Question de M. RAVIER Stéphane (Bouches-du-Rhône - NI) publiée le 28/03/2018

Question posée en séance publique le 27/03/2018

M. Stéphane Ravier. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'intérieur.

Monsieur le ministre, mes chers collègues, mes trois années passées au sein de la Haute Assemblée et de l'assemblée municipale de Marseille m'ont convaincu que les hommes et les femmes qui nous gouvernent sont des animaux politiques à sang froid : ils ne rougissent pas - jamais !

Quels que soient l'hémicycle et les circonstances, ils restent – vous restez, mes chers collègues – droits dans leurs bottes, imperturbables ! Cette séance de questions au Gouvernement en aura été la parfaite illustration.

Les élus de gauche et d'extrême gauche ont clamé leur admiration pour les forces de l'ordre lors des louanges, ô combien justifiées, adressées au gendarme Arnaud Beltrame, ce héros français, alors qu'ils n'ont de cesse tout au long de l'année de dénigrer la gendarmerie, jusqu'à tenter de la salir, comme ils l'ont fait lors de l'accident du barrage de Sivens. (Très vives protestations sur les travées du groupe communiste républicain citoyen et écologiste.)


Mme Cécile Cukierman. Ce n'est pas vrai !


M. Vincent Éblé. Menteur !


M. Stéphane Ravier. Un ex-candidat de la France insoumise s'est même réjoui de la mort d'Arnaud Beltrame.

De même, ils n'ont de cesse de dénigrer la police tout au long de l'année, …


M. David Assouline. Facho !


M. Stéphane Ravier. … jusqu'à tenter de la salir, comme ils l'ont fait lors de la pseudo-affaire Théo.


Mme Cécile Cukierman. Vous mélangez tout !


M. Stéphane Ravier. Quelle hypocrisie et quelle indécence !

Du côté de la droite, on désigne enfin l'ennemi : le totalitarisme islamiste. On fait la leçon, on en appelle aujourd'hui à la lucidité et au courage, à l'application de l'arsenal sécuritaire et judiciaire, mais on est manifestement frappé d'amnésie.

Oubliée, l'abolition de la double peine par un certain Nicolas Sarkozy, laquelle a rendu impossible l'expulsion des délinquants étrangers.

Oubliée, la création par ce même Sarkozy du Conseil français du culte musulman, le CFCM, où les islamistes de l'association Musulmans de France, ancienne Union des organisations islamiques de France, l'UOIF, sont devenus majoritaires. Musulmans de France a appelé à voter Macron l'année dernière, soutien que le candidat, devenu président depuis, a alors accepté.

Oubliés, la suppression de 12 500 postes de policiers et de gendarmes, les amours avec le Qatar, et le non-rétablissement de nos frontières.

Oublié, le fait que vous ayez tous refusé, mes chers collègues, de voter à l'Assemblée nationale …


M. le président. Votre question !


M. Stéphane Ravier. … les propositions des députés du Front national d'expulser les étrangers fichés S.

Un front républicain de l'amnésie foudroyante et sélective, en somme ! (Huées sur les travées du groupe communiste républicain citoyen et écologiste.)


M. le président. Votre question !


M. Stéphane Ravier. J'en viens à ma question, monsieur le président. Merci de m'octroyer les quelques secondes supplémentaires que vous avez accordées aux intervenants précédents.


M. David Assouline. Facho !


M. Stéphane Ravier. Monsieur le ministre, alors que vous êtes apparu à Trèbes complètement dépassé par les événements, alors que nous avons compris que, à l'instar d'Emmanuel Macron, vous n'alliez pas « inventer un programme de lutte contre le terrorisme dans la nuit », que, s'il ne s'était rien passé entre l'affaire Merah et l'attaque de la gare Saint- Charles, … (Vives protestations.)


M. le président. Votre question !


M. Stéphane Ravier. … il ne se passerait rien après Trèbes, …


M. le président. Votre question !


M. Stéphane Ravier. … ne pensez-vous pas que, dans ces circonstances, l'heure est venue pour vous de présenter votre démission ? (Exclamations amusées.)

Mme Éliane Assassi. Tout ça pour ça !

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Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 28/03/2018

Réponse apportée en séance publique le 27/03/2018

M. Gérard Collomb, ministre d'État, ministre de l'intérieur. Monsieur le président, mesdames, messieurs les sénateurs, je vois que M. Ravier fait toujours dans la nuance ! Il ne change pas, lui non plus… Je ne sais pas si tous ses collègues sont semblables à ce qu'ils étaient dans le passé, mais en tout cas, lui, il l'est !

Pour notre part, nous ne confondons pas les terroristes, contre lesquels nous luttons avec détermination, avec l'ensemble des Français de confession musulmane, qui sont au nombre de 5 millions en France. Beaucoup d'entre eux aujourd'hui souffrent sans doute de voir que quelqu'un se réclamant de la religion musulmane ait pu commettre un tel acte.

Au regard de son comportement, de musulman, il n'a que le nom, tant son histoire est caractérisée par les délits, le crime. Il n'est donc pas une référence.

Nous préférons celles et ceux, comme le lieutenant-colonel Beltrame, dont vous devriez étudier le parcours d'un peu plus près, qui se réclament d'un humanisme et d'une certaine conception du christianisme altruistes, tournés vers l'autre. Ceux-là n'accablent pas sans cesse les autres, comme vous le faites aujourd'hui, afin de diviser les Français.

Le grand piège qui nous est tendu aujourd'hui, c'est effectivement celui de la division. Ce que veulent, non pas de petits délinquants comme celui-ci, mais les idéologues de Daech, c'est monter les Français les uns contre les autres. Cela, nous ne l'accepterons jamais ! (Vifs applaudissements.)

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