Question de Mme PEROL-DUMONT Marie-Françoise (Haute-Vienne - SOCR) publiée le 01/02/2018

Mme Marie-Françoise Perol-Dumont attire l'attention de M. le ministre de l'éducation nationale sur la prévention du décrochage scolaire. Si le phénomène semble avoir nettement reculé en France depuis le début des années 2000, il reste préoccupant et coûteux, puisqu'on estime que 100 000 jeunes sortent encore chaque année du système éducatif sans aucun diplôme et qu'ils rencontrent de graves difficultés d'insertion professionnelle.
Selon la Cour des comptes, le décrochage absorbe 35 % des financements publics en faveur des jeunes de 16 à 25 ans.
Plusieurs facteurs favorisent le décrochage, les « difficultés précoces d'apprentissage » étant le plus important. D'autres éléments entrent en jeu, comme le milieu social, le climat de l'école plus ou moins favorable au bien-être des élèves, la non-mixité sociale des élèves dans un établissement... Par ailleurs, le genre apparaît comme une caractéristique déterminante : en France, 10,1 % des garçons de 18 à 24 ans sortent précocement du système scolaire, contre 7,5 % des filles. En outre, plusieurs études indiquent un lien extrêmement fort entre le taux d'absentéisme à l'école et le décrochage scolaire.
Elle estime qu'outre un état des lieux des dispositifs et politiques publiques qui aident les jeunes en difficulté d'insertion, il serait nécessaire de mettre l'accent sur la prévention, afin de traiter de façon précoce les problématiques qui peuvent mener au décrochage à terme. Des études préconisent notamment de donner les moyens aux établissements « à risque » d'identifier les premiers signaux et d'impliquer les familles dès qu'ils se manifestent. Cela passe à ce titre par un renforcement du sentiment d'appartenance du jeune à l'établissement où il étudie, un facteur qu'il ne faut pas négliger. En France, seuls 40 % des élèves déclarent un sentiment d'appartenance à leur établissement, contre 73 % en moyenne pour les pays de l'organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Elle lui demande donc son opinion sur ce sujet et les préconisations émises.

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Réponse du Ministère de l'éducation nationale publiée le 07/06/2018

Comme l'a rappelé le ministre de l'éducation nationale, la lutte contre le décrochage scolaire estun enjeu prioritaire, il accorde une attention particulière aux actions relevant de la prévention. C'est dans ce cadre qu'un plan national de formation a été déployé auprès des personnels d'éducation et d'encadrement ces dernières années et se poursuit au cours de cette l'année scolaire. Ces formations portent sur l'évolution des pratiques pédagogiques en classe, le repérage des signes précoces de décrochage (dont l'absentéisme), le travail collaboratif au sein de l'équipe pluri-professionnelle de l'établissement, le climat scolaire et la relation avec les parents. Elles se nourrissent des travaux de la recherche et des innovations conduites sur le terrain en la matière. Elles se déclinent dans les académies jusque dans les bassins d'éducation et les établissements. L'enjeu est de parvenir à impliquer les enseignants, au sein d'une équipe, et de changer les pratiques pédagogiques et éducatives. Elles contribuent à diffuser une « culture de la prévention », en cohérence avec la semaine de la persévérance scolaire, qui valorise les actions de prévention menées au quotidien dans les établissements dans toutes les académies. Au-delà des formations, plusieurs mesures ont été prises en faveur de la prévention. Ainsi, afin de développer le travail collaboratif au sein de l'équipe éducative et avec les partenaires extérieurs à l'école, la mise en place d'alliances éducatives a été expérimentée et généralisée. Les alliances peuvent proposer des parcours aménagés ou personnalisés à ces jeunes comme par exemple le Parcours aménagé de formation initiale (PAFI) en cours de déploiement dans l'ensemble des académies, intégrant notamment la possibilité de stages en entreprises ou de service civique. Les volontaires en service civique peuvent être des jeunes qui interviennent en appui des établissements sur des actions de prévention du décrochage, mais aussi des jeunes en situation de décrochage qui peuvent y trouver une opportunité de se remobiliser sur d'autres types d'activités. Au sein des établissements, les « groupes de prévention du décrochage scolaire » (GPDS) sont mobilisés pour anticiper et éviter que certaines situations ne génèrent des ruptures dans le cursus scolaire. Les équipes pluri-professionnelles (enseignants, CPE, médecins scolaires, PsyEN, …) repèrent les situations à risque et mettent en place un accompagnement personnalisé en lien avec les familles (tutorat, parcours aménagés, aide aux devoirs et soutien méthodologique…). Le projet d'établissement, comporte par ailleurs un volet préventif destiné à faire évoluer les pratiques éducatives et pédagogiques pour les adapter aux comportements de nouveaux publics d'élèves et à leur environnement. L'objectif est d'inciter les « professionnels de l'éducation » à prendre en compte l'évolution des jeunes et leur nouveau rapport à l'autorité dans l'espace scolaire ; savoir se positionner face à des situations génératrices de conflits et les surmonter ; exercer son autorité en relation pédagogique et éducative. Toutes ces dispositions contribuent à améliorer le climat scolaire et instaurer une école de la confiance.

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