Question de M. FROGIER Pierre (Nouvelle-Calédonie - Les Républicains) publiée le 13/01/2017

Question posée en séance publique le 12/01/2017

M. Pierre Frogier. Ma question s'adresse à M. le Premier ministre.

Monsieur le Premier ministre, dans moins de deux ans, en novembre 2018, les Calédoniens seront confrontés à un choix crucial. Ils devront décider du maintien ou non de la Nouvelle-Calédonie dans la France.

Ce choix aura des conséquences politiques, sociales et économiques, non seulement pour la Nouvelle-Calédonie, mais aussi pour notre pays tout entier.

Pourtant, tout laisse apparaître aujourd'hui que la préparation de cette échéance n'a jamais été inscrite au rang des priorités gouvernementales durant ce quinquennat.

Depuis des années, je tire la sonnette d'alarme, mais rien n'y fait ! Malgré mes mises en garde, nous nous dirigeons inéluctablement vers ce référendum binaire, « pour ou contre la France », qui est, j'en suis convaincu, la pire des solutions.

Cette consultation est inutile et dangereuse. Elle ravive les tensions, les divisions et les surenchères, et risque de faire voler en éclats l'exception calédonienne au sein de la République.

Malheureusement, les faits – déjà ! – me donnent raison, avec la flambée des violences, des exactions et des agressions contre les forces de l'ordre, ferments de nouveaux affrontements entre communautés.

Face à cette situation, vous avez également tardé à réagir.

Certes, je salue les décisions que vous avez prises au mois de novembre dernier, dans vos responsabilités précédentes. Il n'empêche qu'il y a moins de trois semaines, un Kanak a dû abattre un autre Kanak pour mettre un terme aux troubles qui contrariaient la tribu de Saint-Louis depuis tant de semaines. Quel drame humain ! Quelle issue dramatique !

Monsieur le Premier ministre, je le réaffirme : la sortie de l'accord de Nouméa ne peut se construire que sur la base d'une solution harmonieuse et apaisée.

Avec une grande amabilité, je vous pose la question suivante : comptez-vous faire des derniers mois qui nous séparent de l'élection présidentielle une période enfin utile pour la Nouvelle-Calédonie ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et sur quelques travées de l'UDI-UC.)

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Réponse du Premier ministre publiée le 13/01/2017

Réponse apportée en séance publique le 12/01/2017

Mme Ericka Bareigts, ministre des outre-mer. Monsieur le sénateur, je ne peux pas vous laisser faire croire à la Haute Assemblée que le Gouvernement n'a rien fait pour la Nouvelle- Calédonie.

Vous avez été le témoin et l'acteur de notre action durant tout le quinquennat. Ce gouvernement a travaillé, en responsabilité et collectivement, pour préparer, pas à pas et de manière globale, les échéances de 2018. Vous l'avez d'ailleurs souligné, nous avons mobilisé des moyens en conséquence.

Dernièrement, M. le Premier ministre, qui était alors ministre de l'intérieur, a déployé des moyens extrêmement importants au titre de la sécurité, qui constitue un axe de travail essentiel.

Au-delà de l'aspect sécuritaire, nous avons réuni six fois le comité des signataires, présidé par les Premiers ministres Jean-Marc Ayrault puis Manuel Valls. Lors de ces séances de travail, nous avons réglé des points essentiels pour l'avenir de la Nouvelle-Calédonie. Je pense en particulier à l'épineux dossier des listes électorales pour les élections provinciales.

M. Pierre Frogier. Ah !

Mme Ericka Bareigts, ministre. Désormais, ce dossier est politiquement clos.

Pour ce qui concerne l'avenir institutionnel, divers retours d'expertises nous ont permis et nous permettront encore, du moins je l'espère, de maintenir la discussion et le dialogue pour déterminer des solutions.

Enfin, aucun territoire n'a d'avenir sans économie. Or, en Nouvelle-Calédonie, nous avons massivement soutenu le nickel,…

M. le président. Veuillez conclure, madame la ministre.

Mme Ericka Bareigts, ministre. … nous avons maintenu la défiscalisation, nous nous sommes investis dans la formation. J'ajoute que, sans montée en force des contrats de développement, il ne saurait non plus y avoir d'avenir en Nouvelle-Calédonie !

Voilà l'ensemble des actions que nous avons menées, ensemble, pour préparer l'avenir de la Nouvelle-Calédonie. (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain.)

M. le président. La parole est à M. Pierre Frogier, pour la réplique.

M. Pierre Frogier. Madame la ministre, durant ce quinquennat, par manque d'ambition et de détermination, votre majorité a géré l'accord de Nouméa au fil de l'eau : eh bien, ce gouvernement laissera un lourd héritage à la prochaine majorité ! (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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