Question de Mme MORIN-DESAILLY Catherine (Seine-Maritime - UDI-UC) publiée le 02/12/2016

Question posée en séance publique le 01/12/2016

Mme Catherine Morin-Desailly. Ma question s'adresse à M. le Premier ministre.

Selon le procureur de la République de Paris, notre pays aurait dû être frappé aujourd'hui même par un terrible attentat, finalement déjoué par nos services de renseignement.

Nous vivons depuis plus d'un an sous le régime de l'état d'urgence, que vous nous proposerez prochainement de prolonger de nouveau.

Depuis plusieurs semaines, nos concitoyens assistent, atterrés, à l'inversion des priorités. Les menaces contre la sécurité de notre pays n'ont jamais été aussi graves ; elles exigent la concentration et la mobilisation totale de l'exécutif. Pourtant, le Président de la République et vous-même, monsieur le Premier ministre, poursuivez une magistrale partie de go pour savoir qui encerclera l'autre et lui fera abandonner ses prétentions présidentielles. (Exclamations sur les travées du groupe socialiste et républicain. – M. Albéric de Montgolfier applaudit.)

Les Français sont, à juste titre, choqués et inquiets ! Vous semblez tous deux, en effet, davantage concernés par votre éventuelle participation à une élection primaire que par leurs problèmes quotidiens ou par leur sécurité.

Ils sont également préoccupés de constater que vous avez, lui et vous, attisé la flamme d'une crise institutionnelle. Chacun se demande comment le Président de la République ou le Premier ministre pourrait, après avoir été battu aux primaires, continuer d'exercer ses fonctions.

Cette situation pose avec gravité la question de la stabilité de nos institutions, d'autant que, depuis la publication inédite de ses confidences, le Président de la République fait face à une crise d'autorité et de respect inédite sous la Ve République de la part de sa propre majorité, de son Premier ministre et, surtout, des Français.


M. Didier Guillaume. Ces propos ne sont pas à la hauteur du Sénat !


Mme Catherine Morin-Desailly. Quelles assurances pouvez-vous donner à nos concitoyens afin que l'intérêt supérieur de la Nation prime tout le reste, notamment les querelles d'ambition ? Quelles garanties pouvez-vous apporter pour que le Gouvernement soit effectivement en ordre de marche jusqu'à la fin de son quinquennat ? (Très bien ! et applaudissements sur les travées de l'UDI-UC et du groupe Les Républicains.)

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Réponse du Premier ministre publiée le 02/12/2016

Réponse apportée en séance publique le 01/12/2016

M. Manuel Valls, Premier ministre. Madame la sénatrice, je vous répondrai aussi clairement que je l'ai fait hier à l'Assemblée nationale.

Ma conception des institutions – j'ai eu l'occasion de le rappeler ici – n'a pas changé. Vous évoquez une crise institutionnelle, qui n'existe pas.

En tant que Premier ministre – il ne peut pas en être autrement dans les institutions de la Ve République, ainsi que dans nos rapports personnels –, j'entretiens des rapports de confiance et de respect avec le Président de la République.

Ces polémiques n'intéressent pas. Ce qui m'importe dans les fonctions que j'exerce depuis 2012, c'est la situation des Français.

Comme je l'ai souligné hier à l'Assemblée nationale, nous devrions au moins nous mettre d'accord sur un point : lorsqu'il s'agit du terrorisme, de la menace lourde qui pèse sur notre pays, que vous avez eu raison de rappeler, il faut saluer, contrairement à ce que j'entends parfois, l'extraordinaire engagement de nos forces de sécurité et de nos services de renseignement. Des attentats ont été déjoués il y a quelques jours, d'autres l'avaient été il y a quelques semaines. Ces services travaillent jour et nuit à démanteler les réseaux, à prévenir et à empêcher les attentats. Je veux qu'on leur rende un hommage appuyé parce qu'ils nous protègent ! (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain, du RDSE et sur quelques travées de l'UDI-UC et du groupe Les Républicains.)

Madame la sénatrice, croyez-moi, si quelque chose devait nous empêcher de dormir – permettez-moi cette expression familière –, le Président de la République, le ministre de l'intérieur, le ministre de la défense et moi-même, ce serait évidemment le risque terroriste. D'ailleurs, ce qui nous mobilise depuis le mois de janvier 2015, c'est bien – mais pas seulement ! – la lutte contre le terrorisme, au moment où les menaces ne cessent, par vidéo, notamment, de prendre la France pour cible, parce que nous sommes engagés en Syrie et en Irak.

Telle est, madame la sénatrice, ma conception des institutions, de ma relation avec le chef de l'État et de notre engagement.

Le reste, c'est la bataille politique. Une nouvelle fois, le destin du pays est engagé. Or c'est la moindre des choses que nous participions à ce débat, sans oublier notre tâche, pour défendre ce que nous avons fait depuis 2012, pour observer, critiquer et contester ce que propose aujourd'hui François Fillon, qui n'était pas votre candidat il y a quelques semaines. Je considère – mais nous en débattrons – que ce projet est dur pour les Français, notamment pour les plus modestes. (Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.) Il est très éloigné de ce qu'il faut, à mon sens, pour le pays. Mais c'est cela le débat.

Nous devrons également nous projeter dans l'avenir parce que le monde a beaucoup changé et que les défis sont considérables. C'est l'honneur de la politique que d'essayer d'y répondre.

Madame la sénatrice, de grâce, ne doutez pas un seul instant que notre préoccupation est d'abord la protection des Français et de leurs intérêts ! (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain.)

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