Question de M. MALHURET Claude (Allier - Les Républicains) publiée le 02/12/2016

Question posée en séance publique le 01/12/2016

M. Claude Malhuret. Monsieur le secrétaire d'État, ma question s'adressait à Mme Royal, qui assistera dimanche prochain, à La Havane, aux obsèques de l'un des plus grands criminels du XXe siècle. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et de l'UDI-UC. – Protestations sur les travées du groupe CRC.)

Près de 100 00 morts, exécutés, assassinés, torturés, emprisonnés à vie, des millions de boat people, un cinquième du peuple cubain exilé, dont des milliers de morts en mer, des dizaines de milliers d'autres vies perdues par la misère, la malnutrition, le désastre économique causé par le communisme qui fut, avec le nazisme, l'un des deux plus grands fléaux du XXe siècle.

Avant de poser ma question, je voudrais offrir un peu de mon temps de parole à toutes les victimes de Fidel Castro en observant quelques instants de silence. (Mmes et MM. les sénateurs du groupe Les Républicains et de l'UDI-UC se lèvent et observent quelques instants de silence.)


Plusieurs sénateurs du groupe socialiste et républicain. Cinéma ! Ridicule ! Lamentable !


Mme Éliane Assassi. Nous aurons eu droit à un show toute la semaine !


M. Didier Guillaume. On est au spectacle !


M. Claude Malhuret. Monsieur le secrétaire d'État, ma question est simple.


M. Jean-Louis Carrère. Vous vous croyez au théâtre ?


M. Claude Malhuret. On aurait pu penser que ceux qui ont été pendant si longtemps les complices des crimes de Castro auraient un peu de pudeur maintenant que ces crimes sont connus de tous, mais ils continuent, en se moquant de notre hommage, à salir la mémoire des victimes.


M. Robert Hue. Et les assassins de Salvator Allende ?


M. Claude Malhuret. Une fois de plus, ils ne déshonorent qu'eux-mêmes !

Monsieur le secrétaire d'État, ma question est simple, disais-je : alors que de nombreux pays n'envoient que des émissaires de second rang, était-il opportun de dépêcher à Cuba la numéro trois du Gouvernement français, et celle-ci aura-t-elle ne serait-ce qu'un seul geste de soutien au peuple cubain toujours sous la dictature ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et de l'UDI-UC. – Vives protestations sur les travées du groupe CRC et sur quelques travées du groupe socialiste et républicain.)


Mme Éliane Assassi. Quel sénateur de droite n'est pas allé en vacances à Cuba ?

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Réponse du Secrétariat d'État, auprès du ministère des affaires étrangères et du développement international, chargé des affaires européennes publiée le 02/12/2016

Réponse apportée en séance publique le 01/12/2016

M. Harlem Désir, secrétaire d'État auprès du ministre des affaires étrangères et du développement international, chargé des affaires européennes. Monsieur le sénateur, le Président de la République et le ministre des affaires étrangères ont présenté les condoléances de la France au gouvernement et au peuple cubains après le décès de M. Fidel Castro.

Lors de la cérémonie d'hommage public organisée mardi dernier à La Havane, c'est M. Jean-Pierre Bel, envoyé personnel du Président de la République pour l'Amérique latine et les Caraïbes, qui a représenté la France. (Exclamations amusées sur les travées du groupe Les Républicains et de l'UDI-UC.)

En outre, comme vous l'avez rappelé, la ministre de l'environnement Ségolène Royal participe cette semaine à la conférence des parties de la convention sur la biodiversité biologique à Cancún au Mexique. Aussi, elle fera une escale à La Havane, pour assister aux cérémonies qui marqueront la fin de la période de deuil national. (Exclamations sur les travées du groupe Les Républicains.)

La France, qui n'a jamais rompu ses relations diplomatiques avec Cuba, pas plus sous le précédent gouvernement ou les majorités dans lesquelles vous exerciez vous-même des responsabilités gouvernementales que sous celui-ci, souhaite poursuivre le développement de ses relations avec Cuba dans tous les domaines, y compris le dialogue politique sur les progrès de la démocratie et des droits de l'homme.

Cette politique volontariste engagée depuis 2012 vise à soutenir les évolutions tant économiques que politiques de ce pays et à contribuer à améliorer la vie des Cubains, tout en promouvant les intérêts de la France.

Je crois que toute la communauté internationale, y compris les États-Unis – en tout cas sous la présidence de M. Obama –, mais aussi un certain nombre d'autorités morales et religieuses – je pense à la visite du pape à Cuba –, a souhaité accompagner l'évolution et l'ouverture de Cuba.

Cela passe également par le soutien à l'ouverture économique. La France continuera donc à appeler à la levée de l'embargo américain sur Cuba, qui représente un frein à son développement économique, une punition à l'égard de la population après que le peuple cubain, à un certain moment de son histoire, a décidé de conquérir sa liberté face à un grand voisin qui se comportait de façon impérialiste.

M. le président. Veuillez conclure, monsieur le secrétaire d'État.

M. Harlem Désir, secrétaire d'État. Je me réjouis donc que l'Union européenne puisse signer, le 12 décembre prochain,…

M. le président. Je vous demande de conclure, monsieur le secrétaire d'État.

M. Harlem Désir, secrétaire d'État. … un accord de coopération et de dialogue politique avec Cuba, qui ouvrira une nouvelle ère de nos relations, à laquelle la France prendra part. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain et du groupe CRC.)

M. le président. La parole est à M. Claude Malhuret, pour la réplique.

M. Claude Malhuret. « L'histoire m'absoudra », disait Castro. Mais il se trompait : l'histoire le désignera, aux côtés de Staline, de Kim Il-sung ou de Pol Pot, comme l'un des pires bourreaux de son propre peuple.

J'entends les sanglots pathétiques devant la statue de Bolivar du commandante Mélenchon, adorateur de tous les tyrans, pourvu qu'ils soient marxistes.

M. Jean-Louis Carrère. Et le pape ?

M. Claude Malhuret. J'entends les éloges appuyés du dernier parti en Europe qui ose encore s'appeler « communiste ».

M. Jean-Louis Carrère. Et le pape ?

M. Claude Malhuret. Une personne ne participera pas à la cérémonie dimanche : Juanita Castro, la sœur de Fidel Castro, exilée depuis bien longtemps, a annoncé qu'elle n'irait pas à cet enterrement.

M. le président. Veuillez conclure, mon cher collègue !

M. Claude Malhuret. Excusez-moi, monsieur le président, mais j'ai été interrompu.

Mme Royal, elle, ira ! Et s'abstiendra sans doute de toute critique envers le caudillo botté de La Havane.

M. le président. Je vous prie de conclure, s'il vous plaît !

M. Claude Malhuret. Eh bien au moins, aujourd'hui, au Sénat français, auront été exprimées les paroles… (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur quelques travées de l'UDI-UC. – Protestations sur plusieurs travées du groupe socialiste et républicain et du groupe CRC.)

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