Question de M. LÉONHARDT Olivier (Essonne - RDSE) publiée le 24/01/2018

Question posée en séance publique le 23/01/2018

M. Olivier Léonhardt. Ma question s'adresse à M. le Premier ministre.

Nous sommes très préoccupés par l'intervention militaire turque dans la province kurde syrienne d'Afrin, conduite en violation du droit international.

Alors que la coalition internationale affronte, dans la province d'Idlib, l'ex-Front al-Nosra, la branche syrienne d'Al-Qaïda, les forces turques bombardent l'enclave kurde d'Afrin, située au nord de la ville martyre d'Alep. Depuis dimanche, une intervention terrestre est en cours et les correspondances font état de nombreuses victimes civiles. La Turquie mène l'assaut contre l'une des rares villes syriennes qui a, jusqu'ici, échappé à la destruction et servi de refuge à des milliers de déplacés syriens, une ville dont le seul crime est d'être dirigée par des forces kurdes.

Or ces forces sont nos alliées dans la guerre contre Daech. Ce sont elles qui, à Kobané, ont infligé une défaite sans appel à Daech. Elles ont mis hors d'état de nuire des milliers de djihadistes et participé à la libération de tous les territoires syriens occupés par Daech, y compris Rakka, capitale du prétendu califat.

Alors que l'engagement des Kurdes à nos côtés n'est plus à démontrer, nous savons aussi que des parlementaires et des maires kurdes, élus démocratiquement, sont aujourd'hui emprisonnés en Turquie.

Monsieur le Premier ministre, vous avez à raison saisi le Conseil de sécurité de l'ONU, qui s'est réuni à huis clos mais dont aucune mesure ne semble être sortie. Nous connaissons votre attachement à soutenir ceux qui combattent pour la liberté. Pouvez-vous nous dire, monsieur le Premier ministre, quelle est la position de la France à l'égard de nos alliés kurdes ? Allons-nous demander le retrait de l'armée turque et l'arrêt immédiat de l'intervention à Afrin ? Peut-on considérer qu'appeler la Turquie à la retenue après une réunion du Conseil de sécurité soit suffisant au regard de la gravité de la situation sur place ? (Applaudissements sur les travées du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen, ainsi que sur des travées du groupe socialiste et républicain et du groupe communiste républicain citoyen et écologiste.)

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Réponse du Secrétariat d'État, auprès du Premier ministre, chargé des relations avec le Parlement publiée le 24/01/2018

Réponse apportée en séance publique le 23/01/2018

M. Christophe Castaner, secrétaire d'État auprès du Premier ministre, chargé des relations avec le Parlement. Monsieur le sénateur Léonhardt, le Premier ministre a dressé tout à l'heure, en répondant à M. Kanner, un tableau précis de la situation. Le temps de l'éradication de Daech, un objectif fort de la France, déjà affirmé par le président François Hollande, semble enfin venu. Comment cette mutation peut-elle se traduire, non par des guerres et des oppositions, telles que le Premier ministre en a évoqué, mais par une réelle libération du pays ?

Vous l'avez souligné, la Turquie a engagé voilà quatre jours au nord de la Syrie, dans la région d'Afrin, une opération destinée à assurer sa propre sécurité. Les inquiétudes de la Turquie étaient légitimes et elle a souhaité intervenir. La priorité doit toutefois rester, dans tous les cas, le combat contre Daech, qui n'est pas terminé. Il ne s'agit pas, pour tel ou tel pays voisin de la Syrie, de préparer dès aujourd'hui la sortie de Daech en fonction de ses propres intérêts.

J'ajoute que l'opération turque intervient à un moment où la situation humanitaire en Syrie est déjà très dégradée.

En outre, le régime et ses alliés conduisent des bombardements indiscriminés contre les populations d'Idlib. Vous avez évoqué les civils aujourd'hui menacés : ce sont 400 000 femmes, hommes, enfants qui sont assiégés dans l'enclave de la Ghouta, près de Damas.

Vous l'avez dit, à la demande de la France, le Conseil de sécurité s'est saisi hier de cette situation humanitaire. Pour des raisons de diplomatie internationale, peu d'éléments d'information ont filtré.

Toutefois, monsieur le sénateur, je tiens à réaffirmer ici devant vous la volonté de la France d'appeler la Turquie, et plus largement l'ensemble des partenaires, à une sortie par le haut : seule une solution politique peut permettre de stabiliser durablement la Syrie et de garantir la sécurité de tous ses voisins, notamment de la Turquie. (Applaudissements sur des travées du groupe La République En Marche. – Vives protestations sur des travées du groupe communiste républicain citoyen et écologiste et du groupe socialiste et républicain.)

Mme Éliane Assassi. Et les Kurdes ?

M. David Assouline. Pas un mot de solidarité !

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