Question de Mme PRIMAS Sophie (Yvelines - Les Républicains) publiée le 18/11/2016

Question posée en séance publique le 17/11/2016

Mme Sophie Primas. Ma question s'adresse à Mme la ministre des affaires sociales et de la santé. Mes interrogations portent sur les symptômes d'une certaine schizophrénie qui touche, semble-t-il, le Gouvernement.

D'un côté, vous mettez en œuvre une politique de lutte contre la consommation de drogue – c'est heureux ! –, notamment le cannabis, à travers la Mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives.

Mais, d'un autre côté, et en même temps, une partie de votre majorité et, quelquefois, des ministres dévoient ce message, en prônant la dépénalisation ou la légalisation du cannabis. Ces prises de position très médiatiques n'ont pour effet que d'en dédramatiser la consommation aux yeux de la jeunesse.

Pourtant, cette drogue est aujourd'hui un véritable fléau. Sur le site de la mission interministérielle précitée, nous pouvons voir qu'il existe des risques de cancer précoce du poumon, d'altération du cerveau, de diminution des capacités de mémoire et de vigilance.

À ce danger sanitaire s'ajoute bien sûr celui du trafic, qui nourrit la délinquance, la violence et parfois même le terrorisme et qui, en cas de dépénalisation, se reporterait sur des drogues plus dures.

Aussi, il n'est pas étonnant que cette politique de signaux contradictoires au plus haut niveau de l'État conduise à une banalisation du phénomène. Les chiffres de l'Observatoire français des drogues et toxicomanies sont cruels ; ils indiquent que, après un fort recul entre 2002 et 2011, le niveau d'expérimentation du cannabis chez les jeunes a progressé de 17 %.

Dans ce contexte, pourriez-vous nous indiquer si, de manière unanime, le Gouvernement va, enfin, cesser de considérer ce problème comme une fatalité et agir avec détermination et surtout cohérence ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur quelques travées de l'UDI-UC.)

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Réponse du Secrétariat d'État, auprès du ministère des affaires sociales et de la santé, chargé des personnes handicapées et de la lutte contre l'exclusion publiée le 18/11/2016

Réponse apportée en séance publique le 17/11/2016

Mme Ségolène Neuville, secrétaire d'État auprès de la ministre des affaires sociales et de la santé, chargée des personnes handicapées et de la lutte contre l'exclusion. Madame la sénatrice, vous abordez une question extrêmement grave : la consommation de cannabis, en particulier de la part des jeunes.

La France interdit la consommation de cannabis, et cela pour une raison très simple : elle comporte en effet des risques extrêmement graves pour la santé. Vous en avez cité quelques-uns, il en existe d'autres : les risques cardio-vasculaires, qui ne sont jamais évoqués et sont pourtant très importants ; les risques psychiatriques en termes de décompensation ou de déclaration de pathologies diverses et variées ; les risques de troubles cérébraux…

Je le répète, la consommation de cannabis comporte des risques extrêmement graves. C'est pourquoi nous poursuivons un objectif de santé publique, et la position de la ministre des affaires sociales et de la santé, Marisol Touraine, n'a jamais varié. Comme pour l'ensemble des drogues, notre objectif est la prévention et la diminution de la consommation.

Ainsi, une enveloppe de 320 millions d'euros est destinée, chaque année, à financer plus de cinq cents lieux de consultations spécifiques sur toute la France. Je vous invite à faire connaître ces dispositifs de prévention pour les jeunes qui sont notamment destinés à accueillir les parents, souvent désemparés face à une éventuelle consommation de la part de leurs enfants.

C'est grâce à ces moyens de prévention que nous réussirons à diminuer ce fléau. Selon certains signes d'ailleurs, la consommation pourrait commencer à baisser. (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.) Une étude récente montre que, entre 2011 et 2015, la consommation dans les lycées français a diminué.

M. le président. Veuillez conclure, madame la secrétaire d'État !

Mme Ségolène Neuville, secrétaire d'État. Dans les établissements recensés par l'étude, la consommation est passée de 49 % à 44 %. C'est encore beaucoup trop, mais il pourrait y avoir un début de diminution. Il nous faut poursuivre pour arrêter ce fléau ! (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain. – Mmes Françoise Laborde et Hermeline Malherbe applaudissent également.)

M. le président. La parole est à Mme Sophie Primas, pour la réplique.

Mme Sophie Primas. Madame la secrétaire d'État, je ne peux pas être d'accord avec vos chiffres et le rapport de mon collègue Gilbert Barbier me le confirme. Je suis élue du nord des Yvelines et je connais bien les méfaits de la consommation de cannabis dans les lycées et les collèges. Pour un gouvernement qui avait dit qu'il ferait de la jeunesse sa priorité, nous sommes, ici, face à un échec cinglant ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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