Question de M. RAPIN Jean-François (Pas-de-Calais - Les Républicains) publiée le 21/12/2016

Question posée en séance publique le 20/12/2016

M. Jean-François Rapin. Monsieur le président, monsieur le Premier ministre, mes chers collègues, l'heure est au bilan.

Ce que l'on retiendra de ce quinquennat, c'est que, malgré des discours qui ont l'apparence de la générosité, à force de renoncement et d'entêtement, ce gouvernement est responsable d'une « casse sociale » sans précédent.

Une politique se juge à l'aune de ses résultats. Elle ne se juge pas à l'aune d'une vision de la société qui tourne le dos à la réalité.

Quel est le vrai bilan de la gauche ?

Depuis 2012, le chômage a explosé. Nous sommes passés du quatorzième au vingt-deuxième rang en Europe. Notre école est parmi les plus inégalitaires. L'abandon de nos campagnes a créé des zones en totale déréliction. Enfin, l'autorité de l'État vacillante a laissé se développer ce que l'on appelle pudiquement des zones de non-droit.

Derrière le chômage qui a explosé, derrière l'école qui ne remplit pas sa mission, derrière les territoires abandonnés, derrière la violence et la délinquance non réprimées, il y a des Français qui souffrent et pour qui ce quinquennat illustre ce qu'est la « casse sociale ».

Votre politique produit ses pires effets sur les plus faibles. Ce sont les plus faibles qui sont au chômage, qui décrochent à l'école, qui vivent dans nos régions abandonnées, qui subissent la violence au quotidien.

Ne pensez-vous pas, monsieur le Premier ministre, qu'il est temps que vous regardiez les faits en face ? L'heure n'est-elle pas venue de vous poser la question de l'échec de tous ces choix depuis cinq ans ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur certaines travées de l'UDI-UC.)

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Réponse du Premier ministre publiée le 21/12/2016

Réponse apportée en séance publique le 20/12/2016

M. Bernard Cazeneuve, Premier ministre. Monsieur le sénateur, je pense qu'il n'a pas dû échapper à votre sagacité que nous étions dans une période électorale, pour poser une question aussi nuancée. (Bravo ! et applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain.)

Nous sommes depuis le début de cette séance dans la recherche du rassemblement et de la mesure, et j'ai bien senti que pour une minorité d'entre vous, cela constituait un effort extrêmement important, dont je ne savais pas s'il pourrait se poursuivre jusqu'au terme de la séance.

Votre question nous ramène à la réalité de la politique dans ses affrontements les plus classiques.

Je fais face à la réalité à laquelle notre pays est confronté et je vous répondrai avec un souci d'honnêteté dans la démonstration, mais aussi de vérité, de pondération et d'équilibre.

Certes, il est possible que nous n'ayons pas tout réussi, mais de là à considérer comme le sous-entend votre question que nous aurions tout raté, il y a la frontière qui sépare la bonne foi de la mauvaise foi.

Permettez-moi d'en prendre un certain nombre d'exemples.

Vous vous inquiétez de la situation de l'école, mais que vous ne vous en êtes-vous inquiété lorsque 80 000 emplois ont été supprimés (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain, du groupe écologiste et du RDSE.), que la formation des enseignants était remise en cause, et que l'échec scolaire en résultait ?

Pourquoi ne reconnaissez-vous pas que nous avons recréé des postes et redonné des moyens à l'école, notamment dans des zones qui étaient très défavorisées, par exemple la Seine-Saint-Denis ?

Comme le montre l'enquête PISA, si l'on veut lutter efficacement contre l'échec scolaire, si l'on veut restaurer l'égalité des chances, il faut plus d'enseignants pour donner la possibilité à ceux qui ont peu d'avoir plus dans le face-à-face pédagogique. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain, du groupe écologiste et du RDSE.)

Quand vous parlez de l'école, j'ai envie de vous rappeler ce qu'est votre bilan afin de faire la différence avec ce qu'a été notre action. (Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.)

Vous parlez de l'autorité de l'État et de la sécurité, mais pourquoi est-ce que vous ne vous réjouissez pas, monsieur le sénateur, de voir ce gouvernement créer 9 000 emplois quand la majorité que vous souteniez en a supprimé 13 000 ? (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain.- Protestations sur les travées du groupe Les Républicains.)

Au moment où nous abordons la campagne en vue de l'élection présidentielle, ce serait un signe d'honnêteté intellectuelle.

Pourquoi ne reconnaissez-vous pas que grâce aux moyens que nous avons mobilisés pour la sécurité, en particulier pour rétablir des forces de sécurité là où il n'y en avait pas, nous avons pu, dans votre département, procéder à l'évacuation de Calais dans des conditions totalement humaines et absolument exemplaires, auxquelles, du reste, une partie de vos amis politiques ne nous invitaient pas ? (Protestations renouvelées sur les travées du groupe Les Républicains.) Puisque vos amis politiques sur place le reconnaissent, pourquoi ne pas l'avoir évoqué comme une réussite de ce gouvernement dans votre question ?

M. le président. Il faut conclure, monsieur le Premier ministre.

M. Bernard Cazeneuve, Premier ministre. Pourquoi ne reconnaissez-vous pas que les dispositifs destinés à restaurer la compétitivité des entreprises que nous avons mis en place leur ont permis de gagner deux points de marge et de retrouver leurs marges d'avant la crise économique du milieu des années 2000 ?

Pourquoi ne reconnaissez-vous pas que cette politique a permis à l'investissement industriel de progresser de 3,4 %, soit trois fois plus qu'au cours des dernières années ?

M. François Grosdidier. Ça va tellement mieux que le Président ne se représente pas !

M. le président. Je vous remercie de bien vouloir conclure, monsieur le Premier ministre.

M. Bernard Cazeneuve, Premier ministre. Monsieur le sénateur, je pourrais multiplier les exemples, égrener les éléments, mais je comprends que cela vous contrarie beaucoup. Comme je suis bon garçon et que je n'ai pas vocation à contrarier l'opposition, je m'arrêterai là, de manière à ne pas gâcher votre soirée. (Applaudissements prolongés sur les travées du groupe socialiste et républicain, du groupe écologiste et du RDSE.)

M. le président. La parole est à M. Jean-François Rapin, pour la réplique.

M. Jean-François Rapin. Monsieur le Premier ministre, je ne suis pas contrarié, et je suis heureux de constater que vous avez encore un auditoire. (Rires et applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains. – Protestations sur les travées du groupe socialiste et républicain.)

Vous dites souvent qu'il faut réformer sans détruire : je pense que vous avez détruit sans réformer ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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