Question de M. SOL Jean (Pyrénées-Orientales - Les Républicains) publiée le 16/01/2020

M. Jean Sol attire l'attention de M. le secrétaire d'État, auprès de la ministre de la transition écologique et solidaire, chargé des transports sur l'isolement bien réel et extrêmement pénalisant dont souffrent les Pyrénées-Orientales. En 2020, alors que le Gouvernement ne cesse de clamer sa volonté de désenclaver les régions les plus éloignées de la capitale, ce département est toujours « l'éternel oublié » de la politique d'aménagement des territoires.
Les faits sont là : les Pyrénées-Orientales et leur ville-centre, Perpignan, sont encore à plus de 5 heures de Paris en train, par manque de ligne de train à grande vitesse (TGV) continue ; la compagnie Hop envisage de diminuer ses vols pourtant déjà très restreints – alors que c'est déjà la ligne la plus chère de France pour les usagers - ; le projet de sécurisation de la route nationale (RN) 116 s'éternise, sans oublier les inquiétudes persistantes quant au maintien de la ligne de Fret Rungis-Perpignan et celles sur les trains de nuit, utilisés par 23 % de professionnels et qui participent à la fluidification des échanges économiques entre la région parisienne et le département des Pyrénées-Orientales. À ce propos, il serait bon que ce train de nuit continue à partir de Portbou et non pas de Cerbère pour capter les usagers de Catalogne en n'ajoutant qu'1 km de parcours à ce dernier.


Il lui demande s'il croit sérieusement que, dans un département où les entreprises et commerces vivent principalement des retombées économiques du tourisme, de l'agriculture et de la viticulture, et où le taux de chômage est l'un des plus forts de France, il est possible de sortir de la crise avec du covoiturage.
Devant ce manque de considération qui perdure et cette absence de réponses concrètes de la part du Gouvernement, les habitants des Pyrénées-Orientales se demandent parfois s'ils sont vraiment traités comme des citoyens français !
Ce sentiment est d'autant plus prégnant que l'Espagne n'a jamais été aussi accessible par le développement de la ligne directe à grande vitesse Madrid-Barcelone-Figueras, alors que notre territoire demeure toujours aussi éloigné de Paris par l'absence de TGV entre Montpellier et Perpignan.
Un malaise profond est en train de grandir et de s'enraciner. Seules des décisions fortes et rapides concernant nos infrastructures aériennes, ferroviaires et routières, permettront d'endiguer ce sentiment légitime d'isolement, qui engendre toujours plus de récession économique et de précarité sociale. Il lui demande quand les promesses de désenclavement des Pyrénées-Orientales seront enfin tenues.
Il la remercie.

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Réponse du Secrétariat d'État auprès de la ministre de la transition écologique et solidaire publiée le 19/02/2020

Réponse apportée en séance publique le 18/02/2020

M. Jean Sol. Madame la secrétaire d'État, ma question concerne l'isolement bien réel et extrêmement pénalisant dont souffrent les Pyrénées-Orientales, que je représente ici avec mon collègue François Calvet. En 2020, alors que votre gouvernement ne cesse de clamer l'égalité des territoires et sa volonté de désenclaver les régions les plus éloignées de la capitale, notre département est toujours l'éternel oublié de votre politique d'aménagement des territoires.

Les faits sont là : les Pyrénées-Orientales et leur ville-centre, Perpignan, sont encore à plus de cinq heures de Paris en train, par manque de lignes TGV continues. La compagnie Hop diminue ses vols, au nombre pourtant très restreint, alors que c'est déjà la ligne la plus chère en France pour les usagers. La réouverture de la RN 116 tarde et les travaux de sécurisation s'éternisent, alors qu'il y a urgence, depuis que la tempête Gloria – vous le savez, madame la secrétaire d'État, puisque vous êtes venue dans notre département – a mis dramatiquement en péril toute l'activité économique et touristique de la Cerdagne et du Capcir.

Ce sont 1 500 entreprises et 30 000 habitants qui se trouvent aujourd'hui isolés dans la montagne. Et que dire des inquiétudes persistantes quant au maintien de la ligne de fret Rungis-Perpignan et des trains de nuit utilisés par 23 % de professionnels, qui participent à la fluidification des échanges économiques entre la région parisienne et notre département ?

Croyez-vous sérieusement que, dans un département où nos communes, nos stations, nos entreprises et nos commerces vivent principalement des retombées économiques du tourisme, de l'agriculture et de la viticulture, et où le taux de chômage est l'un des plus forts de France, nous pourrons raisonnablement sortir de la crise avec du covoiturage ?

Devant ce manque de considération qui perdure et cette absence de réponse concrète, les habitants des Pyrénées-Orientales se demandent parfois s'ils sont traités comme de véritables citoyens français. Ce sentiment est d'autant plus prégnant que l'Espagne n'a jamais été aussi accessible par le développement de la ligne directe à grande vitesse Madrid-Barcelone-Figueras, alors que notre territoire demeure toujours aussi éloigné de Paris, notre capitale, par l'absence de TGV entre Montpellier et Perpignan.

Un malaise profond est en train de grandir et de s'enraciner. Seules des décisions fortes et rapides concernant des infrastructures aériennes, ferroviaires et routières, à commencer par la RN 116 dont la réouverture constitue une urgence, permettront d'endiguer ce sentiment légitime d'isolement, qui engendre toujours plus de récession économique et de précarité sociale.

Madame la secrétaire d'État, je vous le demande : quand les promesses de désenclavement de notre territoire seront-elles enfin tenues ?

Mme la présidente. La parole est à Mme la secrétaire d'État.

Mme Brune Poirson, secrétaire d'État auprès de la ministre de la transition écologique et solidaire. Monsieur le sénateur, votre question est un cri d'alerte que j'entends pleinement. Comme vous le savez, l'État est engagé dans de nombreux projets partout en France, mais tout particulièrement dans cette région, aux côtés des acteurs des Pyrénées-Orientales.

Le train de nuit reliant Paris à la côte Vermeille a bien son terminus à Portbou, dans le sens nord-sud. En revanche, l'entretien des wagons ne peut se faire qu'à Cerbère, où sont réunis les installations et les effectifs nécessaires au nettoyage et au changement de literie. Cette logistique importante pour le train de nuit implique ainsi une remontée depuis Cerbère pour rejoindre Paris la nuit suivante.

La ligne nouvelle Perpignan-Montpellier ne fait pas débat. Elle est inscrite dans la loi d'orientation des mobilités (LOM) avec un calendrier de réalisation crédible, opérationnellement et budgétairement.

Nous avançons ! Jean-Baptiste Djebbari, secrétaire d'État chargé des transports, a ainsi proposé à la présidente du conseil régional d'Occitanie de présider aux côtés du préfet de région le prochain comité de pilotage. La dynamique partenariale du projet sera renforcée.

La LOM comporte aussi un objectif d'investissements élevés sur les itinéraires de désenclavement, notamment la RN 116. Des études d'aménagements de sécurité entre Ille-sur-Têt et Prades, pour un coût estimé à 30 millions d'euros, sont conduites. Le bilan de la concertation organisée en 2019 est en cours de finalisation et je vous confirme l'objectif de lancer l'enquête publique de la déviation de Marquixanes au début de l'année 2021.

Enfin, contrairement à ce que vous affirmez, monsieur le sénateur, le covoiturage peut être une solution concrète. Par exemple, le territoire du parc naturel régional des Pyrénées catalanes a mis en place un programme de mobilité partagée en 2016 pour améliorer les déplacements transfrontaliers au passage de Bourg-Madame et Puigcerdà.

Avec la démarche France Mobilités, 22 territoires ont choisi de renforcer le covoiturage. Celui-ci constitue désormais une solution de substitution simple et crédible à la voiture individuelle pour des déplacements du quotidien.

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