayant un impact environnemental positif, est, lors de chacune de ses applications, sujette à d'importants débats.
Il faut rappeler que le changement d'heure est régi par la directive 2000/84/CE du Parlement européen et du Conseil du 19 janvier 2001 concernant les dispositions relatives à l'heure d'été. Une modification du dispositif impliquerait donc une négociation avec nos partenaires européens.
Aussi, il souhaiterait connaître le cadre d'analyse, la méthodologie et le calendrier de l'étude envisagée ainsi que, le cas échéant, son état d'avancement.

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Réponse du Ministère de l'écologie, du développement durable et de l'énergie publiée le 18/02/2016

Le système de l'heure d'été consiste à avancer l'heure légale de soixante minutes durant la période estivale par rapport au reste de l'année. Appliqué au Royaume-Uni et en Irlande depuis la Première Guerre mondiale et en Italie depuis 1966, le régime de l'heure d'été a été introduit dans l'ensemble des pays de l'Union européenne au début des années 1980 pour répondre aux chocs pétroliers et à la nécessité de maîtriser les consommations d'énergie. En France, il a été établi par le décret n°  75-866 du 19 septembre 1975. Le bon fonctionnement du marché intérieur européen, notamment en ce qui concerne le secteur des transports et des communications, a conduit à une harmonisation progressive des régimes d'heure d'été des États membres. Actuellement, c'est la directive 2000/84/CE du Parlement européen et du conseil du 19 janvier 2001 qui fixe les périodes d'heure d'été pour une durée indéterminée. En application de l'article 5 de cette directive, un rapport sur les incidences de l'heure d'été sur les différents secteurs concernés a été publié en 2007 par la Commission européenne qui estime que le régime d'heure d'été tel qu'instauré par la directive reste approprié. Contrairement à ce qui est enregistré dans les autres pays de l'Union européenne favorables à l'heure d'été, l'opinion publique française est plus nuancée. Selon la dernière enquête menée sur les conditions de vie et les aspirations des français par le centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie (CREDOC) début 2012, 40 % des personnes interrogées souhaitent le maintien de l'heure d'été, 21 % sont indifférentes et 38 % sont défavorables. Une nouvelle évaluation de l'impact de l'heure d'été en termes d'énergie, de gaz à effet de serre et de qualité de l'air, complétée par une revue des incidences économiques et sociétales, a été réalisée par l'agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (ADEME) en 2015. Cette étude confirme l'économie d'énergie actuellement réalisée sur l'usage éclairage et sur l'usage climatisation. Cette économie d'énergie est de l'ordre de quelques centaines de GWh répétée chaque année (205 GWh pour 2012). Un effet quantifiable positif du changement d'heure sur la qualité de l'air a été également identifié, notamment une diminution des concentrations de dioxyde d'azote et de particules. À l'avenir, les économies d'énergie engendrées par le régime d'heure d'été sont également confirmées par cette évaluation, mais elles diminueront d'ici 2030 en raison de la pénétration de technologies plus performantes (éclairage LED, systèmes de climatisation et de chauffage performants…). Dans ce contexte et étant donné l'harmonisation, sans dérogation possible, des dispositions des États membres de l'Union européenne concernant l'heure d'été à travers la directive 2000/84/CE du Parlement européen et du conseil du 19 janvier 2001 en vigueur pour une durée indéterminée, les autorités françaises prévoient de porter cette étude à la connaissance de la Commission européenne.

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