Question de M. MENONVILLE Franck (Meuse - RDSE) publiée le 01/02/2019

Question posée en séance publique le 31/01/2019

M. Franck Menonville. Ma question s'adresse à M. le ministre de l'agriculture et de l'alimentation. Elle porte sur la peste porcine africaine.

Maladie hémorragique virale strictement animale, la peste porcine africaine est apparue en Europe de l'Est voilà cinq ans. Elle a peu à peu progressé vers l'ouest du continent, pour atteindre la Belgique le 13 septembre dernier. Neuf pays de l'Union européenne sont déjà concernés. Deux nouveaux cas ont été détectés en Belgique le 14 janvier dernier, à moins de deux kilomètres de la frontière française.

Non transmissible à l'homme – il faut le rappeler –, la maladie se révèle toutefois extrêmement contagieuse pour les porcins et les sangliers. Les risques d'une entrée en France du virus sont considérables, tout d'abord pour notre agriculture, en particulier la filière porcine. En effet, outre les risques sanitaires et de mortalité, le marché de l'exportation se fermerait, ce qui entraînerait l'anéantissement de leurs débouchés pour les producteurs. L'industrie agroalimentaire ne serait sans doute pas épargnée non plus.

Par ailleurs, un fort risque pèse également sur la biodiversité, l'activité forestière et l'économie cynégétique.

Vous avez pris des mesures de prévention, monsieur le ministre, dont la mise en place d'une zone blanche où sont éradiqués tous les sangliers, principaux vecteurs de la propagation de la maladie. Je tiens d'ailleurs à saluer la forte mobilisation des chasseurs.

Monsieur le ministre, la France est-elle toujours indemne ? Quelles mesures entendez-vous prendre à moyen et long termes pour lutter contre ce fléau ? Comment comptez-vous accompagner et protéger nos éleveurs ? Enfin, comment s'articule la coordination avec les autorités belges ? (Applaudissements sur les travées du groupe du Rassemblement Démocratique et Social Européen.)

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Réponse du Ministère de l'agriculture et de l'alimentation publiée le 01/02/2019

Réponse apportée en séance publique le 31/01/2019

M. Didier Guillaume, ministre de l'agriculture et de l'alimentation. Je salue votre implication, monsieur le sénateur Menonville, pour essayer de régler ce problème, ainsi que celle de MM. Benoît Huré, Gérard Longuet et Marc Laménie, avec qui nous travaillons étroitement et avons déjà tenu plusieurs réunions sur le terrain.

La situation est très préoccupante. Pour l'instant, la France est indemne. Comme vous l'avez rappelé, cette maladie n'est pas transmissible à l'homme, mais elle représente une grave menace pour tous nos élevages porcins. En effet, si un cas de peste porcine africaine était découvert en France, dès le lendemain, plus aucun porc ne pourrait être exporté et, comme il n'y a pas de régionalisation, il faudrait vraisemblablement faire disparaître la plupart des élevages porcins français.

Nous travaillons étroitement avec la Belgique. Depuis le 8 janvier, date à laquelle deux sangliers atteints par la maladie ont été tués à proximité de la frontière, nous avons rehaussé le niveau de biosécurité des élevages ainsi que le niveau de sécurité de notre pays, et mis en place, avec les autorités belges, une task force qui se réunit toutes les quarante-huit heures. Nous avons enfin pris la décision d'instaurer un vide sanitaire de 43 kilomètres de long et de 6 kilomètres de large, à l'intérieur duquel tous les sangliers doivent être abattus.

Je tiens à remercier l'ensemble des services de l'État, les préfets, la direction régionale de l'agriculture et de la forêt, l'Office national de la chasse et de la faune sauvage, les chasseurs, Inaporc et la Fédération nationale porcine. La mobilisation générale est décrétée. Il faut maintenant gagner la bataille, et pour cela éradiquer toute présence de sangliers dans cette zone, qui doit devenir une zone totalement blanche.

Le Premier ministre a autorisé l'armée à nous aider. De trente à cinquante militaires participent chaque jour à la pose des pièges et à l'enlèvement des cadavres. Quelque 900 personnes organisent des battues régulières. Nous avons déjà tué entre 200 et 250 sangliers, mais il faut aller plus loin.

Mesdames, messieurs les sénateurs, s'il y a parmi vous des chasseurs de sangliers, qu'ils se fassent connaître, ils seront les bienvenus ! (Sourires et applaudissements sur les travées du groupe La République En Marche et sur des travées du groupe du groupe Les Républicains.)

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