Question de Mme KAUFFMANN Claudine (Var - NI) publiée le 31/10/2018

Question posée en séance publique le 30/10/2018

Mme Claudine Kauffmann. Ma question s'adresse à M. le Premier ministre.

Notre pays s'est toujours distingué par l'application rigoureuse d'une juste information visant à protéger sa population. Pour autant, la santé de tous nos compatriotes est aujourd'hui singulièrement mise en danger.

En effet, vous ne pouvez ignorer que les cas de contamination par la bactérie Escherichia coli sont en constante augmentation.

Ces contaminations sont principalement induites par certaines pratiques d'abattage rituel lors desquelles l'animal, dont la gorge est tranchée sans étourdissement préalable, régurgite son contenu stomacal et, dans un instinct de survie, le réingère puis le régurgite de nouveau. (Protestations sur les travées du groupe communiste républicain citoyen et écologiste.)


Mme Éliane Assassi. Il y avait longtemps !


Mme Claudine Kauffmann. Bien évidemment, le poste d'abattage ainsi totalement souillé n'est pas désinfecté après chaque opération.

Je souligne que les individus les plus fragiles – enfants et personnes âgées – sont les principales victimes d'Escherichia coli.

Cette affection se traduit au mieux par des vomissements et des diarrhées sanglantes, au pire dégénère en un syndrome hémolytique et urinaire pouvant conduire au décès de la personne atteinte.

Cependant, malgré les risques avérés, les consommateurs sont tenus dans l'ignorance du mode d'abattage de l'animal dont ils se proposent d'acquérir une pièce de viande.

Je ne puis omettre dans mon propos d'évoquer également les risques encourus par tous les maires du territoire s'il advenait qu'une cantine scolaire dont ils ont la charge serve un produit carné infecté. Leur responsabilité pénale serait alors dramatiquement engagée.

Aujourd'hui, quiconque achète de la viande court le risque de mettre sa santé gravement en danger, les pouvoirs publics se refusant toujours à délivrer une information pourtant légitime.

Dans cet unique souci de transparence et de sécurité pour les consommateurs, le Gouvernement envisage-t-il de rendre enfin obligatoire l'indication du mode d'abattage, afin que nos compatriotes disposent de l'information nécessaire lors de leurs achats ? (M. Stéphane Ravier applaudit.)

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Réponse du Ministère de l'agriculture et de l'alimentation publiée le 31/10/2018

Réponse apportée en séance publique le 30/10/2018

M. Didier Guillaume, ministre de l'agriculture et de l'alimentation. Madame la sénatrice, je constate que votre question n'est absolument pas polémique, mais seulement inspirée par le souci de la santé de nos concitoyens, que nous partageons tous… (Sourires.)

Pour autant, j'ai cru comprendre que vous visiez particulièrement une certaine forme d'abattage rituel, une certaine catégorie de population, voire une certaine religion… Je ne peux que vous rassurer : les abattoirs sont surveillés par les services de l'État, notamment durant les périodes d'abattage rituel lorsque des abattoirs peuvent être ouverts pour répondre à la demande. L'État effectue des contrôles, c'est une réalité.

Vous dites qu'il y a de plus en plus d'infections liées à ce type d'abattage, mais je ne dispose d'aucune donnée sur cette question. Je pense toutefois que vos propos versent quelque peu dans l'exagération : les services de l'État sont au contact de tous les abattoirs et effectuent toujours plus de contrôles.

Nous prenons beaucoup de mesures pour assurer la sécurité sanitaire des abattoirs. La loi pour l'équilibre des relations commerciales dans le secteur agricole et alimentaire et une alimentation saine, durable et accessible à tous répond à ce souci et prévoit de nombreux contrôles inopinés, réguliers et approfondis. Jamais les abattoirs n'ont été autant contrôlés.

M. Alain Fouché. Pas suffisamment !

M. Didier Guillaume, ministre. Si le moindre abus venait à être constaté, madame la sénatrice, soyez assurée que le Gouvernement prendrait immédiatement les mesures nécessaires. (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche.)

M. le président. La parole est à Mme Claudine Kauffmann, pour la réplique.

Mme Claudine Kauffmann. Je m'attendais à ce genre de réponse.

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