Question de M. BONNECARRÈRE Philippe (Tarn - UC) publiée le 09/01/2020

Question posée en séance publique le 08/01/2020

M. Philippe Bonnecarrère. Ma question s'adresse à Mme la secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargée des affaires européennes.

Madame la secrétaire d'État, abattre le chef militaire d'un pays souverain, l'Iran, sur le territoire d'un autre pays souverain, l'Irak, n'a pas été une mince décision. Attiser les nationalismes iraniens ou irakiens ne l'est pas plus, quand grondent les crises, toutes interconnectées, du Liban à la Syrie, de l'Irak au Yémen ou encore du détroit d'Ormuz à l'Afghanistan.

Madame la secrétaire d'État, quelle est l'analyse du Gouvernement sur les frappes de cette nuit ? Quelles sont les priorités de la France ? Quelles sont celles de l'Europe ? Notre pays peut-il contribuer à la désescalade, voire à la médiation ? Comment pouvons-nous poursuivre la lutte contre l'État islamique et éviter que les braises ne se rallument ? (Applaudissements sur les travées du groupe UC.)


Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargé des affaires européennes publiée le 09/01/2020

Réponse apportée en séance publique le 08/01/2020

M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d'État chargée des affaires européennes.

Mme Amélie de Montchalin, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargée des affaires européennes. Monsieur le sénateur, permettez-moi tout d'abord d'excuser Jean-Yves Le Drian, actuellement en Égypte pour continuer à œuvrer à la sécurité et à la stabilité régionales, en coordination avec nos partenaires européens.

Il y a aujourd'hui une situation de crise grave qui concerne directement la sécurité des Français. Le ministre de l'Europe et des affaires étrangères l'a dit ce matin : nous condamnons les attaques conduites cette nuit par l'Iran en Irak contre des emprises de la coalition contre Daech. Je le rappelle : cette coalition contre Daech existe depuis 2014. Elle réunit plus de 70 pays et organisations internationales. Elle a été installée à la demande des autorités irakiennes, pour combattre Daech en Irak et en Syrie. Elle a eu des résultats importants, notamment la fin du califat territorial au mois de mars 2019, mais nous savons que cette menace peut resurgir.

Notre priorité aujourd'hui, plus que jamais, c'est bien la désescalade, parce que ce cycle de violences doit s'interrompre. La France est en contact avec l'ensemble des parties concernées : plus de vingt chefs d'État et ministres des affaires étrangères, des États-Unis, de la Chine, de la Russie, de l'Arabie saoudite, des Émirats arabes unis, de l'Inde, de l'Allemagne, de l'Italie, du Royaume-Uni, de l'Union européenne en tant que telle, bien sûr, du Danemark ou encore de l'Irak, ont été contactés par Jean-Yves Le Drian ou le Président de la République dans les derniers jours. Nous avons, avec toutes ces parties concernées, pu œuvrer à encourager la retenue et la responsabilité, des consultations ayant eu lieu hier à Bruxelles. Vendredi prochain se tiendra un Conseil des affaires étrangères extraordinaire.

Notre vision est partagée, car personne n'a aujourd'hui intérêt à un conflit. Nous devons, plus que jamais, combattre Daech encore et toujours. Nous devons d'abord protéger nos ressortissants. Nous devons ensuite poursuivre cette lutte contre Daech. Nous devons enfin éviter une crise de prolifération nucléaire, c'est notre troisième priorité. C'est pourquoi nous parlons à tout le monde et appelons toutes les parties à la retenue. (Applaudissements sur les travées du groupe LaREM.)

M. le président. La parole est à M. Philippe Bonnecarrère, pour la réplique.

M. Philippe Bonnecarrère. Madame la secrétaire d'État, au risque de paraître un peu solennel, je formulerai trois remarques.

Premièrement, la crise au Moyen-Orient nous interpelle dans notre souveraineté française, comme dans notre souveraineté européenne. Pour moi, ce sont les mêmes sujets.

Deuxièmement, nous devons garder le cap de la lutte contre le terrorisme, que cela soit ici, au bas de l'immeuble ou au coin du parc, comme nous l'avons entendu voilà quelques secondes, ou, bien entendu, au Moyen-Orient.

Troisièmement, ne nous y trompons pas : la décision d'abattre le général Soleimani était une décision électorale, de politique intérieure américaine. Au risque d'être un peu solennel, je rappelle que nous n'avons pas, me semble-t-il, à être les supplétifs des États-Unis, ni aujourd'hui ni demain. (Très bien ! et applaudissements sur les travées du groupe UC.)

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