Question de M. ALLIZARD Pascal (Calvados - Les Républicains) publiée le 09/01/2020

Question posée en séance publique le 08/01/2020

M. Pascal Allizard. Monsieur le président, madame la secrétaire d'État, mes chers collègues, depuis plusieurs mois, la tension monte entre l'Iran et les États-Unis : discours défiant la communauté internationale, violation des traités internationaux, tweets vindicatifs autant qu'irresponsables… Nous assistons, je le crois, à l'agonie de la diplomatie internationale, face à une politique unilatérale américaine quelque peu caractérisée par le « coup de menton », si je puis dire, sur les réseaux sociaux. Cette politique conduit à une impasse, comme l'illustre l'exemple de la Corée du Nord, qui poursuit ses programmes militaires.

Certes inquiets du contexte économique et social de notre pays, les Français n'en sont pas moins préoccupés par les questions internationales. Qu'il s'agisse des incendies en Amazonie et en Australie ou de l'intensification du programme nucléaire iranien, nos citoyens sont concernés.

Avec l'élimination du général Soleimani par une frappe américaine, puis la riposte de Téhéran sur deux bases où sont stationnés des soldats américains en Irak, la région est plongée dans une escalade des plus dangereuses.

La crise iranienne n'est que l'un des volets d'une situation générale profondément dégradée au Proche-Orient et au Moyen-Orient, sur laquelle nous avons finalement peu de prise.

Pourtant, jadis, la voix de la France portait et influait sur le cours des événements. La crise syrienne a montré que tel n'était plus le cas.

Dès lors, madame la secrétaire d'État, comment comptez-vous ramener la diplomatie française et européenne dans le jeu ? Alors que le président américain a tweeté, voilà quelques minutes, « avoir l'armée la plus puissante et la mieux équipée du monde », menace qu'il avait déjà servie aux Nord-Coréens, pour le résultat que l'on connaît, il est primordial que la France mobilise ses partenaires européens et les alliés pour parvenir à la désescalade.

Comment entendez-vous assurer la stabilité régionale, de même que la sécurité des militaires français encore engagés dans la lutte contre Daech et la formation des forces irakiennes, qui est l'une des clés de la stabilisation de l'État irakien ? (Applaudissements sur les travées du groupe Les Républicains.)


Réponse du Secrétariat d'État auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargé des affaires européennes publiée le 09/01/2020

Réponse apportée en séance publique le 08/01/2020

M. le président. La parole est à Mme la secrétaire d'État chargée des affaires européennes.

Mme Amélie de Montchalin, secrétaire d'État auprès du ministre de l'Europe et des affaires étrangères, chargée des affaires européennes. Monsieur le sénateur Pascal Allizard, comme vous le dites avec raison, notre priorité est bien la sécurité de nos ressortissants et de nos militaires. Nous avons pris des mesures de vigilance renforcée dès vendredi dernier et de nouveau hier, s'agissant en particulier de l'Iran et l'Irak.

Vous m'interrogez sur les efforts que Jean-Yves Le Drian entreprend, avec le Président de la République et tout le Gouvernement, pour assurer la sécurité et la stabilité régionale, notamment au niveau européen.

Hier se sont tenues, à Bruxelles, des réunions associant le Royaume-Uni, l'Italie, l'Allemagne et la France, autour du Haut Représentant de l'Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, Josep Borrell, qui ont concerné les questions iranienne et irakienne, bien sûr, mais aussi le sujet libyen, qui, nous le savons, est lui aussi inquiétant.

Aujourd'hui, un collège spécial des commissaires européens se réunissait autour de Josep Borrell et d'Ursula von der Leyen pour aborder également cette question. Josep Borrell a convoqué un Conseil des affaires étrangères extraordinaire, qui se réunira dès ce vendredi : là aussi, nous pourrons, en Européens, poser un diagnostic, regarder la situation et réfléchir à ce que nous pouvons dorénavant faire, notamment pour peser en faveur d'une désescalade.

Une médiation a été engagée sur la survie de l'accord de Vienne de 2015, le JCPoA. Des tentatives ont été entreprises à Biarritz, puis aux Nations unies. Dans tous ces moments, nous montrons que le multilatéralisme n'est pas un vain mot.

Notre présence aux tables de négociations, le fait que Jean-Yves Le Drian soit de nouveau présent en Égypte aujourd'hui pour échanger sur la stabilité régionale et sur celle du bassin méditerranéen oriental sont des preuves que nous sommes à la manœuvre.

Vingt pays partenaires ont été mobilisés par le Président de la République et par Jean-Yves Le Drian depuis vendredi. Tous les représentants de ces pays nous ont dit partager notre vision, vouloir la désescalade et n'avoir aucun intérêt au conflit. Notre action principale consiste donc à rappeler les priorités : la désescalade à court terme, la lutte contre Daech et le terrorisme, qui peut partout et toujours resurgir, et, enfin, la protection contre la prolifération nucléaire, autre enjeu sur lequel, vous le savez, nous sommes pleinement engagés.

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