Question de M. ROGER Gilbert (Seine-Saint-Denis - SOCR) publiée le 17/10/2018

Question posée en séance publique le 16/10/2018

M. Gilbert Roger. Comme Philippe Dallier, je suis élu de la Seine-Saint-Denis. Ma question s'adresse au ministre de l'intérieur nouvellement nommé, qui souhaitait ardemment ce poste… (Rires.)

Aux Lilas, en Seine-Saint-Denis, un adolescent de treize ans est décédé dimanche à l'hôpital, à la suite d'un affrontement entre bandes rivales qui impliquait une vingtaine de jeunes, dont beaucoup de mineurs, venus – semble-t-il – des Lilas et de Bagnolet. C'est à de telles situations qu'il nous faut essayer de trouver ensemble des solutions. Sinon, la République sera vraiment perdue.

Ce décès intervient après la mort d'un autre adolescent, âgé lui de seize ans, tué de plusieurs balles à Saint-Denis. Une autre rixe avait eu lieu à Garges-lès-Gonesse, où un jeune homme de dix-sept ans avait été agressé à coups de béquilles et de boules de pétanque.

Selon votre ministère, 90 bandes rivales organisées sont répertoriées en France, dont près de la moitié sont actives en proche banlieue et à Paris intra-muros. Donc, vous savez !

La forte augmentation de ce type de violences est plus que préoccupante et doit requérir la mobilisation du Gouvernement tout entier, afin de définir des réponses sociales et de prévention adaptées, et de rompre avec cette culture néfaste du conflit intercités, intercommunes, interétablissements scolaires.

Un rapport parlementaire publié en mai dernier montre que la Seine-Saint-Denis n'est pas traitée de manière équitable. En matière d'éducation, on compte un médecin scolaire pour 13 000 élèves dans le département. Les professeurs y sont majoritairement néo-titulaires, le taux d'absentéisme record, les surveillants en nombre insuffisant…

Dans ce contexte alarmant, quelles mesures de prévention allez-vous proposer,…


M. le président. Il faut conclure, mon cher collègue !


M. Gilbert Roger. … en lien avec les élus locaux, les maires, qui ont toute notre confiance et qui souhaitent voir lever ce voile de défiance que vous jetez sur leur action ? (Applaudissements sur les travées du groupe socialiste et républicain, ainsi que sur des travées du groupe communiste républicain citoyen et écologiste, du groupe Union Centriste et du groupe Les Républicains.)


M. Rachid Temal. Bravo !

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Réponse du Ministère de l'intérieur publiée le 17/10/2018

Réponse apportée en séance publique le 16/10/2018

M. Christophe Castaner, ministre de l'intérieur. Monsieur le sénateur Roger, je vous remercie d'avoir posé votre question avec la sagesse que mérite ce problème qui nous préoccupe tous. (Vives exclamations et huées sur les travées du groupe Les Républicains.) En faire un sujet de petite politique politicienne ne me semble pas la meilleure façon d'agir ! (La plupart des membres du groupe Les Républicains quittent l'hémicycle en signe de protestation.)

Il faut, sur cette question, ne rien lâcher, travailler avec les élus, comme nous l'avons fait ce matin. Nous avons ainsi rencontré Mme Valls, qui est d'ailleurs intervenue dans le même esprit que vous. Elle nous a invités à organiser très vite une rencontre sur le terrain. Ce sera une visite de ministre supplémentaire, certes, mais elle nous permettra, mesdames, messieurs les sénateurs, d'aborder le sujet dans sa globalité, dans sa transversalité, en mobilisant les moyens de l'éducation nationale, en particulier dans les quartiers les plus difficiles, les services sociaux, les services du ministère de l'emploi et, évidemment, ceux du ministère de l'intérieur.

Je vous le dis, monsieur le sénateur, nous déploierons 1 300 postes supplémentaires dans ces quartiers d'ici à 2020. Nous déterminerons une stratégie de reconquête républicaine dans chacun d'entre eux, en renforçant la présence policière, notamment par la création d'unités dédiées aux quartiers, en améliorant le contact avec la population – cela fait partie de la prévention –, enfin en luttant sans merci contre les trafics de stupéfiants. Sur ce plan, les cellules de renseignement opérationnelles sur les stupéfiants seront le meilleur outil pour agir, de manière horizontale, en lien avec les bailleurs sociaux, les municipalités, l'éducation nationale, sans la contribution desquels aucune action policière n'aboutira. (Applaudissements sur des travées du groupe La République En Marche.)

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