Question de M. CARLE Jean-Claude (Haute-Savoie - Les Républicains) publiée le 24/08/2017

M. Jean-Claude Carle interroge Mme la ministre des solidarités et de la santé sur la nouvelle formulation du Lévothyrox prescrit dans le traitement de l'hypothyroïdie et les effets secondaires éventuellement induits par cette modification.
Si le principe actif du médicament, la lévothyroxine reste le même, de nouveaux excipients ont été incorporés en remplacement du lactose, mal supporté par certains patients.
Cette modification demandée par l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) si elle améliore la stabilité chimique du médicament dans le temps, semble générer des effets secondaires sur de nombreux patients : fatigue intense, maux de tête, nausées, vertiges …
Ces troubles semblaient inexistants avec l'ancienne composition du Lévothyrox.
La presse et les réseaux sociaux s'en sont faits l'écho.
A ce jour, 30 000 personnes ont signé une pétition demandant le retour à l'ancienne formulation.
Plus de 3 millions de nos compatriotes sont traités au Lévothyrox.
Il demande à Mme le Ministre des Solidarités et de la Santé quelles mesures elle entend mettre en place pour répondre à l'inquiétude et à la souffrance des patients, et notamment si elle compte demander au laboratoire Merck la mise à disposition des deux formulations, afin de mener une étude comparative permettant de mesurer scientifiquement les effets secondaires précédemment évoqués, de ne pas s'en tenir aux seuls ressentis et ce d'autant que, d'une part le dosage optimum de ce médicament est particulièrement difficile à déterminer, la marge thérapeutique étant particulièrement étroite et d'autre part, que la couleur des boîtes, en fonction de la posologie, a changé afin d'être en harmonie avec les autres pays européens.

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Réponse du Ministère des solidarités et de la santé publiée le 21/09/2017

À la suite d'une enquête de pharmacovigilance, l'agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM) a demandé la modification de la formule du Levothyrox® en raison d'une instabilité de la teneur en principe actif et de la présence d'un excipient à effet notoire, tel le lactose. La nouvelle formule, plus stable, a été mise sur le marché en mars 2017. Depuis cette date, les centres régionaux de pharmacovigilance (CRPV) de Rennes et de Lille ont recensé, sur les 3 millions de patients, 9 000 cas déclarés d'effets indésirables, dont aucun effet grave. Sans minimiser ni nier les symptômes ressentis par certains patients, ils sont invités à se tourner vers leur médecin traitant ou leur endocrinologue pour trouver avec eux le dosage le plus précis issu de la nouvelle formule du Levothyrox®. Il faut garder à l'esprit que le seul danger pour ces patients est qu'ils arrêtent de prendre leur traitement. Le risque sanitaire pour les patients de la nouvelle formule est inchangé. L'ANSM a vérifié la conformité de la nouvelle formule et n'a relevé aucune impureté dans le Levothyrox. Une enquête de pharmacovigilance supplémentaire est en cours et donnera ses résultats en octobre 2017. L'ANSM sera parfaitement transparente sur toutes ces mesures de suivi ; elle communiquera et invitera les associations de patients pour leur présenter les résultats. En outre, la ministre des solidarités et de la santé reconnaît que cette spécialité bénéficie, en France, d'un quasi-monopole, qu'il convient d'ouvrir à d'autres médicaments. À très court terme, la L-thyroxine gouttes peut constituer une alternative pour les patients atteints de symptômes persistants, à la condition que les stocks disponibles restent suffisants pour ceux pour lesquels les comprimés ne sont pas utilisables. L'importation de médicaments alternatifs au Levothyrox® présentes en Europe a également été décidée. Il y a néanmoins des délais législatifs et réglementaires incompressibles qui garantissent la sécurité des médicaments. Le délai d'arrivée de ces médicaments en France sera connu prochainement. La ministre a décidé de lancer une mission visant à améliorer la communication sur le médicament et l'information des patients et des professionnels de santé. 100 000 courriers ont été envoyés par l'ANSM aux professionnels de santé (médecins, pharmaciens, etc.) pour les informer du changement de formule. La mission devra prendre en compte les nouveaux moyens de communication et être vigilante sur la qualité de l'information. Enfin, deux rencontres ont été organisées, les 6 et 8 septembre 2017, par la ministre des solidarités et de la santé, avec l'association « Vivre sans thyroïde » et l'association « France Asso Santé » puis avec l'association française des malades de la thyroïde pour les informer des mesures prises pour accompagner les patients touchés par des effets indésirables, pour permettre l'arrivée de médicaments alternatifs sur le marché français, et enfin pour mieux informer à l'avenir les patients et les professionnels de santé sur les médicaments.

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