Question de M. ASSOULINE David (Paris - SOCR) publiée le 28/03/2018

Question posée en séance publique le 27/03/2018

M. David Assouline. Monsieur le Premier ministre, c'est avec émotion, gravité et même douleur que je m'adresse à vous.

Mireille Knoll, quatre-vingt-cinq ans, a été assassinée de onze coups de couteau puis brûlée, dans son appartement de l'Est parisien, quartier populaire et mélangé où je vis et dont je suis l'élu, quartier où beaucoup des siens, et donc des nôtres, Français républicains, ont jadis été raflés pour être exterminés.

Depuis 2006 et l'atroce supplice d'Ilan Halimi, onze hommes, femmes et enfants ont été tués parce que juifs, de Toulouse à l'Hyper Cacher et à Belleville, où Sarah Halimi, soixante-cinq ans, a été massacrée et défenestrée il y a un an, presque jour pour jour.

Monsieur le Premier ministre, notre peuple, dans sa diversité, a su se lever à plusieurs reprises contre l'antisémitisme, à l'occasion de l'attentat de la rue Copernic ou de la profanation du cimetière de Carpentras. Paradoxalement, il l'a moins fait au cours de la dernière décennie, durant laquelle l'antisémitisme quotidien s'est pourtant développé comme jamais depuis la Seconde Guerre mondiale. L'antisémitisme, cette haine de tout, de l'humanité, vient s'abattre, consciemment ou inconsciemment, sur les juifs en particulier, comme depuis si longtemps. Cet antisémitisme est vécu par nos concitoyens juifs intimement, dans l'isolement.

Monsieur le Premier ministre, la France ne serait plus la France sans les juifs qui la composent, et la République n'est plus la République si elle laisse ses citoyens juifs abandonnés à la menace ouverte ou diffuse d'être moqués, molestés, insultés, humiliés, voire tués parce que juifs, si elle s'accommode de les voir quitter les quartiers populaires ou y vivre reclus, quitter les écoles publiques et, pour certains, quitter la France même.

Monsieur le Premier ministre, dites-nous comment le Gouvernement compte, au-delà des actions déjà engagées et des mots déjà prononcés, que je salue, prendre la mesure de ce danger mortel, lié aux mêmes idéologies extrémistes antirépublicaines qui arment les terroristes, et qui a encore tué à Trèbes.

Pour ma part, j'encourage tous mes collègues et, au-delà, tous les citoyens à participer massivement à la marche blanche qui aura lieu demain, à dix-huit heures trente, place de la Nation, en hommage à Mireille Knoll. (Applaudissements.)

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Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 28/03/2018

Réponse apportée en séance publique le 27/03/2018

M. Gérard Collomb, ministre d'État, ministre de l'intérieur. Monsieur le sénateur David Assouline, comme vous, j'ai été horrifié par la violence de l'agression, du meurtre barbare dont a été victime Mireille Knoll. Permettez-moi d'abord de saluer, comme je l'ai fait dès hier soir dans un communiqué, l'action déterminée des enquêteurs, qui ont très vite identifié les coupables. Ce meurtre était barbare : ses auteurs ont porté onze coups de couteau, avant d'incendier l'appartement pour faire disparaître les traces de leur crime.

Monsieur le sénateur, oui, comme vous, je suis inquiet de la montée de l'antisémitisme dans notre pays. Depuis le 1er janvier dernier, 33 faits à caractère antisémite ont été commis. Oui, aujourd'hui, une idéologie se diffuse qui vise à s'en prendre aux juifs parce qu'ils sont juifs. L'un des complices de ce meurtre disait : « On va aller chez les juifs, parce que, chez les juifs, il y a de l'argent. » Ce genre de stéréotype doit être combattu, et nous le combattrons, avec l'aide de toutes les associations, de la LICRA au CRIF et au Consistoire.

Je rencontre de manière presque hebdomadaire les responsables de la communauté juive. Oui, aujourd'hui, les juifs ont peur et, comme vous l'avez souligné, monsieur le sénateur, un certain nombre d'entre eux quittent la France, tout simplement parce qu'ils y ont peur. Cela est inacceptable, et le Gouvernement ne l'acceptera pas ! (Applaudissements.)

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