Question de M. MARCHAND Frédéric (Nord - LaREM) publiée le 21/03/2018

Question posée en séance publique le 20/03/2018

M. Frédéric Marchand. Ma question s'adresse à M. le ministre de la cohésion des territoires.

La politique de la ville, ce sont quarante années de combat et de mobilisation.

La politique de la ville, ce sont des moyens spécifiques de l'État dans les quartiers dits prioritaires, pour réduire les inégalités sociales entre les territoires.

Développement économique, éducation, emploi, rénovation urbaine, cadre de vie sont autant de domaines d'action engagés pour améliorer les conditions de vie de ces habitants.

En quarante ans, beaucoup a été réalisé par les gouvernements qui se sont succédé : zones d'éducation prioritaire, missions locales, Agence nationale pour la rénovation urbaine, entre autres.

Pourtant, le chômage dans ces quartiers reste deux fois supérieur à la moyenne nationale et le sentiment de relégation est vif. Il est plus qu'évident que la politique de la ville a encore de nombreux défis à relever.

Le Gouvernement s'est donné comme objectif de réduire de 50 % l'écart de taux de chômage entre les quartiers et la moyenne nationale sur cinq ans et d'améliorer d'une manière générale le cadre de vie de ces habitants. Des mesures spécifiques ont d'ores et déjà été décidées : la création des emplois francs ; le doublement du nouveau programme national de rénovation urbaine ; le développement des conseils citoyens pour associer la population ; le dédoublement des classes de CP en REP+.

Malgré l'engagement des acteurs sur le terrain et les progrès réalisés en matière de cohésion sociale et d'emploi, le regard porté sur les quartiers populaires reste encore trop souvent négatif et stéréotypé.

Dans mes fonctions mayorales antérieures, j'ai pu mesurer la persistance de ces préjugés. Si ma commune a bénéficié positivement de la politique de la ville, j'ai pu aussi constater les carences des différentes politiques qui se sont succédé.

En effet, s'il y a eu de formidables succès, tels que les plans de rénovation urbaine, si des territoires se sont transformés, il y a eu aussi des échecs, des coups d'arrêt.

Le défi de la politique de la ville est toujours et encore immense. C'est celui de territoires qui ont concentré toutes les difficultés, avec un chômage de masse qui s'y est installé depuis parfois plusieurs décennies.

Dans ce cadre, rien n'est plus important que de reconnaître et de valoriser les contributions de la société civile, et d'engager une nouvelle étape reposant sur une politique de droit commun de l'État et des collectivités.


M. le président. Veuillez poser votre question, mon cher collègue !


M. Frédéric Marchand. Depuis plusieurs semaines, les élus, les associatifs et les habitants des quartiers enchaînent les groupes de travail.

Un important travail de concertation a aussi été effectué. (Marques d'impatience sur les travées du groupe Les Républicains.)


M. le président. Votre question, mon cher collègue !


M. Frédéric Marchand. Monsieur le ministre, à quelques semaines de la remise du rapport Borloo, très attendu, pouvez-vous nous livrer un point d'étape sur la feuille de route du Gouvernement et rassurer ainsi les acteurs d'un dossier essentiel pour garantir la promesse républicaine ? (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche.)

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Réponse du Ministère de la cohésion des territoires publiée le 21/03/2018

Réponse apportée en séance publique le 20/03/2018

M. Jacques Mézard, ministre de la cohésion des territoires. Monsieur le sénateur Frédéric Marchand, votre question dresse un bilan objectif et réaliste de la situation dans ces quartiers. Ce que je veux dire de manière liminaire, c'est qu'il ne faut en aucun cas opposer les différents territoires.

Dans notre pays, un certain nombre de territoires ont des difficultés particulières, que ce soient les quartiers prioritaires de la politique de la ville, certains territoires ruraux ou certaines villes moyennes.

Il ne s'agit pas de faire jouer la concurrence des uns contre les autres s'agissant des mesures que nous devons mettre en place pour lutter contre ce décrochage, lequel ne remonte pas à quelques mois, mais est le résultat de plusieurs décennies d'évolutions sociétales et économiques.

Par rapport à cette situation, le Gouvernement a pris un certain nombre de décisions dès la fin de 2017. Vous les avez rappelées, je ne les reprendrai donc pas. Pour ce qui concerne les quartiers prioritaires de la politique de la ville, nous avons demandé à Jean-Louis Borloo de se mettre au travail pour réunir les propositions et les avis qui remontent des élus, des entreprises, des associations, afin de finaliser un certain nombre de propositions.

De la même manière, nous avons saisi dix groupes de travail au niveau national pour faire des propositions.

Aujourd'hui, nous en sommes à une phase d'étape, durant laquelle nous n'avons pas de décisions à prendre. Nous sommes à l'écoute. D'ici à un mois, un rapport sera soumis, et nous devrons alors prendre un certain nombre de décisions.

Vous avez parlé, à juste titre, de la question de l'image. Je rencontrais hier la présidente de France Télévisions, Delphine Ernotte, pour travailler avec elle sur la définition de nouveaux moyens destinés à revaloriser l'image de ces territoires, dans lesquels il y a aussi beaucoup de belles choses. Nous avons l'impérieuse nécessité de travailler ensemble pour les mettre en valeur – c'est aussi ce que fait le Gouvernement. (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche et du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen.)

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