Question de M. ROGER Gilbert (Seine-Saint-Denis - SOCR) publiée le 30/01/2020

M. Gilbert Roger attire l'attention de Mme la ministre de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation sur les difficultés rencontrées par les étudiants, notamment en Seine-Saint-Denis, pour trouver un contrat en alternance au sein d'une entreprise. De nombreux jeunes, en particulier après le bac, sont contraints de renoncer à leur projet d'études en alternance dans le supérieur, faute de trouver une entreprise pour les former et les rémunérer à temps partiel dans le cadre d'un contrat d'apprentissage ou de professionnalisation.
Trouver un contrat en alternance est un véritable « parcours du combattant » pour les jeunes de Seine-Saint-Denis, dont les parents ne disposent pas toujours du capital culturel et économique nécessaire pour les aider dans leur recherche de contrat, sans compter que les organismes de formation ne leur apportent aucun soutien non plus, bien que certains d'entre eux vantent dans leur plaquette promotionnelle l'aide à la recherche que permettrait leur gigantesque réseau… qui se révèle n'être qu'un « appât » à candidats pour remplir leur classe.
Aussi souhaiterait-il savoir quelles mesures pourraient être prises par le Gouvernement pour accueillir davantage de jeunes en alternance dans les entreprises.

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Transmise au Ministère du travail


Réponse du Ministère du travail publiée le 17/06/2020

Réponse apportée en séance publique le 16/06/2020

M. le président. La parole est à M. Gilbert Roger, auteur de la question n° 1105, transmise à Mme la ministre du travail.

M. Gilbert Roger. Madame la ministre, j'ai rédigé cette question voilà quelques mois, mais je pense qu'elle est toujours d'actualité, et même encore plus. Elle porte sur les difficultés rencontrées par les étudiants, notamment en Seine-Saint-Denis, pour trouver un contrat en alternance au sein d'une entreprise.

De nombreux jeunes, en particulier après le bac, sont contraints de renoncer à leur projet d'étude en alternance dans le supérieur, faute de trouver une entreprise pour les former et les rémunérer à temps partiel dans le cadre d'un contrat d'apprentissage ou de professionnalisation.

Trouver un contrat en alternance est un véritable parcours du combattant pour ces jeunes, dont les parents ne disposent pas toujours du capital culturel et économique nécessaire pour les aider dans leur recherche. Sans compter que les organismes de formation ne leur apportent aucun soutien, bien que certains vantent dans leur plaquette promotionnelle l'aide à la recherche que permettrait leur gigantesque réseau – en réalité, un simple appât pour remplir les classes…

Dès lors, quelles mesures le Gouvernement pourrait-il prendre pour qu'un plus grand nombre de jeunes soient accueillis en alternance dans les entreprises ?

M. le président. La parole est à Mme la ministre du travail.

Mme Muriel Pénicaud, ministre du travail. Monsieur le sénateur Gilbert Roger, je souscris à votre intention : l'apprentissage est une voie d'excellence, l'alternance est vraiment le pied à l'étrier vers l'emploi et la qualification pour les jeunes !

On constate que les jeunes de la Seine-Saint-Denis et, de façon générale, des quartiers prioritaires de la politique de la ville ont deux fois moins accès que les autres à l'apprentissage : ils ne trouvent pas d'entreprise, pas de maître d'apprentissage, parce qu'ils ont moins de réseau professionnel et que leurs parents ne peuvent pas toujours les aider. C'est à l'action publique de lutter contre cette moindre chance, de donner à ces jeunes les mêmes chances qu'aux autres de trouver un apprentissage.

D'abord, dans le cadre de la réforme de l'apprentissage, j'ai renforcé la mission des centres de formation d'apprentis (CFA) dans le domaine de l'accompagnement des jeunes pour trouver un employeur. Désormais, ces centres peuvent les accueillir pendant trois ou six mois pour les aider dans leur recherche. Pas plus tard qu'il y a quelques jours, j'ai visité à Rouen un centre de formation d'apprentis, accueillant de nombreux jeunes des quartiers prioritaires : on leur fait faire des stages en immersion et rencontrer des employeurs, on leur apprend les codes de l'entreprise, la rédaction d'un CV et la manière de passer un entretien d'embauche, toutes choses efficaces.

Ensuite, les CFA doivent aider les jeunes aussi à résoudre des difficultés d'ordre matériel ou social, par exemple en matière de logement ou de transport. Depuis la réforme, nous finançons dans le coût contrat des développeurs de l'apprentissage, chargés dans chaque CFA de mettre en relation les jeunes qui cherchent une entreprise et les entreprises qui cherchent un jeune.

En outre, nous avons mis en place des soutiens aux associations assurant cette mise en relation ; je pense aux Entretiens de l'excellence et à Un avenir ensemble, des associations habilitées à percevoir la taxe d'apprentissage et à accompagner les jeunes issus des familles les plus modestes.

Par ailleurs, nous avons mobilisé le réseau « La France une chance. Les entreprises s'engagent ! » : dans ce cadre, 7 000 entreprises prêtes à s'engager dans une approche inclusive peuvent tendre la main aux jeunes et faciliter leur recherche.

Enfin, avec le ministre de l'éducation nationale et la ministre de l'enseignement supérieur, j'ai mis sur pied une plateforme, qui ouvrira dans quelques jours, regroupant les souhaits de tous les jeunes sur Affelnet et Parcoursup vers l'apprentissage. Je demanderai aux préfets de réunir chaque mois toutes les organisations professionnelles, tous les partenaires sociaux et tous les acteurs de l'éducation nationale pour identifier les jeunes qui n'ont pas encore trouvé d'employeur et les aider de manière très concrète sur le terrain.

Oui, l'alternance est une voie d'excellence, une voie d'avenir : c'est pourquoi tous les jeunes doivent y avoir également accès !

M. le président. La parole est à M. Gilbert Roger, pour la réplique.

M. Gilbert Roger. Je vous remercie, madame la ministre.

Peut-être aurais-je pu formuler un peu différemment ma question, mais je visais les étudiants post-bac. Alors que les entreprises veulent souvent des master 2, les écoles de commerce, d'ingénieur ou de mécatronique – je pense à des jeunes que j'essaie d'aider – demandent aux jeunes d'être déjà quasiment formés : faute d'alternance, leur inscription n'est pas maintenue dans ces fameuses écoles de commerce, qui ont des jolies plaquettes mais offrent en réalité peu de services en matière de mise en relation.

Peut-être faudrait-il réserver les plans de formation en alternance au master 2, les premières années devant se faire uniquement au sein de l'école de commerce ? C'est un exemple. En tout cas, il faut améliorer cette situation !

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