Question de M. MARC Alain (Aveyron - Les Républicains-R) publiée le 18/01/2017

Question posée en séance publique le 17/01/2017

M. Alain Marc. Ma question s'adressait à Mme la ministre de l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la recherche, mais elle n'est pas présente, ce qui montre son degré de considération pour la représentation nationale…

Nous constatons aujourd'hui une baisse de la performance scolaire de nos élèves. Le classement international du programme PISA nous place au vingt-sixième rang ; personne ne peut nier que ce classement est insatisfaisant pour la sixième nation du monde.

Certes, ces mauvaises performances sont multifactorielles. Néanmoins, on sait aujourd'hui qu'une réelle exigence de maîtrise de la langue est absolument indispensable à la réussite scolaire de tous les apprentissages, y compris des mathématiques. Or il ressort des directives édictées par les services de Mme la ministre de l'éducation nationale que votre exigence en matière grammaticale s'accompagne de termes pédagogiques comme le « prédicat », dont seuls les enseignants, dont j'étais, et – je l'espère – les élèves maîtrisent le sens. Cela me fait penser au ridicule « référentiel bondissant » des années quatre-vingt, qui désignait tout simplement le ballon…

Le Gouvernement va-t-il faire quelque chose pour que soient définies simplement ces notions, qui pourraient ainsi être partagées par les parents, et abandonner ce langage abscons, dont savait si bien se moquer Molière ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)

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Réponse du Secrétariat d'État, auprès du Premier ministre, chargé des relations avec le Parlement publiée le 18/01/2017

Réponse apportée en séance publique le 17/01/2017

M. André Vallini, secrétaire d'État auprès du Premier ministre, chargé des relations avec le Parlement. Vous l'avez dit, monsieur le sénateur, le constat est sans appel : le niveau des élèves en français baisse depuis trente ans ; ce constat est unanime.

Le Gouvernement ne se contente pas de le déplorer, il a décidé d'agir. Nous avons demandé au Conseil supérieur des programmes de repenser l'apprentissage de la langue française. Ce conseil a donc élaboré des programmes de grammaire qui garantissent un apprentissage complet pour tous les élèves et qui font appel, au début de l'apprentissage, à la notion de prédicat, que vous citiez. Il s'agit d'une notion – je l'ai découverte il y a quelques jours, comme vous, sans doute (Sourires.) – qui est enseignée depuis très longtemps en sciences du langage.

M. Jean-Pierre Sueur. Elle remonte à Aristote !

M. André Vallini, secrétaire d'État. Cela dit, l'apprentissage de cette notion n'empêche pas de continuer d'enseigner les compléments qui s'y ajoutent. Les élèves continueront donc d'apprendre ce que sont les compléments d'objet direct, d'objet indirect et d'objet second.

M. Jacques-Bernard Magner. Ah !

M. André Vallini, secrétaire d'État. La grammaire, monsieur le sénateur, ne se négocie pas entre l'enseignant et l'élève, comme certains voudraient le faire accroire ; elle s'apprend, car elle s'impose.

Ainsi, si les programmes de l'école élémentaire et du collège ont été repensés, c'est parce qu'ils souffraient d'un manque de cohérence. Il a fallu les orienter vers l'acquisition par tous les élèves d'un nouveau socle commun de connaissances, de compétences, de culture, avec un seul objectif : relever le niveau en français de tous les élèves de France. (MM. Alain Bertrand, François Marc et Jean-Pierre Sueur applaudissent.)

M. le président. La parole est à M. Alain Marc, pour la réplique.

M. Alain Marc. On sait que l'abaissement du niveau d'exigence en matière de maîtrise de la langue maintient les inégalités dans le corps social.

M. Vincent Peillon, prédécesseur de Mme Najat Vallaud-Belkacem, avait déjà réformé les rythmes scolaires, ce qui a accentué, on le sait, les inégalités spatiales et sociales,…

M. Jean-Louis Carrère. C'est vous qui avez lancé cette réforme !

M. Alain Marc. … mais qui n'a en rien résolu l'échec scolaire.

J'espère que les paroles que vous venez de prononcer, monsieur le secrétaire d'État, ne sont pas pure hypocrisie,…

M. Jacques-Bernard Magner. Allons !

M. Alain Marc. … car il ne faudrait pas avoir à la bouche les mots « réussite scolaire » ou « égalité » et se comporter de façon tout à fait différente en n'élevant pas le niveau d'exigence. Nous avons besoin de cette élévation, car c'est à ce prix que l'école redeviendra l'ascenseur social qu'elle était mais qu'elle n'est, hélas, plus depuis trente ans. (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains et de l'UDI-UC.)

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