Question de M. LONGEOT Jean-François (Doubs - UDI-UC) publiée le 20/01/2016

Question posée en séance publique le 19/01/2016

M. Jean-François Longeot. Ma question s'adresse à M. le Premier ministre.

Monsieur le Premier ministre, la semaine dernière, ma collègue Chantal Jouanno vous interrogeait sur votre politique économique. Vous lui répondiez que le Président de la République allait proposer un « plan », « de nouveaux outils » contre le chômage. Ce plan a été annoncé hier matin, et nous sommes tout sauf convaincus.

Pour rappel, avec 5,6 millions de chômeurs, c'est près de 10 % des Français qui sont sans emploi. Et 43 % d'entre eux sont des chômeurs de longue durée !

Le Président de la République invoque les aides publiques, un hypothétique assouplissement des 35 heures, promet une baisse des charges, mais après 2017. C'est une opération à 2 milliards d'euros financée par des économies non précisées.

Une prime à l'embauche n'est pas opportune : c'est d'une baisse pérenne des charges que les entreprises ont besoin pour recruter !

Financer 500 000 formations supplémentaires – soit moins de 1 % du nombre des chômeurs –…

M. Didier Guillaume. Ce serait déjà pas mal !

M. Jean-François Longeot. … pour déboucher sur un emploi : oui ! Pour donner l'illusion d'une baisse du chômage avant les élections : ce serait totalement inacceptable ! Il serait plus pertinent de réformer notre système de formation, horriblement complexe, coûteux et très peu réactif.

Libérer l'organisation du travail dans les entreprises : oui ! Mais aussi, réformons ce droit du travail qui se retourne d'abord et avant tout contre les demandeurs d'emploi ! Il faut plus de souplesse pour les entreprises !

Par ailleurs, il faut faire confiance aux régions. En 2015, le Sénat voulait confier aux présidents de région le pilotage du service public de l'emploi ; vous vous y êtes opposé, comme vous vous êtes également opposé à la régionalisation de Pôle emploi, à laquelle votre secrétaire d'État chargé de la réforme territoriale était pourtant favorable.

M. le président. Votre question !

M. Jean-François Longeot. Monsieur le Premier ministre, allez-vous de nouveau changer d'avis et faire confiance aux régions, plus proches des réalités et des acteurs ? (Applaudissements sur les travées de l'UDI-UC, ainsi que sur quelques travées du groupe Les Républicains. – M. Gilbert Barbier applaudit également.)

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Réponse du Ministère du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social publiée le 20/01/2016

Réponse apportée en séance publique le 19/01/2016

Mme Myriam El Khomri, ministre du travail, de l'emploi, de la formation professionnelle et du dialogue social. Monsieur le sénateur, vous dites que vous n'êtes pas convaincus. Mais de quoi n'êtes-vous pas convaincus ? Qu'il faut former les demandeurs d'emploi dans notre pays ? (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains et de l'UDI-UC.) Qu'il faut mieux répondre à ces offres d'emploi non pourvues ?

On se compare toujours à l'Allemagne, mais, dans ce pays, on forme deux demandeurs d'emploi sur dix ; en Autriche, on forme quatre demandeurs d'emploi sur dix ; dans notre pays, on en forme un sur dix !

Alors, en effet, nous souhaitons mettre en œuvre un plan de formation supplémentaire des demandeurs d'emploi. Il ne s'agit pas d'un traitement statistique du chômage, vous le savez fort bien. (Exclamations ironiques sur les travées du groupe Les Républicains.) Les demandeurs d'emploi qui seront formés ne disparaîtront pas des chiffres de Pôle emploi.

M. Roger Karoutchi. Si !

Mme Myriam El Khomri, ministre. Partir des besoins des entreprises, développer les préparations opérationnelles à l'emploi, passer, comme l'a dit hier le Président de la République, de 8 000 à 50 000 contrats de professionnalisation pour soutenir l'effort de formation des entreprises, voilà le premier enjeu de ce plan !

Le deuxième enjeu, c'est de véritablement soutenir la création d'emplois. En effet, durant le temps de basculement du CICE en allégements de charges pérennes, l'objectif est de mettre en place cette prime à l'embauche de manière à susciter de façon beaucoup plus massive des créations d'emplois à un moment où l'on observe une reprise de l'activité économique.

Monsieur le sénateur, je vous le dis très sincèrement : tous les acteurs de l'emploi devront prendre leurs responsabilités. Le Premier ministre organisera un séminaire avec l'ensemble des présidents de région (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains et de l'UDI-UC.),...

M. François Grosdidier. On est sauvé !

Mme Myriam El Khomri, ministre. ... avec tous les partenaires sociaux, avec les représentants de l'État, à partir des besoins qui nous seront transmis bassin d'emploi par bassin d'emploi. L'objectif est de préparer ensemble la mise en œuvre opérationnelle de ce plan.

Enfin, vous le savez, le Président de la République l'a dit hier, nous sommes ouverts à toutes les expérimentations. Nous en discuterons lors de ce séminaire avec les présidents de région. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain.)

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