Question de M. CÉSAR Gérard (Gironde - Les Républicains) publiée le 08/07/2016

Question posée en séance publique le 07/07/2016

M. Gérard César. Ma question s'adresse à Mme la ministre des affaires sociales et de la santé et j'y associe des collègues siégeant sur diverses travées de notre hémicycle.

Le 13 juin dernier, la Cour des comptes a publié un rapport sur les politiques de lutte contre les consommations nocives d'alcool. Ce rapport recommande de mettre en œuvre tous les leviers disponibles pour faire baisser la consommation moyenne d'alcool dans l'ensemble de la population, et non plus de lutter contre les excès de consommation, fondement même des politiques de santé publique.

Cette approche semble remettre ainsi en cause toute idée de consommation modérée. Les actions préconisées dans ce rapport visent à relever fortement la fiscalité, à supprimer les repères de consommation, à limiter la publicité, à accroître les contrôles et les sanctions. Aucune priorité, aucun objectif clair n'est affiché, et cette démarche ne correspond ni à la réalité du terrain ni aux véritables enjeux de santé publique.

C'est le vin qui est plus particulièrement ciblé. Nous savons tous que ce n'est pas le produit qui pose problème : c'est l'excès, le comportement à risque.

Je souhaiterais savoir, madame la ministre, quelles suites le Gouvernement entend donner à ce rapport. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur quelques travées de l'UDI-UC.)

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Réponse du Ministère des affaires sociales et de la santé publiée le 08/07/2016

Réponse apportée en séance publique le 07/07/2016

M. le président. La parole est à Mme la ministre des affaires sociales et de la santé.

Mme Marisol Touraine, ministre des affaires sociales et de la santé. Monsieur le sénateur, vous vous êtes illustré en menant la bataille, à l'occasion de la discussion d'une loi de santé publique, pour mettre à bas un volet de la loi Évin qui encadrait la publicité pour les boissons alcooliques. (Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.) L'examen d'un tel texte n'est pourtant pas le moment le plus opportun pour se pencher sur cette question...

Mais je vois que vous avez de la suite dans les idées (Exclamations ironiques sur les travées du groupe Les Républicains.) : au moment où la Cour des comptes publie un rapport mettant en exergue la nécessité d'actionner tous les leviers disponibles pour faire reculer la consommation excessive d'alcool, vous souhaitez remettre en question les politiques menées en la matière.

M. Gérard César. Pas du tout !

Mme Marisol Touraine, ministre. J'ai étudié avec beaucoup d'intérêt les préconisations de la Cour des comptes. Les politiques publiques nécessaires ont été engagées ; il convient de les relayer. Je rappelle que l'alcool est responsable de 50 000 décès par an dans notre pays. Nous devons donc faire en sorte de renforcer la prévention et l'information en direction des jeunes.

M. Gérard César. Nous sommes tous d'accord là-dessus !

Mme Marisol Touraine, ministre. Des dispositions à cette fin ont été introduites dans la loi de modernisation de notre système de santé.

Il est nécessaire d'encadrer les messages publicitaires, de mettre en place des avertissements et de former les professionnels de santé.

Nous agissons en direction des jeunes en instaurant des consultations spécifiques pour ceux d'entre eux qui sont dépendants de l'alcool ou d'autres substances.

M. le président. Veuillez conclure, madame la ministre !

Mme Marisol Touraine, ministre. Le Gouvernement continuera à agir résolument, en matière de santé publique, pour faire en sorte que la consommation excessive d'alcool cause moins de décès dans notre pays. (Applaudissements sur la plupart des travées du groupe socialiste et républicain.)

M. le président. La parole est à M. Gérard César, pour la réplique.

M. Gérard César. La priorité est en effet de privilégier l'éducation, la prévention et la protection, en particulier des jeunes et des populations à risque.

Madame la ministre, je vous rappelle que la consommation de vin dans notre pays a baissé de façon constante, à hauteur de 66 % en cinquante ans, et de 20 % ces dix dernières années.

Pourtant, les problèmes demeurent. Il paraît possible de concilier atouts économiques et promotion de la santé publique, en favorisant une consommation responsable, culturelle, de plaisir, en accord avec la défense de notre patrimoine culturel, économique et gastronomique.

Je rappelle que la France accueille 10 millions d'œnotouristes par an et que la filière vins et spiritueux enregistre un chiffre d'affaires de 11 milliards d'euros à l'export. Contrairement à ce que vous pensez, madame la ministre, la loi Évin n'a pas été « détricotée » par le Parlement ; elle a été clarifiée afin de permettre une meilleure communication. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur quelques travées de l'UDI-UC.)

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