Question de M. CHARON Pierre (Paris - Les Républicains) publiée le 23/11/2016

Question posée en séance publique le 22/11/2016

M. Pierre Charon. Ma question s'adressait à M. le ministre de l'intérieur, que je salue.

Je vais trahir un secret, mais je vous informe que l'on m'a téléphoné pendant le déjeuner pour me dire que ce serait Mme Ségolène Royal qui me répondrait. On m'a ensuite dit que ce serait M. Vidalies. Finalement, c'est Mme Pompili – je la salue également – qui répondra à ma question ! (Sourires et exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.)

Le 9 septembre dernier, Anne Hidalgo a décidé de fermer les voies sur berges de la rive droite de la Seine. (Exclamations amusées sur les mêmes travées.) Au mépris de la concertation, la maire de Paris a passé outre le refus des riverains et l'avis défavorable de la commission d'enquête. Drôle de conception de la démocratie !

Le comité régional de suivi et d'évaluation des impacts de la piétonnisation des voies sur berges rive droite a rendu un deuxième rapport d'étape.


M. Roger Karoutchi. Très bien !


M. Pierre Charon. Ses conclusions sont cinglantes :…


M. Alain Fouché. Absolument !


M. Pierre Charon. … la fermeture des voies sur berges vise à diminuer le trafic automobile, mais elle le renforce sur les quais et les rues situées aux alentours !


M. Alain Néri. On n'est pas au Conseil de Paris ici !


M. Pierre Charon. Depuis quinze ans, on constatait une baisse régulière du trafic dans Paris intra-muros. Aujourd'hui, la circulation augmente de nouveau, entraînant des embouteillages supplémentaires :…


M. Simon Sutour. C'est une question du mardi matin !


M. Pierre Charon. … sous prétexte de libérer les berges, on encombre la voirie !


M. Jean-Louis Carrère. Vous n'avez qu'à venir en province !


M. Pierre Charon. On observe également une hausse significative du niveau de bruit, bruit que vous faites allégrement, mes chers collègues ! (M. Alain Néri s'exclame.)

L'environnement n'en sort pas indemne. Sachant qu'un véhicule à l'arrêt, c'est davantage de pollution, les reports de circulation consécutifs aux fermetures de voies augmentent le taux de dioxyde d'azote.

Cette opération de communication se transforme en enfer pour tout le monde : les riverains et les automobilistes, les Parisiens comme les Franciliens ! Même le préfet de police a prudemment demandé une expérimentation de six mois. Et cette mesure doit être réversible, monsieur Cazeneuve. Or Mme Hidalgo encourage des constructions qui ne font que présager un aménagement définitif des voies sur berges !

On veut imposer par la force une mesure qui pénalise Paris et toute l'Île-de-France ! (Protestations sur les travées du groupe socialiste et républicain.) Je demande au ministre de l'intérieur, par la voix de Mme Pompili, de me dire ce qu'il envisage de faire dans un dossier géré de manière irresponsable et sectaire du début à la fin. (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur quelques travées de l'UDI-UC. – M. David Assouline proteste.)

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Réponse du Secrétariat d'État, auprès du ministère de l'environnement, de l'énergie et de la mer, chargé des relations internationales sur le climat, chargé des transports, de la mer et de la pêche publiée le 23/11/2016

Réponse apportée en séance publique le 22/11/2016

M. Alain Vidalies, secrétaire d'État auprès de la ministre de l'environnement, de l'énergie et de la mer, chargée des relations internationales sur le climat, chargé des transports, de la mer et de la pêche. Cette semaine est pleine de grandes surprises, monsieur Charon : c'est donc moi qui vais vous répondre. (Marques de désapprobation sur les travées du groupe Les Républicains.)

Au fond, la question que vous évoquez, à savoir la congestion des grandes métropoles par les véhicules automobiles et ses conséquences sur la santé publique, avec des milliers de morts chaque année, se pose partout dans le monde. Nul ne peut s'exonérer d'y répondre, mais les réponses sont différentes.

Certaines sont beaucoup plus abruptes que celle que vous abordez, puisqu'elles visent tantôt des péages urbains, tantôt des interdictions. Notre responsabilité collective est évidemment, en face, de développer le transport collectif, qui est une réponse nécessaire.

Ce débat fait partie de l'affrontement démocratique. Mme Hidalgo et la liste qui a obtenu la confiance des Parisiens n'ont pris personne par surprise, puisque, vous le savez, cette proposition figurait parmi celles que la majorité des habitants de la capitale ont acceptées. (Mme Annie Guillemot applaudit. – Mme Catherine Procaccia et M. Pierre Charon s'exclament.)

Mme Emmanuelle Cosse, ministre du logement et de l'habitat durable. Eh oui !

M. Alain Vidalies, secrétaire d'État. Mme Hidalgo et la majorité n'ont fait que mettre en œuvre ce à quoi elles s'étaient engagées ; cela mérite d'être rappelé.

Depuis se déroule un débat au cours duquel chacun veut désigner ses propres experts et prendre des initiatives qui sont parfois singulières. Ainsi, je tiens à le rappeler pour que le dossier soit complet, un amendement a tout simplement visé, pour répondre à cette situation, à transférer la compétence voirie à la présidence de la région.

M. Roger Karoutchi. C'est normal !

M. Alain Vidalies, secrétaire d'État. On pourrait expliquer au maire de Bordeaux que c'est le président Rousset qui va exercer cette compétence, ou au maire de Toulouse que ce sera la présidente de la région. Tout cela n'est pas sérieux ! (M. Roger Karoutchi s'exclame.)

Le sérieux, c'est la garantie que l'État doit apporter. Pendant six mois aura lieu une observation, il y a une expertise, qui doit être non pas partisane, mais partagée. Je vous le répète, l'ensemble des éléments d'information que le préfet détient seront communiqués à tous. À l'issue de cette phase, une décision sera prise.

L'inertie n'était pas une option ; la démocratie est au rendez-vous de ce qui a été fait. (Très bien ! et applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain. – M. Jean Desessard applaudit également.)

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