Question de M. LAGOURGUE Jean-Louis (La Réunion - Les Indépendants) publiée le 23/11/2018

Question posée en séance publique le 22/11/2018

M. Jean-Louis Lagourgue. Ma question s'adresse à M. le Premier ministre.

Malgré l'instauration d'un couvre-feu, l'île de la Réunion reste encore aujourd'hui le théâtre d'une flambée de violences urbaines. De nombreux services publics, entreprises et commerces sont bloqués ou inaccessibles.

J'ai entendu le message du Président de la République hier soir, mais la répression ne doit, en aucune manière, être la seule réponse apportée par le Gouvernement !

Ces violences sont révélatrices d'une crise bien plus profonde de la société réunionnaise. Le taux de chômage est de 30 % à La Réunion, de 58 % chez les jeunes de moins de 25 ans. Le coût de la vie y est élevé et supérieur de 20 % à celui de la métropole. Au total, 42 % de la population vit au-dessous du seuil de pauvreté. Par ailleurs, la dépendance alimentaire est forte. Enfin, on constate de nombreux retards d'investissement, notamment dans le secteur touristique.

Des mesures fortes doivent être prises immédiatement.

Le gel de la taxe sur le carburant décidé par la région de la Réunion est une première réponse, mais l'État doit aussi agir et la compléter.

Contrairement à ce que propose le Gouvernement dans son projet de budget pour 2019, il faut préserver les incitations fiscales en faveur des territoires ultramarins. L'abattement fiscal pour les populations d'outre-mer et la TVA non perçue récupérable ont des effets sociaux et économiques positifs. Il faut aussi soutenir les entreprises et revoir les seuils retenus pour le calcul des exonérations prévues dans le cadre de la réforme des aides économiques.

Ces mesures sont non pas des avantages indus, mais une nécessité ! Elles sont le reflet des sujétions et des spécificités de l'outre-mer. Les supprimer n'efface aucunement les inégalités !

Il faut aujourd'hui, plus que jamais, soutenir la société réunionnaise et apporter des solutions urgentes et spécifiques…


M. le président. Posez votre question !


M. Jean-Louis Lagourgue. … aux habitants des territoires ultramarins,…


M. le président. Votre temps de parole est dépassé, cher collègue !


M. Jean-Louis Lagourgue. … notamment aux populations les plus fragiles.


M. le président. Quelle est votre question ?


M. Jean-Louis Lagourgue. Monsieur le Premier ministre, que comptez-vous faire dans l'immédiat pour permettre à La Réunion de sortir de cette crise et, à long terme, pour lui donner les moyens de faire face aux difficultés économiques et sociales qu'elle rencontre ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Indépendants – République et Territoires et sur des travées du groupe Union Centriste. – Mme Vivette Lopez applaudit également.)

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Réponse du Ministère des outre-mer publiée le 23/11/2018

Réponse apportée en séance publique le 22/11/2018

Mme Annick Girardin, ministre des outre-mer. Monsieur le sénateur Lagourgue, La Réunion, vous l'avez dit, connaît depuis samedi soir un climat de tension extrême. Des actes graves ont été commis contre des dépositaires de l'ordre public. Nous estimons tous ici que c'est intolérable.

En matière de sécurité, nous apportons une réponse juste et mesurée. Près de 110 casseurs ont été interpellés. Certains ont été lourdement condamnés en comparution immédiate. Je le redis ici, des actes intolérables ont été commis et ils devront être punis.

Des moyens considérables sont mobilisés pour maintenir l'ordre. J'en appelle au respect de nos valeurs républicaines. Des opérations de déblocage sont en cours. Elles vont se poursuivre, avec fermeté, pour libérer les commerces et permettre la circulation.

Au-delà de cette réponse immédiate et nécessaire, vous avez raison, monsieur le sénateur : il faut entendre le profond malaise des Réunionnais. Même si la situation n'est pas récente, je ne vais pas ici me dérober. Les assises de l'outre-mer ont permis pendant un an à chaque citoyen, notamment à ceux qui ne s'exprimaient plus depuis très longtemps, de prendre la parole.

Les Réunionnais ont peur pour leur avenir. Ils ont peur pour leurs enfants. Ils souhaitent effectivement que l'État les accompagne, avec l'ensemble des élus, pour construire un meilleur territoire.

Nous devons collectivement leur apporter une réponse. Nous avons pris nos responsabilités, proposé des actions concrètes dans le Livre bleu outre-mer, lesquelles seront mises en œuvre dès 2019. Notre mission à tous est de permettre aux Réunionnais de retrouver confiance : confiance en leur territoire, confiance en leurs institutions, confiance en leur avenir. (Applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche.)

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