Question de M. GUILLAUME Didier (Drôme - Socialiste et républicain) publiée le 11/02/2016

M. Didier Guillaume attire l'attention de Mme la ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes sur le recul de la vaccination en France. En effet, il est constaté une recrudescence de certaines pathologies qui avaient disparu, par exemple la rougeole, faisant suite à une perte de confiance de la population dans la nécessité de se faire vacciner. Les vaccinations contre l'hépatite « B », le vaccin rougeole-oreillons-rubéole (ROR) ou contre la méningite sont en recul considérable, en raison notamment des polémiques ou des idées reçues propagées par les opposants aux vaccins.

C'est pourquoi il lui demande quelles mesures elle envisage de mettre en place ou de relancer, afin de réhabiliter une politique vaccinale qui s'avère urgente.

- page 498


Réponse du Ministère de l'aménagement du territoire, de la ruralité et des collectivités territoriales publiée le 08/06/2016

Réponse apportée en séance publique le 07/06/2016

M. Didier Guillaume. Monsieur le président, madame, monsieur les ministres, mes chers collègues, à deux jours de l'ouverture de l'Euro, au milieu de manifestations et à quelques semaines de l'éventuelle sortie du Royaume-Uni de l'Europe, ma question peut paraître déconnectée de la réalité et de l'actualité. Portant sur la vaccination, cette question adressée à Mme Marisol Touraine, ministre des affaires sociales et de la santé, préoccupe pourtant l'ensemble de nos concitoyens.

Il y a déjà plusieurs mois, j'ai été alerté par des concitoyens nombreux, notamment parmi les représentants des professions médicales, sur le net recul qu'accusent les chiffres de la vaccination en France.

La vaccination a constitué, nous le savons tous, une grande avancée dans l'histoire de notre pays en matière de santé publique ; elle a permis le recul, voire la disparition de certaines maladies qui ont sévi jusqu'au milieu du siècle dernier : la tuberculose, le tétanos, la polio, la méningite bactérienne, et cette liste n'est pas exhaustive.

Or malgré les progrès incessants de la médecine dans notre pays, on constate curieusement une recrudescence de certaines pathologies, par exemple de rougeole, qui avaient disparu. Et l'on constate en parallèle que les vaccinations contre l'hépatite B, le vaccin dit ROR contre la rubéole, les oreillons et la rougeole, ou la vaccination contre la méningite sont en net recul.

On peut certainement attribuer ce constat à une perte de confiance d'une catégorie de la population dans la vaccination, ce sujet ayant suscité de nombreux articles, ou simplement à l'évolution de notre société, la prévention ayant tellement progressé que certains de nos concitoyens pensent qu'ils ne craignent plus rien.

Il me semble donc utile de rappeler quelques éléments objectifs et scientifiques de nature à rassurer la population. C'est la raison pour laquelle je souhaite interroger Mme la ministre de la santé sur les mesures que le Gouvernement a envisagées, envisage ou envisagera de prendre en vue de la réhabilitation, urgente dans notre pays, de la politique vaccinale.

M. le président. La parole est à M. le ministre.

M. Jean-Michel Baylet, ministre de l'aménagement du territoire, de la ruralité et des collectivités territoriales. Monsieur le président Didier Guillaume, nous partageons votre constat. Effectivement, seules 47 % des personnes ciblées par la campagne de vaccination contre la grippe ont été vaccinées cette année. Nous sommes loin, très loin, de l'objectif de 75 % fixé par l'Organisation mondiale de la santé. Le taux de vaccination des jeunes filles contre le papillomavirus est seulement de 17 % en France, quand il est de près de 80 % au Royaume-Uni, en Belgique et au Danemark.

Pourtant, il faut rappeler, comme vous venez de le faire, que la vaccination est l'un des grands succès des politiques de prévention, et qu'il ne faut ni oublier ni banaliser les fléaux ainsi éradiqués ou amoindris dans nos pays. Ce geste a permis de sauver des millions de vies.

Le 12 janvier 2016, à la suite de la remise du rapport sur la politique vaccinale de Mme Sandrine Hurel, le Gouvernement a annoncé un plan pour la rénovation de la politique vaccinale.

Celui-ci vise tout d'abord à mieux informer les professionnels et le grand public par le biais de bulletins d'information trimestriels. Cette démarche s'accompagne également de la mise en ligne d'un site dédié à la vaccination par l'Agence nationale de santé publique. Depuis la fin du mois d'avril, le site vaccination-info-service.fr est ainsi consultable par tous.

Ce plan a aussi pour objectif de sécuriser l'approvisionnement des vaccins pour faire face aux tensions que nous connaissons actuellement, et ce en responsabilisant les industriels et en engageant des réformes telles que la mise en place de plans de gestion des pénuries. Dans les prochaines semaines, Marisol Touraine rencontrera de nouveau les industriels producteurs et distributeurs de vaccins en France afin qu'ils lui présentent leurs travaux pour mettre fin aux tensions d'approvisionnement qui sont encore ponctuellement constatées sur le territoire pour certains vaccins.

Enfin, ce plan vise à débattre avec tous nos concitoyens de l'intérêt de la vaccination. Nous nous efforcerons de démontrer cet intérêt, et votre intervention nous y aide, monsieur Guillaume. Afin d'alimenter ces débats qui se dérouleront tout au long de l'année, l'organisation d'une grande concertation citoyenne a été confiée au professeur Alain Fischer. Chacun pourra s'exprimer et suivre les débats, et les conclusions de ces échanges seront remises à la ministre des affaires sociales et de la santé dès la fin de cette année.

M. le président. La parole est à M. Didier Guillaume.

M. Didier Guillaume. Je vous remercie, monsieur le ministre, d'avoir répondu à cette question au nom du Gouvernement et de Marisol Touraine. Celle-ci ne visait qu'à alerter sur ce sujet qui me semble important, et la réponse qui m'a été apportée à l'instant me satisfait.

Le recul de la vaccination dans notre pays doit en effet être stoppé, sinon il pourra en résulter des problèmes en ville comme dans les zones rurales. J'attends donc avec impatience les mesures que vous avez annoncées, monsieur le ministre, et je salue la volonté de ce gouvernement d'aller dans le sens d'une meilleure prévention et de plus de vaccination. Il faut vraiment que nos concitoyens comprennent que la vaccination est quelque chose de positif pour la santé publique.

- page 9115

Page mise à jour le